samedi 24 décembre 2011

25.000 logements publics bruxellois en 3.600 jours (lettre bimestrielle, numéro 14). Novembre-décembre 2011.

Les accords gouvernementaux régionaux bruxellois du 12 juillet 2009 prévoient une augmentation radicale du nombre de logements publics par "une norme à atteindre dans les 10 années à venir de 15% de logements de qualité à gestion publique et à finalité sociale".

Cette lettre bimestrielle a pour objectif d'être un aiguillon pour favoriser une réalisation optimale des objectifs. Actuellement, environ 37.000 ménages sont sur les listes d'attente du logement social bruxellois.

Ceci constitue un besoin d'autant plus important que, selon les statistiques disponibles (document de Bruxelles-Environnement citant en page 73 des données d'autres organismes), le nombre de logements sociaux en région bruxelloise de décembre 2003 à décembre 2008 n'a pas augmenté, mais a diminué passant de 39.100 à 38.526.

Le calcul du nombre réel de logements à créer varie énormément selon les estimations (voir lettre de novembre 2010). La présente lettre se base sur un nombre de 25.000 logements. Dans ce nombre, il a été tenu compte des logements mis à disposition par les agences immobilières sociales (A.I.S.) même s'il ne s'agit pas au sens strict de logements à gestion publique. Par contre, il n'a pas été tenu compte des prêts de logement, car ils concernent des immeubles à gestion totalement privée.

La construction de quelques centaines de logements se termine. 316 logements sont achevés à Ixelles et 200 logements à Anderlecht. Ces 516 logements constituent, jusqu’à présent, l'avancée la plus importante de la législature en termes de création de logements à vocation sociale. Pour la première fois depuis fort longtemps, au cours des deux derniers mois, le nombre de logements publics mis à la disposition de personnes en difficulté a été égal ou supérieur au nombre de nouveaux demandeurs durant la même période. C'est donc une très bonne nouvelle sociale bruxelloise.

Par contre, malheureusement, les nouveaux chantiers actuels sont encore trop peu nombreux pour pouvoir assurer l'indispensable progression nécessaire pour répondre aux besoins. Pour que l'objectif décennal régional puisse être réalisé, un changement radical sera nécessaire vu la croissance rapide de la population bruxelloise. Donc, l'objectif de 15 % de logements publics suppose un nombre de plus en plus élevé de logements à créer. Une des pistes de solution envisagées est que les promoteurs privés mettent à disposition des opérateurs publics certains de leurs nouveaux logements. Ce mécanisme permettrait également plus de mixité sociale. Le temps presse. Pour avoir une efficacité dans un délai utile, il y aurait lieu de prévoir que des règles nouvelles à ce sujet s'appliquent aussi aux projets déjà en cours. A ce jour, aucune modification législative n'a encore, semble-t-il, été adoptée ou envisagée.

Dans les accords figure également le principe de la réaffectation de bureaux vides et de la transformation d'immeubles à l'abandon en logements à vocation sociale. Rien de concret n'a encore été réalisé jusqu’à présent alors que l'accord mentionnait explicitement le court, moyen et long terme. Cependant, des projets de transformation de bureaux en logements sont en cours de subsidiation. D'après le cabinet du Secrétaire d’État Christos Doulkeridis, 450 logements sont concernés, mais la date de finalisation des travaux est encore inconnue.

Ci-dessous, seuls les logements effectivement mis à disposition sont comptabilisés: les chantiers, projets en cours de marché public,... ne sont pas repris.

État de la réalisation des 25.000 logements en 3.600 jours (connu au 15 décembre 2011) (ce mode de calcul ne prend pas en compte les prêts sociaux):

Nombre total de logements publics nouveaux réellement créés: aux alentours de 2.000. Composé comme suit:
  • Nombre de logements publics nouveaux construits depuis le début de la législature dans le cadre du plan dit des 5000 logements: 902
  • Nombre de logements publics créés à partir de bureaux transformés: 0
  • Nombre de logements publics créés à partir de logements et autres immeubles abandonnés: 0
  • Nombre de logements publics créés par d'autres moyens (acquisitions, locations, contrats de quartier...): non connu avec précision, peut-être aux alentours de 550
  • Nombre de logements privés mis à disposition par les A.I.S.: non connu avec précision, probablement aux alentours de 700
  • (-) Suppressions de logements publics (acquisition par les locataires, destructions, transformation-rénovation de petits logements en logements plus grands mais moins nombreux...): non connu avec précision, probablement aux alentours de 100
  • Temps écoulé : 28 mois depuis les accords politiques (29 mois depuis le début de la législature)
  • Temps restant pour achever la mise à disposition des logements : 91 mois
  • Nombre total de logements publics qui, logiquement, auraient dû être créés durant le temps écoulé (sur la base de la mise à disposition de 200 logements par mois): 5.800
  • Somme minimale économisée par les autorités régionales ou locales bruxelloises aux dépens des personnes qui occuperaient les logements sur base d'un coût de 105.000 € par logement: environ 400 millions d'euros

Informations complémentaires:

- Le texte de l'accord de gouvernement 2009-2014 du 12 juillet 2009 est accessible à la page http://www.parlbruparl.irisnet.be/images/imgparl/accords2009/accordsfr.pdf.

