dimanche 31 juillet 2011

25.000 logements publics bruxellois en 3.600 jours (Lettre bimestrielle, numéro 12). Juillet 2011.

Les accords gouvernementaux régionaux bruxellois datent d'il y a déjà 2 ans. Ces accords ambitieux prévoient une augmentation radicale du nombre de logements publics par "une norme à atteindre dans les 10 années à venir de 15% de logements de qualité à gestion publique et à finalité sociale". Qu'en est-il après deux années?

Le calcul du nombre réel de logements à créer varie énormément selon les estimations (voir lettre de novembre 2010). La présente lettre se base sur un nombre de 25.000 logements. Dans ce nombre, il a été tenu compte des logements mis à disposition par les agences immobilières sociales (A.I.S.) même s'il ne s'agit pas au sens strict de logements à gestion publique, mais il n'a pas été tenu compte des prêts du logement, car ils concernent des immeubles à gestion totalement privée.

Dans ce cadre, malgré la bonne volonté, le travail et le courage de bien des acteurs du dossier, il est certain que l'objectif décennal ne sera pas atteint à moins d'une modification radicale du rythme des réalisations. L'objectif est d'autant plus impossible à atteindre sans changement radical que, vu la croissance rapide de la population bruxelloise, les constructions privées nouvelles sont nombreuses. Et donc, l'objectif de 15 % de logements publics suppose un nombre absolu de logements à créer de plus en plus élevé. Une des pistes envisageables et envisagées, notamment par le Secrétaire d’État compétent, Christos Doulkeridis, est que les promoteurs privés mettent à disposition des opérateurs publics certains de leurs nouveaux logements. Ce mécanisme permettrait également plus de mixité sociale. Mais le temps presse et pour avoir une efficacité dans un délai utile, il faudrait que des règles nouvelles à ce sujet s'appliquent aux projets déjà en cours.

L'observatoire des loyers a constaté, entre 2008 et 2010, une augmentation plus importante des loyers les plus bas. C'est malheureusement logique. En effet, comme très peu de logements publics à vocation sociale sont réalisés, les autres logements modestes deviennent de plus en plus demandés. Et ce qui est rare est cher. Autrement dit, l'absence de création de logements à vocation sociale non seulement empêche des dizaines de milliers de citoyens d'obtenir directement des logements décents mais aussi, il induit des effets négatifs pour tous les citoyens défavorisés non propriétaires de leur logement.

Cette lettre bimestrielle a pour objectif d'être un aiguillon pour favoriser une réalisation partielle des objectifs.

Au cours des deux mois écoulés, seuls 34 logements sociaux ont été inaugurés (à Uccle). D'autres inaugurations sont cependant annoncées pour la fin de l'année ainsi que des nouveaux projets. Le nombre total de logements en projet est aux alentours de 4.500. Mais parmi ceux-ci, peu sont en construction. Un récapitulatif détaillé des projets en cours est disponible sur le site de Christos Doulkeridis.

Par ailleurs, deux ans après l'inscription dans les accords notamment du principe de la réaffectation de bureaux vides et de la transformation d'immeubles à l'abandon en logements à vocation sociale, rien de concret ne semble encore réalisé et ceci alors que l'accord mentionnait explicitement le court, moyen et long terme.

Ci-dessous, seuls les logements effectivement mis à disposition sont comptabilisés: les chantiers, projets en cours de marché public,... ne sont pas repris.


État de la réalisation des 25.000 logements en 3.600 jours (connu au 31 juillet 2011) (ce mode de calcul ne prend pas en compte les prêts sociaux):
  • Nombre total de logements publics nouveaux réellement créés: aux alentours de 1.350. Composé comme suit:
  • Nombre de logements publics nouveaux construits depuis le début de la législature dans le cadre du plan dit des 5000 logements: 286

  • Nombre de logements publics créés à partir de bureaux transformés: 0

  • Nombre de logements publics créés à partir de logements et autres immeubles abandonnés: 0

  • Nombre de logements publics créés par d'autres moyens (acquisitions, locations, contrats de quartier...): non connu avec précision, peut-être aux alentours de 450

  • Nombre de logements privés mis à disposition par les A.I.S.: non connu avec précision, probablement aux alentours de 600

