mercredi 18 avril 2012

La mort de la mort. Numéro 36. Mars 2012.



Lorsque les athéistes atteignent l'âge de 60 ans, ils deviennent brutalement des transhumanistes intéressés par l'immortalité (traduction). John Bookman du Center for Inquiry. association américaine sans but  lucratif d'éducation permanente (2012).


Thème du mois. Les progrès en matière de lutte contre le cancer

Cancer et vieillissement sont étroitement liés. La prévalence du cancer augmente avec l'âge. Bien des formes de cancer ont également en commun avec bien des maladies liées au vieillissement que les progrès scientifiques ne sont pas encore suffisants pour influencer de manière spectaculaire le taux de mortalité. Mais pour certaines formes de cancer, les progrès sont tels que la maladie ne tue plus qu'une petite minorité.

Selon certains chercheurs optimistes, il est possible que, progressivement, nous arrivions à vaincre les maladies liées au vieillissement sans que cela ne provoque une révolution scientifique. Les avancées se feraient par petites touches de ci-de là qui, toutes combinées, nous permettraient d'augmenter notre espérance de vie de plus de 12 mois chaque année et donc de ne pratiquement jamais plus atteindre l'âge du décès.

Cela semble de la science-fiction. C'est pourtant proche de ce qui est arrivé pour une maladie qui était atroce il y a 50 ans pour les enfants: la leucémie. Dans les années 60, ce cancer était probablement perçu comme une des pires affections dont pouvait être victime un enfant. C'était un peu comme une condamnation à mort précédée d'une longue et douloureuse agonie. Presque aucun enfant (moins d'un sur 10) ne survivait à ce combat atroce et inégal.

Petit à petit, et sans que jamais cela ne fasse les gros titres de journaux, le combat s'intensifia et le nombre d'enfants survivants augmenta.

Aujourd'hui, la leucémie chez les enfants n'est pas encore une maladie bénigne. En 2012, dans les pays où l’infrastructure médicale est à la pointe, un enfant atteint a plus de chances de survivre aux 5 prochaines années que s'il avait eu le même âge sans aucune maladie, mais en naissant deux siècles plus tôt, voire même en naissant au même moment, mais dans certains pays d'Afrique noire.
Pour les cancers en général, il faut distinguer entre croyance commune pessimiste largement répandue et réalité :

- Croyance: le cancer est une maladie qui frappe de plus en plus les citoyens du fait des modes de vie moderne. Il tue donc de plus en plus.

- Réalité: à l'intérieur d'une tranche d'âge donnée, le cancer tue de moins en moins. Cependant, étant donné que les autres sources de mortalité diminuent plus rapidement  et étant donné que la population moyenne avance en âge, la mortalité par cancer devient plus visible. Le mode de vie a effectivement une influence, mais il ne concerne pas seulement des aspects inévitables de la vie moderne (pollutions, radiations,...). En effet, deux des sources principales de maladie peuvent être évitées par les individus qui le souhaitent et qui parviennent à résister aux pressions sociales, économiques et comportementales: la suralimentation et la consommation du tabac.

Pour ce qui concerne la survie au cancer, la référence généralement prise en considération est la survie 5 ans après que la maladie ait été détectée. Vu globalement, en ce début du 21ème siècle, environ deux-tiers  des personnes atteintes ne survivront pas plus de 5 ans dans les pays du Sud alors que dans les pays du Nord, il y a plutôt deux tiers des individus qui survivent. Cela démontre que les progrès médicaux, sociaux et économiques sont fondamentaux pour permettre de lutter efficacement contre cet ensemble de maladies.

En fait, les mortalités varient énormément selon le type de cancer. Pour certains types de cancer, c'est toujours la prévention qui est le facteur sauvant le plus de vies avec des méthodes décrites pour la première fois il y a parfois déjà des millénaires. Pour d'autres types de cancer, les progrès médicaux sont radicaux et ceci en moins de temps que l'espace d'une vie.

Actuellement, les femmes ont un taux de survie plus long parce qu'elles sont en moyenne plus souvent touchées par des cancers dont on guérit plus souvent. En ce qui concerne les cancers les plus fréquents, ce sont ceux du sein et de la thyroïde qui causent le taux de mortalité le moins élevé tandis que ceux du foie et du poumon sont toujours mortels dans les 5 années pour plus de 80 % des personnes atteintes.

En guise de conclusion, il faut noter une distinction fondamentale en matière de perception entre la recherche relative au cancer et la recherche relative aux maladies liées au vieillissement. En matière de cancer le chercheur traité de pessimiste voire de fou est celui qui affirme que le but ultime n'est pas de guérir les patients de la maladie, mais de les maintenir dans un état sévèrement morbide. En matière de vieillissement et maladies liées, le chercheur traité d'utopiste voire de fou est encore souvent celui qui affirme que le but n'est pas d'apprendre à vivre avec le vieillissement, mais de vaincre les maladies liées au vieillissement.

La bonne nouvelle du mois: la metformine, un médicament prometteur

La metformine est connue pour être le médicament anti-diabétique le plus efficace, le plus sûr (il est prescrit à plus de 120 millions de personnes; attention toutefois sans suivi médical il y a un risque d'acidose quasi nul en probabilité mais réellement mortel lorsqu'il apparaît) et de très loin le moins cher. Depuis 2002 la metformine était connue pour réduire d'environ 40% les taux de mortalité des diabétiques par rapport aux autres traitements classiques. Une étude américaine chez des populations à fort risque de diabète indiqua plus récemment qu'au bout de 4 et 10 ans la metformine est meilleure pour la santé que des cours réguliers de nutrition et activité physique (suivant quelques indicateurs de santé; l'idéal étant très vraisemblablement de mixer metformine et style de vie).

Plus tard, il a été découvert que la metformine protège fortement de risques cardio-vasculaires et de cancers. En 2005, des études épidémiologiques menées en Grande-Bretagne ont montré que les diabétiques traités avec de la metformine ont vu leur risque de cancer baisser de 40 % comparé à ceux soignés avec un autre antidiabétique. En septembre dernier, la revue Cancer Prevention Research publiait que la metformine a pratiquement a réduit le risque de cancer du poumon de 40 à 50% voire 72% (suivant une administration orale ou sanguine) chez des souris exposées à un cancérigène contenu dans le tabac. Ce mois ci, cette même revue publie que la metformine réduit de 57% le risque de cancer du foie chez des souris. 

Diverses études cliniques contre le cancer sont en cours. De façon préliminaire (sur un petit nombre de patients), il a été constaté que la metformine prévient les cancers colorectaux. Une grande étude clinique est en cours chez des ex-fumeurs, qui sont à risques de cancer du poumon. Le cancer du poumon est le plus meurtrier des cancers et celui qui augmente le plus dans le monde, puisque plus de 12 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année et que près de 8 millions de personnes en meurent.

La combinaison des connaissances dans ces domaines permet d'envisager, dans un avenir proche, des tests animaux et humains à échelle large, notamment organisé dans des Etats de l'Union européenne. En cas de succès, ce serait une des premières substances qui permettrait une diminution effective importante de la mortalité consécutive à pour certains cancers "tenaces", voire de la mortalité générale pour des populations défavorisées, voire de la mortalité générale pour la population générale.

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