- Un site officiel http://www.planlogement.be avait été réalisé par le Secrétariat d’État bruxellois au Logement et à l'Urbanisme durant la législature précédente. Le contenu de ce site a été supprimé et le nom de domaine est aujourd'hui en vente.

Si vous communiquez des informations pertinentes, elles seront diffusées dans la prochaine lettre.

Didier Coeurnelle, conseiller communal à Molenbeek-Saint-Jean

Source de l'image: immeuble Mirador, Madrid

mercredi 21 décembre 2011

La mort de la mort. Numéro 32. Novembre 2011.

Les études sur le vieillissement n’ont jamais été aussi dynamiques. On sait déjà multiplier par quinze l’espérance de vie d’un ver. Quelles perspectives pour l’homme? Le Monde, samedi 12 novembre 2011, supplément sciences et techniques.



Thème du mois : perception des progrès technologiques par les citoyens

Ce n'est pas du jour au lendemain que cette affection incurable qu'est le vieillissement humain se transformera en une maladie seulement mortelle si elle n'est pas soignée. Même si les progrès scientifiques continuent sans faiblir, des millions d'heures de recherche, des milliards d'euros d'investissement et des années de travail seront nécessaires.

Mais dans la perception des citoyens et même des spécialistes, certaines étapes médicales frappent plus les esprits que d'autres.

Il en alla ainsi, en décembre 1967, de la première transplantation cardiaque. C'était aussi le cas il y a déjà plus d'une décennie, du déchiffrement complet de l'ADN. Il pourrait en être ainsi de la découverte - encore à confirmer cependant - par Jean-Marc Lemaitre et son équipe de l'Institut français de génomique fonctionnelle sur la "reprogrammation" de cellules de centenaires (voir aussi ci-dessous, la bonne nouvelle du mois).

Souvent, le changement de perception est cependant progressif. Petit à petit, les témoins de l'histoire que nous sommes tous en viendront à considérer ce qui pour eux était impossible comme un progrès scientifique possible à long terme.

Pour les citoyens européens ou américains qui ont plus de 50 ans, la première fois qu'ils ont lu que nous pourrions un jour téléphoner par un appareil dans notre poche, ils ont pensé à un transmetteur de science-fiction imaginé par les créateurs de Star Trek ou encore à un appareil tellement sophistique qu'il resterait accessible seulement à quelques milliardaires. Les plus imaginatifs se sont demandés si un tel réseau nouveau ne menacerait pas les droits des citoyens à la vie privée. Mais aucun n'a envisagé qu'ils auraient en moins de 20 ans pour un prix inférieur à un mois de salaire minimum un téléphone / montre / réveil matin / calculatrice / journal / télévision / ordinateur surpuissant capable de traduire du chinois vers le japonais un plan de la ville indiquant son positionnement précis.

Alors que le "téléphone intelligent" ne coûte plus que quelques centimes par heure en terme de communication, les mêmes citoyens, lorsqu'ils doivent attendre quelques minutes pour un accès à Wikipédia seront nombreux à se plaindre d'une atteinte à leurs droits à l'information. Même les craintes affirmées de certains environnementalistes par rapport aux ondes nocives n'empêchent pas l'immense majorité des concernés d'utiliser un téléphone mobile. Chez beaucoup, il y a plus une posture intellectuelle de prudence vis-à-vis du changement qu'une réelle conviction. De gauche à droite, du nord au sud, presque tout le monde utilise un portable.

Toute avancée technologique n'est cependant pas une avancée socialement souhaitable. Ainsi, dans le domaine militaire, les développements d'armes nucléaires miniaturisées, de drones (avions sans pilote) de plus en plus autonomes et performants et de logiciels d'intelligence artificielle capables de décider la mise à mort "d'adversaires" ne seront - heureusement - considérés par l'opinion publique au mieux que comme un mal nécessaire.

Mais pour les questions de longévité, il y a une autre attitude. Pour certains, il ne s'agit plus d'empêcher des adversaires de profiter mais d'interdire à des compatriotes de vivre plus longtemps "pour leur bien" parce que c'est "contre la nature", parce qu'ils s’ennuieraient,

Cette attitude de souhait de la mort de vieillissement est causée par de multiples éléments qui ne seront pas développés ici. Mais une raison fondamentale simple peut être synthétisée en une phrase : Tant que la mort de vieillissement est inévitable, la manière la plus efficace de ne plus la percevoir comme insoutenable, c'est de l'affirmer souhaitable".

Il y a moins de deux siècles, lorsque les enfants mouraient en masse en bas âge et que la vaccination fut inventée, des scientifiques s'opposèrent car la mort des enfants était naturelle et qu'il ne convenait pas de s'y opposer.

Aujourd'hui l'opinion publique considérerait très probablement comme criminelle une autorité réclamant le retour à une mortalité infantile de 30 %, même si c'était, par exemple au nom de la limitation de la population.