  • (-) Suppressions de logements publics (acquisition par les locataires, destructions,...): non connu avec précision, probablement aux alentours de 0
  • Temps écoulé : 24 mois depuis les accords politiques (25 mois depuis le début de la législature)

  • Temps restant pour achever la mise à disposition des logements : 95 mois

  • Nombre total de logements publics qui auraient dû être créés durant le temps écoulé (sur la base de la mise à disposition de 200 logements par mois): 5.000

  • Somme minimale économisée par les autorités régionales ou locales bruxelloises aux dépens des personnes qui occuperaient les logements sur base d'un coût de 105.000 € par logement: près de 400 millions d'euros


Informations complémentaires:

- Le texte de l'accord de gouvernement 2009-2014 du 12 juillet 2009 est accessible à la page
http://www.parlbruparl.irisnet.be/images/imgparl/accords2009/accordsfr.pdf.

- Un site officiel
http://www.planlogement.be avait été réalisé par le Secrétariat d’État bruxellois au Logement et à l'Urbanisme durant la législature précédente. Le contenu de ce site a été supprimé et le nom de domaine est aujourd'hui en vente.


Si vous communiquez des informations pertinentes, elles seront diffusées dans la prochaine lettre.
Didier Coeurnelle, conseiller communal à Molenbeek-Saint-Jean

Source de l'image (projet de logements du Foyer Laekenois)

mercredi 27 juillet 2011

La mort de la mort. Numéro 28. Juillet 2011.

Jamais, on n’a vu un comité d’éthique se poser avec courage cette question: qui est responsable de ne pas avoir fait ce qui aurait pu assurer une meilleure vie à nos enfants. Page 159. Au-delà de nos limites biologiques. Les secrets de la longévité. Miroslav Radman avec Daniel Carton. 2011.


Pourquoi vieillissons-nous: explications scientifiques

Pourquoi vieillissons-nous? Il ne s'agit pas, dans cette lettre, de s'attaquer aux questions éthiques ou philosophiques mais bien aux raisons du vieillissement en termes scientifiques. En quelques lignes, les explications ne pourront être que parcellaires car les scientifiques ont écrit des ouvrages entiers. Un récapitulatif est cependant utile encore que la compréhension des théories varie selon les sources.

Même si les spécialistes prétendront souvent que leur théorie est la bonne et ne demande qu'à être affinée, il reste néanmoins une dose non négligeable de mystère. Ce n'est d'ailleurs pas le seul mystère de taille dans le mode de fonctionnement de la physiologie des animaux. La mort est, pour autant que nous le sachions, la fin de notre conscience. Mais chacun d'entre nous subit presque chaque jour, durant près du tiers de sa vie, une perte de conscience presque totale à savoir le sommeil. Et les raisons précises pour lesquelles ce type de repos est indispensable à notre survie sont encore en grande partie inconnues,

Mais revenons au sommeil définitif, au néant, à la mort. Qu'est-ce qui justifie en termes scientifiques ces mécanismes inévitables, ces dégradations irréparables chez (presque?) tous les animaux multicellulaires?

Parmi les centaines d'explications envisagées, la présente lettre n'abordera pas les théories les plus minoritaires. Il reste cependant bien des variantes qui peuvent être classées en plusieurs grandes catégories d'explication différentes quoiqu'elles présentent des points communs.

Les gènes ambivalents (pléiotropie antagoniste)

Tout animal débute sa vie par une phase de croissance. Ceci suppose un programme génétique très spécifique qui n'est plus utile une fois arrivé à l'âge adulte. Selon cette théorie, les gènes utiles lors de la croissance ou de la reproduction ont comme conséquence collatérale le vieillissement.

Cette explication ne concerne cependant que certains aspects du vieillissement.

La mort programmée ou l'enveloppe jetable après la reproduction

Les animaux seraient constitués génétiquement pour mourir après la reproduction. Cette évolution est peu discutable pour des invertébrés (certains insectes, des calmars,...) et même certains vertébrés (les saumons).

Mais pour la plupart des animaux, la période de reproduction ne se limite pas à une seule ponte ou mise bas et donc la "mort programmée" si elle existe est un processus progressif.

La mort par "désintérêt" de la conservation

Etant donné que, statistiquement, un animal a une chance négligeable de survivre longtemps à la prédation et aux autres causes de décès "naturel", les mécanismes de conservation n'interviennent que pour une période de temps limitée. C'est ce qui expliquerait que les animaux les plus sensibles à la prédation (des souris ou des insectes par exemple) vivent beaucoup moins longtemps que des animaux qui sont bien protégés (animaux de grande taille, animaux volants, tortues à la carapace épaisse,...).

Cependant, le vieillissement intervient, lentement mais inéluctablement, même chez des animaux virtuellement sans prédateur (mais il est vrai pas sans parasites) à l'âge adulte (éléphants, baleines,...).

Le soma disponible

Les animaux à leur naissance puis durant leur développement posséderaient une quantité limitée d'énergie. Celle-ci peut être utilisée soit pour la reproduction, soit pour le maintien en vie mais durant une période limitée. Les animaux ayant beaucoup de descendants rapidement vivront donc une vie courte alors que ceux ayant peu de jeunes vivront longtemps.

Cependant, nombre d'animaux, comme des insectes sociaux (fourmis, termites) ou encore certains invertébrés (par exemple les oursins) ont à la fois une fécondité et une longévité élevée.

La longueur des télomères

A chaque division cellulaire, une petite partie des chromosomes disparaît, un peu comme un lacet dont ou couperait le bout. Lors d'une division normale, la partie du chromosome qui disparaît est appelée télomère. Elle contient des informations génétiques non nécessaires à la cellule. Mais après un certain nombre de divisions (une cinquantaine chez l'être humain), les télomères sont réduits à néant et la cellule se reproduit plus imparfaitement ou plus du tout.

Cependant, la longueur des télomères n'est certainement pas le seul élément du vieillissement car celui-ci peut intervenir aussi chez des animaux dont les télomères ne sont guère entamés.

Les accumulations: les radicaux libres, les mutations génétiques, les autres substances

Le corps d'un animal ou d'un être humain s'abîme progressivement de par des accumulations progressives de substances qui ne sont pas souhaitables ou qui sont même nocives. Ces théories répondent bien à une perception intuitive d'un système qui se dégrade petit à petit avec une accélération en fin de vie. Les dégradations sont notamment dues:

- aux radicaux libres: l'oxygène est un gaz très réactif qui constitue des dérivés, les radicaux libres, qui s'accumulent progressivement dans les cellules;

- aux mutations génétiques: elles se produisent au cours de chaque division cellulaire; ces "erreurs" de reproduction s'accumulant auraient pour conséquence l'arrêt progressif du fonctionnement de l'organisme.

Les théories d'accumulation progressive ont été surtout expliquées par le biogérontologue Aubrey de Grey qui définit 7 causes majeures de sénescence qui sont presque toutes des phénomènes d'accumulation:

  1. L'atrophie et la perte de cellules
  2. Les mutations dans le noyau des cellules
  3. Les mutations dans les mitochondries
  4. La sénescence cellulaire
  5. Les liaisons qui se forment entre certaines protéines
  6. Les déchets extracellulaires
  7. Les déchets intracellulaires

Explication transversale: le vieillissement favorisé par la sélection naturelle

Toutes les théories citées sont presque certainement des éléments d'explication du vieillissement. La réalité biologique de la sénescence est donc la conséquence d'une conjonction de différents facteurs. Mais la compréhension des mécanismes de la sénescence n'est encore que la réponse à la question du "comment" plutôt qu'au "pourquoi" en termes biologiques.

Il reste à expliquer pourquoi la sélection naturelle a, toujours ou presque, choisi des espèces qui se dégradaient au bout d'un certain temps. Qu'est ce qui fait que la nature a choisi, de "recommencer à zéro" à chaque génération plutôt que de sélectionner des individus dont le système biologique permet l'entretien jusqu'à une disparition accidentelle?

A cela, la cause fondamentale citée la plus satisfaisante est que, sur le long terme (des milliers voire des millions d'années), les espèces qui ont peu de diversité génétique ont moins de chances de survie lors de modifications radicales de l'environnement naturel (éruptions, modifications de climat,...). Or, toutes choses étant égales par ailleurs, les animaux qui souffrent de vieillissement auront une plus grande diversité génétique puisque chaque génération est génétiquement différente de la précédente.