Après-demain, si les progrès médicaux se poursuivent, si des thérapies permettent de vivre beaucoup plus longtemps en bonne santé, l'opinion publique pourrait percevoir une attitude d'opposition avec, non pas de l'étonnement, mais bien de l'indignation. Les déclarations de quelques dirigeants religieux ou adeptes du "bon vieux temps" qui réclameront que les personnes âgées continuent à souffrir pourraient être considérées comme une remise en cause du droit le plus fondamental d'un être conscient : le droit à la vie. Vouloir que les personnes âgées souffrent de la maladie d'Alzheimer, d'ostéoporose, se dégradent progressivement allant péniblement, comme chantait Jacques Brel, "Du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit" pourrait devenir une sorte d'appel à mauvais traitement. L'objectif civique adéquat ne serait plus de s'opposer à une vie en bonne santé beaucoup plus longue mais bien de veiller à l'accessibilité à tous.

Un des principaux moteur du changement d'attitude vis-à-vis d'une évolution est donc la perception de son accessibilité. Aller sur la lune n'est pas devenu technologiquement plus aisé lorsque Kennedy a déclaré le 12 septembre 1962 que l'objectif serait atteint mais c'était devenu psychologiquement plus réalisable (et ce fut réalisé le 20 juillet 1969).

Bien sûr, le plus important est la poursuite de recherches qui permettront à ceux qui le souhaitent de vivre beaucoup plus longtemps. Les progrès dans ce sens sont multiples et polymorphes. Mais pour que le droit à la vie des personnes avançant en âge soit demain plus un droit fondamental de l'homme qu'aujourd'hui, il faut également informer l'opinion publique des progressions médicales.


La bonne nouvelle du mois: des cellules de centenaires deviennent pluripotentes

Le professeur Lemaitre et son équipe seraient parvenus à transformer des cellules de patients âgées en cellules-souches, c'est-à-dire en cellules susceptibles de se reproduire sans limitation et potentiellement de produire des organes et tissus de toutes les parties du corps. Le patient le plus âgé dont les cellules ont été "régénérées" avait plus de 100 ans.

Le résultat aurait été obtenu en injectant dans les cellules de ces personnes âgées un "cocktail" de six gènes. En conséquence, les cellules n'auraient plus de marqueurs visibles de vieillissement.

L'article intégral relatif à cette expérience n'est pas encore disponible en ligne de manière publique.


• Pour en savoir plus de manière générale: http://sens.org/, http://imminst.org/,
http://heales.org/ et http://immortalite.org/
• L'étude du professeur Lemaitre est intitulée Rejuvenating senescent and centenarian human cells by reprogramming through the pluripotent state. Elle sera accessible à partir de la page http://genesdev.cshlp.org/content/future/25/21. Voir aussi notamment un article de vulgarisation émettant certains doutes: http://www.journaldelascience.fr/biologie/articles/des-chercheurs-auraient-reussi-rajeunir-des-cellules-de-centenaires-2375.
• Pour réagir ou recevoir la lettre d'information: info@heales.org
• Source de l'image: http://www.flickr.com/photos/saroy/3738716341/sizes/m/in/photostream/

jeudi 3 novembre 2011

La mort de la mort. Numéro 31. Octobre 2011.

Les apologies du vieillissement humain peuvent être vues comme un mécanisme psychologique de défense que beaucoup déploient comme un moyen de supporter leur propre "capture" par l'inévitable processus de la sénescence. Mais, tout comme le lien émotionnel observé lors du syndrome de Stockholm peut devenir contreproductif lorsqu'il conduit les victimes à aider les preneurs d'otages en bloquant les efforts de la police, notre acceptation du vieillissement devient un problème lorsqu'elle nous empêche de mettre en œuvre les recherches les plus prometteuses pour augmenter l'espérance de vie en bonne santé. (Sonia Arrison, 100+ How the coming age of longevity will change everything, from careers and relationships to family and faith, page 98)(traduction).

Thème du mois: Longévités extrêmement courtes chez les êtres vivants

En touchant une substance étrange ou suite à un sort, un être humain malchanceux vieillit à une vitesse accélérée en quelques heures, en quelques minutes ou en quelques secondes. Ensuite, il meurt et tombe en poussière.

Qui n'a pas vu cette idée dans un livre ou un film fantastique? Heureusement, c'est de la fiction. Dans la réalité biologique, tous les êtres vivants ne sont pas égaux mais l'être humain est plutôt chanceux.

Quels sont les êtres vivants multicellulaires qui vivent le moins longtemps? De manière générale, en ce qui concerne les animaux, ce sont les espèces
  • de petite taille,
  • au métabolisme le plus rapide,
  • victimes d'une prédation importante.
Parmi les mammifères, les musaraignes semblent détentrices des records. Ce sont des animaux de toute petite taille, très actifs. Ils dévorent quotidiennement l'équivalent de leur propre poids et ont de nombreux prédateurs naturels. La durée de vie d'une musaraigne n'excède pas trois ans mais certaines espèces semblent même ne jamais dépasser l'année de vie.