Le maintien de la diversité génétique peut donc être considéré comme la cause ultime de la reproduction sexuée puisque facilitant considérablement le mélange des gènes. Même si la reproduction asexuée est beaucoup plus fréquente dans la nature que la vie sans vieillissement, la raison finale en termes de sélection naturelle serait donc identique pour la reproduction sexuée et pour la mort par le vieillissement: c'est le maintien de la diversité génétique. Et, de cette manière, ceux qui affirment que le sexe et la mort sont indissociablement liés ont donc raison.

Mais chez l'être humain, bien sûr, sexe et reproduction sont moins liés qu'auparavant. Et peut-être qu'un jour, il en ira de même pour l'avancée en âge et le vieillissement.


La bonne nouvelle du mois: la capacité de régénération reste entière chez les tritons âgés

La capacité de régénération de certains batraciens est extraordinaire. Ainsi, les axolotls, placés dans un environnement protégé, peuvent notamment régénérer leurs pattes.

Jusqu'ici, les scientifiques estimaient que ces capacités de régénération diminuaient avec l'âge. Or, une expérience réalisée sur une longue période vient d'aboutir à une autre conclusion. Durant 16 années, des biologistes de l'université de Dayton (Ohio) ont retiré la cornée de tritons. Ces tritons étaient âgés de 14 ans environ au départ de l'expérience et donc de 30 ans, 16 années plus tard.

Les cornées qui ont repoussé après la 17ème et 18ème ablation sont de qualité identique à la cornée d'individus au début de l'expérience et à celle d'individus qui n'avaient pas subi d'ablation de la cornée.

Cette découverte est une avancée dans les recherches qui pourraient permettre un jour aux mammifères et, in fine à l'être humain, de régénérer bien plus que ce qui n’est actuellement possible.



- Pour en savoir plus de manière générale: http://sens.org/, http://imminst.org/, http://heales.org/ et http://immortalite.org/
- Pour en savoir plus à propos des théories du vieillissement, voir notamment http://en.wikipedia.org/wiki/Senescence: et http://fr.wikipedia.org/wiki/SENS
- Pour en savoir plus à propos de la régénération de la cornée chez les tritons: http://the-scientist.com/2011/07/12/repeated-regeneration/
- Pour réagir ou recevoir la lettre d'information: info@heales.org

- Source de l'image


dimanche 10 juillet 2011

La mort de la mort. Numéro 27. Juin 2011.


Si on était une souris intelligente et aussi éduquée que vous et moi... on regarderait les humains avec une jalousie verte, et on se dirait : Regarde! Ce type-là vit trente ou quarante fois plus que moi. Pourquoi? Ce n’est pas juste! .Au-delà de nos limites biologiques. Les secrets de la longévité. Miroslav Radman avec Daniel Carton. 2011.




Les êtres vivants sans vieillissement



Pourquoi vieillissons-nous? Il y a d'innombrables théories qui seront récapitulées dans une prochaine lettre mais aucune n'est pleinement satisfaisante. C'est probablement une combinaison de raisons qui explique ce phénomène qui concerne, à ce jour, tous les êtres humains.

L'ensemble de ces théories ne doit pas nous faire oublier que, pour certains êtres vivants, la sélection naturelle semble avoir "oublié" le vieillissement. Mais les espèces concernées sont toutes très éloignées de l'être humain.

La présente lettre distinguera trois catégories d'espèces: les "faux immortels" qui vieillissent mais lentement, les espèces qui ne vieillissent pas dans un environnement spécifique et les espèces qui ne vieillissent pas dans leur environnement naturel.

Pour ces dernières, les journalistes et même les scientifiques parlent souvent d'"immortalité biologique". Il ne s'agit en fait que d'une "amortalité" pour les individus qui échappent à toutes les autres causes de mort. La prédation, les maladies, les conditions physiques ne permettant plus la survie (chaleur, froid, manque d'oxygène, substances toxiques,...) sont autant mortelles pour les espèces sans vieillissement que pour les autres.