De nombreux autres petits mammifères ont une durée de vie très courte: les hamsters, les souris,... Mais d'autres espèces de petite taille, par exemple certaines espèces de chauves-souris et d'écureuils, vivent nettement plus longtemps (plus de 15 années).

Parfois, pour expliquer la durée de vie, il a été affirmé que le nombre de battements du cœur au long d'une vie était stable chez toutes les espèces, environ un milliard de pulsations et que la brièveté de l’existence des petits animaux s'expliquait par la rapidité des battements cardiaques. En fait, un milliard de pulsations mène l'homme à une trentaine d'années, la musaraigne à deux années et la baleine bleue à plus de 150 ans. Globalement, il est donc exact qu'il y a un lien, mais cela n'explique pas toutes les variations.

Parmi les vertébrés marins, l'espèce détentrice du record de brièveté est le Gobie pygmée, un minuscule poisson de moins de deux centimètres vivant dans les coraux une courte existence d'une soixantaine de jours.

En ce qui concerne les poissons d'eau douce, ce sont les "killies annuels" qui détiennent le record. Ces poissons de très petite taille vivent leurs courtes existences dans des mares temporaires d'Afrique équatoriale. Ils naissent, pondent et meurent en une saison. Seuls les œufs peuvent résister à la saison sèche. Pour l'espèce la plus éphémère, Nothobranchius furzeri, la durée de vie en captivité n'excède pas 12 semaines. C'est, bien sûr, l'inutilité en termes de sélection naturelle, d'une vie plus longue, qui a provoqué cette situation.

Une espèce de caméléon vivant à Madagascar, Furcifer labordi, a le même type d'espérance de vie que les killies. Les œufs éclosent en novembre, les animaux sont adultes au bout de deux mois, les pontes se passent dès le mois de janvier et les derniers animaux meurent en février ou en mars. Comme les killies, ces caméléons vivent dans un environnement caractérisé par une saison sèche ne permettant pas la survie des adultes. Les caméléons passeront en fait la plus grande partie de leur existence à l'état d'embryon dans l’œuf attendant l'arrivée de la brève belle saison.

Chez les insectes, de nombreuses espèces ont une vie adulte extrêmement courte. L'ordre des éphéméroptères ou plus familièrement des éphémères comprend des espèces qui, comme leur nom l'indique, ne survivent que très peu de temps à la phase adulte. En fait, l'animal adulte ne survit que le temps nécessaire à la reproduction et n'a même pas de système digestif. Mais la phase larvaire est, elle, beaucoup plus longue, de l'ordre de trois années. La durée de vie adulte de nombreuses espèces de papillons est également courte, certains étant d'ailleurs également dépourvus de systèmes digestifs. Par contre, chez la
drosophile, c'est le cycle de vie entier qui est extrêmement court, environ 30 jours. C'est une des raisons pour lesquelles, c'est l'insecte de laboratoire le plus intéressant et le plus utilisé au monde, notamment pour étudier les moyens de modifier la durée de vie selon que ce soit par des modifications génétiques ou par d'autres moyens.

Parmi les animaux de toute petite taille, Caenorhabditis elegans est un ver nématode d'environ un millimètre qui fait également l'objet d'innombrables études en laboratoires. Sa durée de vie dans des conditions normales, est de trois semaines. Les gastrotiches, autres vers presque microscopiques vivent encore moins longtemps, certains atteignant leur maturité sexuelle à deux jours et mourant de vieillesse le troisième jour!

Du côté des plantes, la rose ne vit peut-être que l'espace d'un matin mais l'existence d'une plante dans son ensemble est tout de même plus longue. De très nombreuses espèces vivent moins d'une année et ne subsistent par exemple durant l'hiver que sous forme de graine. Comme pour les animaux, ce sont des circonstances climatiques extrêmes qui ont pour conséquence les vies les plus brèves. Ainsi l'existence de la Boehavia Repens du Sahara peut se réduire à une dizaine de jours après la germination suite à une brève pluie.

Dans le domaine de la brièveté comme dans celui des longévités les plus longues, la diversité du vivant est gigantesque. Sauf chez les souris et les rats, les aspects génétiques des durées de vie les plus courtes chez les vertébrés sont actuellement moins étudiés que celles les plus longues. Il y reste probablement des informations précieuses à découvrir, chaque séquence génétique jouant un rôle dans la longévité étant susceptible de fournir une clef d'explication qui pourra un jour être utile à la compréhension et à la maitrise des mécanismes du vieillissement des humains.


La nouvelle du mois: une décision européenne de justice préoccupante selon certains chercheurs, positive pour d'autres.

Dans un arrêt du 18 octobre 2011, la Cour de justice de l'Union européenne interprète l’exclusion de la brevetabilité portant sur l’utilisation d’embryons humains à des fins industrielles ou commerciales qui relève de la directive européenne 98/44. Elle dit notamment pour droit que:

L’exclusion de la brevetabilité portant sur l’utilisation d’embryons humains à des fins industrielles ou commerciales (…) porte également sur l’utilisation à des fins de recherche scientifique, seule l’utilisation à des fins thérapeutiques ou de diagnostic applicable à l’embryon humain et utile à celui-ci pouvant faire l’objet d’un brevet.

Pour certains chercheurs, cette décision va empêcher des recherches relatives à la longévité dans l'union européenne parce que les entreprises concernées n'auront plus un intérêt financier à les poursuivre. Pour d'autres, moins nombreux, cette décision est positive, car elle limitera le risque que des technologies favorables à l'augmentation de la longévité ne soient accessibles qu'à une minorité de patients riches pendant la durée du brevet (20 ans).

Si le point de vue optimiste est choisi, la décision peut entre autres avoir pour conséquence:

  • un encouragement à des recherches financées par les pouvoirs publics en Europe au lieu de recherches à but lucratif;
  • la possibilité de poursuivre des recherches privées en dehors de l'Europe, mais avec une pression potentielle forte de l'opinion publique mondiale, le jour où des résultats seront obtenus, pour que ceux-ci soient rapidement rendus accessibles à tous;
  • une prise de conscience européenne que les progrès médicaux sont rapides en Europe et ailleurs.

lundi 10 octobre 2011

La mort de la mort. Numéro 30. Septembre 2011.

La mortalité a beaucoup baissé dans nos sociétés, mais l'immortalité n'a fait aucun progrès. Jean Kerleroux.

Le 5ème colloque international de lutte contre le vieillissement à Cambridge.

Du 31 août au 4 septembre, s'est tenue la 5ème conférence SENS (Strategies for Engineered Negligible Senescence) relative à la lutte contre le vieillissement. Cet évènement se différencie d'autres rencontres internationales médicales en ce que l'objectif principal est explicitement une vie en bonne santé beaucoup plus longue.

Au sein du prestigieux Queen's college où Érasme résida il y a 5 siècles, dans un bâtiment d'une des plus vieilles universités du monde, des centaines de scientifiques ont écouté les exposés de dizaines d'orateurs s'exprimant dans tous les domaines liés à la prévention possible de la dégradation de l'âge. Aux alentours, les bâtiments se prêtent à la réflexion philosophique sur le sens de la dégradation mélangeant de manière apparemment aléatoire des bâtiments modernes commençant à vieillir et des édifices contemporains de la création de l'université.

Les apports des conférenciers concernaient bien sûr d'abord les questions médicales mais certains exposés abordaient aussi les questions politiques et sociales. Pour un citoyen non spécialiste du domaine, les exposés relatifs à la santé nécessitaient une digestion parfois complexe. L'impression qui domine est celle de l'existence de pistes multiples dans le domaine de la lutte pour une vie plus longue.

Aucune des voies ouvertes ne permettra aux hommes et aux femmes de ne plus vieillir dans les mois ou même les années qui viennent. Mais il en ira peut-être autrement de la dégradation due à l'âge dans les 4 décennies à venir comme il en a été de la leucémie pour les enfants dans les 4 décennies qui nous séparent des golden sixties: un passage progressif d'une maladie généralement incurable, d'un sort injuste et presque sans espoir à une maladie grave mais dont les enfants du moins ceux qui peuvent bénéficier d'un 'infrastructure médicale suffisante - réchappent généralement. Pour la leucémie, comme plus récemment pour le cancer du sein, jamais les journaux non médicaux n'ont titré en première page "Le cancer ne tue plus qu'une minorité de ceux qui sont atteints: des millions de personnes sont sauvées d'une mort lente, injuste et douloureuse.' Pourquoi? Parce que les avancées étaient successives et chacune de petite taille.

En ce qui concerne le vieillissement, vu qu'il touche actuellement tous ceux qui échappent aux causes de mortalité avant 50 ans, le franchissement des barrières symboliques sera moins discret. Mais il pourra être tellement progressif qu'il sera même contesté. D'ailleurs, aujourd'hui, certains continuent encore à penser, en dépit de l'augmentation mondiale moyenne de l'espérance de vie de 3 mois par année, que la situation sanitaire des personnes âgées se dégrade.

Parmi les domaines prometteurs abordés à Cambridge, il y avait notamment:
  • L'utilisation des cellules souches d'une personne permet maintenant de reconstituer une trachée. Dans les expériences effectuées, ce sont des cellules souches provenant du patient qui reconstituent la trachée. Actuellement, les cellules souches de l'individu doivent cependant être implantées sur un organe décellularisé provenant d'un donneur.
  • Les développements en matière d'intelligence artificielle permettent notamment lors du dépouillement informatisé des tests et des expériences de détecter des "patterns" (tendances") que l'esprit humain est incapable de déceler. Ce travail pourra également être effectué à partir de données déjà publiées mais analysées jusqu'ici uniquement par des personnes et pas par la machine.
  • L'utilisation de nanoparticules magnétisées pour injecter des substances à un endroit déterminé du cerveau. Les nanotechnologies sont un des domaines prometteurs de la médecine. A ce jour, aucun véritable "nanorobot" médical ne peut encore fonctionner notamment faute de source d'énergie permettant à ces appareils lilliputiens de fonctionner durablement.


La bonne nouvelle du mois: un pas important vers le rajeunissement des cellules souches adultes.