Des spécialistes parlent même d'une "immortalité biologique" lorsque la mortalité n'augmente plus au-deçà d'un certain âge. Ils décrivent, chez des individus très âgés, une phase de "plateau" de la mortalité. Parler d'immortalité biologique semble bien un abus de langage, car le taux de mortalité élevé dans ces cas empêche de toute façon même les individus les plus chanceux de vivre très longtemps. Et, de plus, en tout cas pour les mammifères, ce niveau de stabilisation du taux de décès est incertain et ne concerne qu'un nombre réduit de survivants.

Tout ce qui précède et ce qui suit est décrit à la lumière des connaissances contemporaines. Les processus de la vie sont complexes et variés. Les recherches scientifiques nous réservent très probablement encore de grandes surprises dans ce domaine notamment parmi les espèces encore peu étudiées: animaux marins des très grandes profondeurs, animaux dits extrêmophiles c'est-à-dire vivant dans des conditions mortelles pour les autres êtres vivants,...

Les (probablement) faux immortels

Un grand nombre d'espèces ont été décrites en certaines occasions comme ne vieillissant pas alors qu'il est presque certain que leur vieillissement est seulement très lent. La difficulté de mesurer le temps de vieillissement pour ces espèces s'explique par le fait que des observations scientifiques rigoureuses ne sont possibles que depuis quelques décennies. De plus, lorsque l'on observe des animaux au cours d'une très longue période, la probabilité d'accident devient importante. Et la fraude peut devenir d'autant plus tentante que l'animal est célèbre. Ainsi, pour la longévité extrême de poissons d'aquarium, il semble que certaines substitutions ont été effectuées.

Dans cette catégorie des "faux espoirs", les mammifères les plus connus sont le rat-taupe, déjà cité, et la baleine. Le rats-taupe nu peut probablement atteindre une longévité énorme pour un rongeur d'une trentaine d'années. Certaines baleines, elles, peuvent largement dépasser le siècle et probablement même deux cents ans.

Pour les autres vertébrés, les tortues sont les plus connues pour vivre extrêmement longtemps. Comme elles sont faciles à observer et à garder, les scientifiques les étudient depuis des siècles. Ils savent ainsi que "l'irréparable outrage" du temps les atteint également même si c'est bien après que les êtres humains qui les observaient dans leur jeunesse aient disparu du monde des vivants. Certains lézards semblent également dépasser le siècle. Il en va de même pour certains poissons, notamment les sébastes vivant dans les grandes profondeurs ainsi que les carpes.

Enfin, des espèces d'oiseaux, notamment des albatros et des perroquets, vivent également tellement longtemps que l'on ne sait pas encore combien d'années, mais en tout cas plus de 50 ans. C'est fort surprenant parce que ce sont généralement les animaux de grande taille et au métabolisme lent qui ont la durée de vie la plus longue. Par exemple, un ara bleu, est un animal d'un peu plus d'un kilo dont le cœur qui bat à plus de cent pulsations par minute peut vivre au moins jusque 60 ans. Une explication possible est que les animaux qui subissent moins la prédation vivent généralement plus longtemps ce qui est le cas des oiseaux mais également d'autres animaux volants tels les chauves-souris.

Du côté des invertébrés, les langoustes ne montrent aucun signe connu de vieillissement au sens classique, mais étant donné que leur taille s'accroît avec l'âge, ils ne peuvent pas non plus vivre sans limitation de durée car un animal trop grand ne peut survivre lorsqu'il atteint une taille incompatible avec sa biologie. Logiquement, il devrait en aller de même pour d'autres animaux marins, telles les palourdes royales, les oursins et les quahogs, au développement et au métabolisme lent. Mais la croissance des animaux adultes est si lente qu'elle en devient vraiment négligeable. Pour les quahogs, l'âge peut être mesuré avec précision parce que chaque année, la coquille porte une nouvelle strie de croissance. Des spécimens dépassant les 400 ans ont été pêchés.

Les immortels dans un contexte spécifique

D'abord il convient de définir ce qu'est un être vivant. Par exemple, pour certains, un brin d'ADN qui se transmet de génération en génération est immortelle. Mais il ne s'agit certainement pas d'un être vivant autonome. Dans le même ordre d'idée, certaines cellules cancérigènes comme les cellules d'Henrietta Lacks, une femme morte d'un cancer très agressif, il y a 60 ans, continuent à vivre et se reproduire aujourd'hui.