Parmi les cellules du corps de l'être humain, certaines se distinguent par leur capacité à se reproduire sans limitation, il s'agit des cellules souches. Cependant, ces cellules, comme les autres cellules, se détériorent progressivement au fur et à mesure des divisions. Deux chercheurs américains Jianrong Wang, Glenn Geesman, affirment avoir développé une technique pour supprimer l’accumulation de transcriptions toxiques de "rétrotransposons", afin de stopper le processus de vieillissement. Selon eux, les cellules souches ainsi traitées sont clairement rajeunies.



- Pour en savoir plus de manière générale: http://sens.org/, http://imminst.org/, http://heales.org/ et http://immortalite.org/
- Pour en savoir plus à propos de la 5ème conférence SENS: http://www.sens.org/conferences/sens5 (la photo en haut de cette lettre est celle des participants à la conférence)
- Pour lire un résumé d'article relatif au rajeunissement des cellules-souches: http://www.landesbioscience.com/journals/cc/article/17543
- Pour réagir ou recevoir la lettre d'information: info@heales.org

vendredi 7 octobre 2011

25.000 logements publics bruxellois en 3.600 jours (Lettre bimestrielle, numéro 13). Septembre 2011.

Les accords gouvernementaux régionaux bruxellois datent d'il y a 26 mois. Ces accords ambitieux prévoient une augmentation radicale du nombre de logements publics par "une norme à atteindre dans les 10 années à venir de 15% de logements de qualité à gestion publique et à finalité sociale".

Le calcul du nombre réel de logements à créer varie énormément selon les estimations (voir lettre de novembre 2010). La présente lettre se base sur un nombre de 25.000 logements. Dans ce nombre, il a été tenu compte des logements mis à disposition par les agences immobilières sociales (A.I.S.) même s'il ne s'agit pas au sens strict de logements à gestion publique, mais il n'a pas été tenu compte des prêts du logement, car ils concernent des immeubles à gestion totalement privée.

Le Rassemblement bruxellois du droit à l'habitat (RBDH) a émis le mardi 6 septembre un "baromètre du logement" positif constatant notamment en ce qui concerne le Plan logement "Finalement, après 7 ans, on peut y voir des avancées et des projets qui se réalisent".

Il est vrai que quelques centaines de logements achèvent enfin d'être construits et seront bientôt inaugurés. Mais malheureusement les nouveaux chantiers indispensables n'apparaissent pas. Et l'objectif décennal régional est d'autant plus impossible à atteindre sans changement radical que, vu la croissance rapide de la population bruxelloise, les constructions privées nouvelles sont nombreuses. Et donc, l'objectif de 15 % de logements publics suppose un nombre absolu de logements à créer de plus en plus élevé. Une des pistes envisagées est que les promoteurs privés mettent à disposition des opérateurs publics certains de leurs nouveaux logements. Ce mécanisme permettrait également plus de mixité sociale. Le temps presse. Pour avoir une efficacité dans un délai utile, il faudrait même que des règles nouvelles à ce sujet s'appliquent aux projets déjà en cours. Mais à ce jour, aucune modification législative n'a été adoptée ni ne semble envisagée.

Cette lettre bimestrielle a pour objectif d'être un aiguillon pour favoriser une réalisation partielle des objectifs. Actuellement, 37.000 ménages sont sur les listes d'attente du logement social bruxellois.

Depuis un trimestre, seuls 100 logements sociaux ont été inaugurés (à Woluwe-Saint-Lambert). Des inaugurations sont annoncées pour la fin de l'année ainsi que des nouveaux projets. Le nombre total de logements en projet est aux alentours de 4.500. Mais parmi ceux-ci, peu (environ 800) sont en construction.

Par ailleurs, plus de deux ans après l'inscription dans les accords notamment du principe de la réaffectation de bureaux vides et de la transformation d'immeubles à l'abandon en logements à vocation sociale, rien de concret ne semble encore réalisé et ceci alors que l'accord mentionnait explicitement le court, moyen et long terme.

Ci-dessous, seuls les logements effectivement mis à disposition sont comptabilisés: les chantiers, projets en cours de marché public,... ne sont pas repris.


État de la réalisation des 25.000 logements en 3.600 jours (connu au 30 septembre 2011) (ce mode de calcul ne prend pas en compte les prêts sociaux):

  • Nombre total de logements publics nouveaux réellement créés: aux alentours de 1.500. Composé comme suit:

  • Nombre de logements publics nouveaux construits depuis le début de la législature dans le cadre du plan dit des 5000 logements: 386

  • Nombre de logements publics créés à partir de bureaux transformés: 0Nombre de logements publics créés à partir de logements et autres immeubles abandonnés: 0

  • Nombre de logements publics créés par d'autres moyens (acquisitions, locations, contrats de quartier...): non connu avec précision, peut-être aux alentours de 500
  • Nombre de logements privés mis à disposition par les A.I.S.: non connu avec précision, probablement aux alentours de 650
  • (-) Suppressions de logements publics (acquisition par les locataires, destructions,...): non connu avec précision, probablement aux alentours de 0

  • Temps écoulé : 26 mois depuis les accords politiques (27 mois depuis le début de la législature)
  • Temps restant pour achever la mise à disposition des logements : 93 mois

  • Nombre total de logements publics qui auraient dû être créés durant le temps écoulé (sur la base de la mise à disposition de 200 logements par mois): 5.400

  • Somme minimale économisée par les autorités régionales ou locales bruxelloises aux dépens des personnes qui occuperaient les logements sur base d'un coût de 105.000 € par logement: plus de 400 millions d'euros

Informations complémentaires:

- Le texte de l'accord de gouvernement 2009-2014 du 12 juillet 2009 est accessible à la page
http://www.parlbruparl.irisnet.be/images/imgparl/accords2009/accordsfr.pdf.

- Un site officiel http://www.planlogement.be avait été réalisé par le Secrétariat d’État bruxellois au Logement et à l'Urbanisme durant la législature précédente. Le contenu de ce site a été supprimé et le nom de domaine est aujourd'hui en vente.


Si vous communiquez des informations pertinentes, elles seront diffusées dans la prochaine lettre.

Didier Coeurnelle, conseiller communal à Molenbeek-Saint-Jean

Source de l'image (cité Hellemans)

dimanche 11 septembre 2011

La mort de la mort. Numéro 29. Août 2011.


Tant que l’homme sera mortel, il ne sera jamais décontracté. Attribué à Woody Allen.

Pourquoi vieillissons-nous: justifications philosophiques et éthiques

Il n'est pas certain que l'être humain est le seul être vivant conscient de la mort. Mais il est le seul à savoir l'inéluctabilité de sa fin. Depuis des millénaires, probablement depuis la prise de conscience de l'inévitabilté de la mort biologique, nous nous sommes demandé "Pourquoi vieillissons-nous?"

Il s'agit dans cette lettre, de résumer non pas les théories scientifiques, mais les justifications éthiques ou philosophiques que l'histoire écrite de l'humanité nous a laissé en plusieurs millénaires. En quelques pages, les explications ne pourront être que résumées à l'extrême.

Il existe deux grandes catégories de courants de pensée:

La première catégorie est historiquement immensément majoritaire: le vieillissement est la volonté d'une ou de plusieurs puissances surnaturelles.

La seconde catégorie expose les avantages du vieillissement indépendamment d'une puissance surnaturelle et les inconvénients d'un monde sans vieillissement.

Les explications religieuses

Les dieux organisent souvent toutes les morts. Les religions qui se veulent explication du mode se naissent et disparaissent aussi les unes après les autres dans le torrent des siècles. Mais cela, les textes religieux, tant des croyances défuntes que de celles qui ne le sont pas encore, ne l'ont pas prévu.

Les écrits fondateurs visent à expliquer le monde tel qu'il est connu au moment où la conviction religieuse apparait. Généralement, le caractère mortel de l'être humain ressort d'une décision d'une ou de plusieurs entités qui ont créé le monde et notamment l'humanité. Il n'y a pas nécessairement une volonté particulière attribuée à la puissance divine pour le vieillissement. En effet, jusqu'à un passé récent, la mort suite aux maladies liées au vieillissement n'était pas la source principale de mortalité.

La mort inéluctable des individus est toujours intégrée dans le corpus religieux. Elle fait partie de l'ordre de l'univers. Il peut s'agir d'une disparition sans au-delà ou d'un passage potentiel vers un autre type d'existence.

Parfois, la mort sera expliquée comme un cycle. Il peut aussi s'agir d'une sorte d'accident ou encore d'une volonté de punir. Parfois enfin, traduits par des sacrifices humains, sont même nécessaires à la société. C'était le cas chez les carthaginois, les aztèques et les mayas.

Une caractéristique commune de quasiment toutes, voire de toutes les religions, c'est que, après la mort, ce qui était l'entité ne disparait pas.

Cela peut être le corps lui-même qui survivra, comme chez de nombreux chrétiens, égyptiens anciens et musulmans. Mais cela peut aussi être un passage dissocié du corps, soit que la conscience devienne autonome comme dans beaucoup de religions animistes, soit que cette conscience soit transférée, réincarnée dans d'autres êtres, souvent humains, comme chez les hindouistes, taoïstes et bouddhistes.

Les trois grandes catégories d'existence après la mort (résurrection, réincarnation et dématérialisation) peuvent même coexister dans une religion déterminée. Ceci s'explique notamment par les aspects syncrétiques de nombreuses convictions religieuses. Ainsi, pour la religion catholique, la résurrection est précédée d'une période d'attente où les âmes sont donc sans enveloppe charnelle.

Selon les religions, la possibilité du passage s'adressera à tous les humains ou à certains. Même si tous les défunts sont concernés par le passage, généralement, le sort après le décès ne sera pas le même. Le plus souvent, le comportement, particulièrement la manière de mourir, aura une influence sur la possibilité du passage et sur la destination. Chez de nombreux chrétiens et musulmans, il s'agit bien sûr du passage vers l'enfer ou le paradis, mais ce type de passage existait aussi notamment chez les grecs, les romains et les égyptiens anciens, les aztèques, les mayas,...