Ces cas mis à part, il y a de nombreuses formes de vie qui peuvent être conservées pendant certainement des siècles, des millénaires et probablement même des millions d'années sous une forme généralement qualifiée de dormante. Il en va ainsi des graines, des spores mais également de formes de vie unicellulaires telles les bactéries.

Par ailleurs, et c'est plus connu, nombre d'animaux de petite taille ainsi que des embryons peuvent être conservés sans limitation connue de durée à des températures très basses. Il s'agit d'animaux tels les tartigrades (proches des arthropodes) mais aussi des embryons de mammifères, la congélation d'embryons humains étant même devenu banale depuis quelques décennies.

Les êtres vivants vivant véritablement sans limitation connue de durée

D'abord dans le monde végétal, certains arbres semblent vivre sans limitation de durée. Mais, en ce qui concerne le règne végétal, la limite entre un individu et un groupe est plus complexe que chez les animaux. Il est certain que des arbres, tels certains pins, peuvent vivre des milliers d'années. Mais souvent, il s'agit en fait d'une combinaison de troncs, parfois presque une forêt comme pour des trembles millénaires.

Pour les êtres vivants unicellulaires, certains semblent pouvoir vivre sans limitation de durée. Mais une observation d'une cellule est assez malaisée et donc ne semble encore jamais avoir été effectuée pendant des années. De plus, une cellule dans un environnement favorable se divise et donc, il convient à chaque division de choisir la cellule qui sera observée. Et, selon certains, lors de la division, une des deux cellules peut être plus sensible au vieillissement.

Parmi les animaux multicellulaires, seuls deux espèces sont actuellement connues comme dépourvues de tout vieillissement.

L'Hydre, petit animal invertébré, était considéré jusqu'il y a peu comme sans vieillissement connu. Mais les auteurs d'une étude récente affirment avoir détecté les signes d'une sénescence.

La méduse turritopsis serait capable d’inverser son processus de vieillissement, et ainsi de retourner à sa forme juvénile après avoir atteint sa maturité sexuelle, et ce indéfiniment (théoriquement) grâce à un processus appelé transdifférenciation. Mais comme il s'agit d'une espèce découverte récemment, les observations de survie sur le long terme n'ont évidemment pas pu encore être effectuées.

Les hydres et les turritopsis sont deux animaux pluricellulaires assez proches: ils sont aquatiques, de petite taille, utilisent des tentacules ayant des cellules urticaires et ils n'ont pas de véritable système nerveux. Ils font d'ailleurs partie l'un et l'autre du même groupe animal: les cnidaires.

En conclusion provisoire, force est de constater que l'absence de sénescence est un phénomène extrêmement rare dans la nature voire même peut-être inexistant chez les animaux multicellulaires.



La bonne nouvelle du mois: la rapamycine va être testé sur des enfants atteints de Progéria



Il est connu depuis peu de temps que la rapamycine augmente considérablement l'espérance de vie de souris. Cette substance agit donc comme un retardateur du vieillissement.

Ce produit n'a jamais été testé dans ce but sur des humains mais il va l'être sur des enfants atteints de la maladie de Progéria c'est-à-dire une maladie qui provoque un vieillissement extrêmement prématuré aboutissant généralement à la mort des patients avant l'âge adulte. En cas de succès de la thérapie, outre qu'un répit de vie sera offert aux enfants, les perspectives pour les autres citoyens seront considérables car la preuve aura été apportée par deux fois que ce produit peut ralentir le vieillissement.



- Pour en savoir plus de manière générale: http://sens.org/, http://imminst.org/, http://heales.org/ et http://immortalite.org/
- Pour en savoir plus à propos de l'immortalité biologique: http://fr.wikipedia.org/wiki/Immortalit%C3%A9
- Pour en savoir plus à propos de la progéria: http://fr.wikipedia.org/wiki/Prog%C3%A9ria
- Pour réagir ou recevoir la lettre d'information: info@heales.org

- Source de l'image (Turitopsis)