Parfois, le sort après la mort sera donc meilleur que le sort avant. Et souvent, pour ceux qui respectent les prescriptions et qui répondent à toutes les conditions, l'existence postérieure est sans vieillissement. La souffrance humaine apparait donc compatible avec une puissance surnaturelle voulant le bien des êtres humains.

De manière générale, le pourquoi de la mort selon les religions peut donc être expliqué par la "nécessité" de permettre un passage vers une autre entité. Que le ou les dieux soient bons envers l'humanité ou pas, en tout cas, ils exigent la transition de la forme humaine vivante vers un autre état.

Les explications non religieuses

Le terme "explications non religieuses" ne signifie pas qu'il s'agit d'explications provenant de sources agnostiques. Les croyants peuvent avancer un raisonnement non basé sur la transcendance comme un mode d'explication du choix divin. Ainsi, nombre de chrétiens et musulmans justifieront la nécessité de mourir de vieillesse pour éviter l'ennui alors que leur corpus religieux suppose la vie éternelle dans un bonheur absolu (et sans ennui!) après la mort.

La logique naturelle


Comme tous les êtres vivants sont mortels et comme tous semblent mourir de vieillesse, il serait contraire à la logique de la nature de vivre sans limitation de durée. Etre immortel serait pour les hommes se faire l'égal des dieux. Pour ceux qui croient en un dieu, cela pourra être perçu comme interdit par lui; pour ceux qui ne croient pas en dieu, cela pourra être perçu comme impossible et/ou immoral car trop orgueilleux. Le terme grec hybris, sera utilisé par certains pour représenter cette démesure.

La lutte contre la surpopulation


Un monde sans vieillesse et où les hommes et les femmes continueraient à avoir des enfants autant qu'aujourd'hui deviendrait un jour surpeuplé. Pour éviter cela, il est préférable d'obliger les personnes âgées à mourir plutôt que de réduire le nombre d'enfants par des moyens contraceptifs. Cette priorité des enfants à naître sur des êtres humains bien vivants est généralement expliquée par la volonté de permettre la succession des générations (malgré que la surpopulation se produise beaucoup plus dans les pays où l'espérance de vie est faible et non le contraire). Ceux qui refusent de mourir de vieillesse sont alors considérés comme des égoïstes incapables de "céder la place".

Le sens de la vie - L'ennui

Comme le disait une romancière britannique Suzan Ertz, des millions d'hommes désirent ardemment l'immortalité alors qu'ils ne savent pas quoi faire un dimanche après-midi pluvieux. Tout comme de trop longues vacances ennuient, une vie trop longue perdrait de sa saveur. C'est donc, pour le bien des individus eux-mêmes qu'il faut qu'ils meurent. Ce raisonnement est tout à fait honorable tant qu'il cherche seulement à convaincre. Mais pour certains, il ne s'agit pas seulement de convaincre mais bien d'obliger à mourir de vieillesse en interrompant les progrès scientifiques. Dans l'immense majorité des cas, les individus qui prônent le décès non retardé des autres acceptent par contre les progrès médicaux existants pour eux et pour les membres de leurs familles. Il s'agit d'un des très rares cas d'explication à vocation éthique où des individus souhaitent imposer la mort à d'autres pour leur bien.

Ce mécanisme de pensée n'a pas encore de définition philosophique communément admise. Mais dans le domaine de la criminologie, il y a un équivalent. Le terme de crime altruiste sera utilisé par exemple pour la mère qui laisse mourir un enfant parce qu'elle estime qu'il souffrirait trop s'il continuait à vivre. Très souvent, ce type de crime altruiste s'explique en fait par l'état mental de l'auteur du crime et non par celui de la victime.

En guise de (non) conclusion

En résumant à l'extrême, deux grandes explications sont proposées à la mort par vieillissement comme à la mort en général: une obligation supérieure à l'être humain ou un mécanisme de protection contre nous-mêmes. Force est de constater qu'à ce jour, très peu de gens ont opposé ces arguments lorsque des progrès en matière de longévité ont abouti. En cas de poursuite des progrès de longévité, l'avenir dira si, dans le futur, certains souhaiteront appliquer une obligation de mourir à ceux qui souhaiteront vivre "trop longtemps".


La bonne nouvelle du mois

Les inégalités entre le nord et le sud continuent de décroitre en ce qui concerne l'espérance de vie. L'espérance de vie croît presque partout dans le monde, mais plus vite dans les pays du Sud. Le tableau en début de lettre montre clairement la convergence au cours des 50 dernières années entre les trois États du Nord les plus peuplés: les États-Unis, le Japon et la Russie et les trois États les plus peuplés du Sud: Chine, Inde et Indonésie.

- Pour en savoir plus de manière générale: http://sens.org/, http://imminst.org/, http://heales.org/ et http://immortalite.org/
- Pour en savoir plus à propos de l'espérance de vie dans le monde: http://gapminder.org
- Pour réagir ou recevoir la lettre d'information: info@heales.org

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