lundi 21 juillet 2008

Pour une scission solidaire de l'arrondissement de Bruxelles - Hal - Vilvorde.

Ce texte choquera certains citoyens au sud de la frontière linguistique: "vérité en deça des Pyrénées, mensonge au-delà".

A l'occasion de la fête dite nationale de notre petit Etat fédéral qu'est la Belgique, il est utile de rappeler aux citoyens belges francophones que la solution de cette crise qui n'en finit pas est simple: il suffit de scinder l'arrondissement de Bruxelles - Hal - Vilvorde. La demande des représentants de la majorité des citoyens de notre pays est claire depuis plusieurs années.

Depuis des mois, des années voire des décennies, les partis et la majorité des citoyens francophones de Belgique expriment le souhait affiché de ne pas se focaliser sur des questions linguistiques et de s'intéresser aux "vrais problèmes". A moins de considérer que la volonté des représentants francophones n'est pas de s'intéresser aux vrais problèmes mais d'exaspérer les flamands et leurs représentants, la scission ne devrait donc pas poser de problème.

Si la scission pose néanmoins un problème, cela indique au moins une tendance à:
  • un refus de la décision de la majorité motivée par sa composition ethnique;
  • une volonté de ne plus bénéficier de l'Etat belge qu'en ce qui concerne les avantages non seulement économiques mais aussi les avantages politiques;
  • une forme de mauvaise foi ou d'aveuglement de la part des représentants francophones. Ils réaffirment à chaque fois que les représentants flamands souhaitent la scission de la Belgique alors que la demande principale majoritaire néerlandophone est la scission d'un arrondissement électoral.
Idéalement, la scission de l'arrondissement, qui est dans la logique de la structure institutionnelle belge, devrait s'accompagner d'autres décisions. La meilleure serait la création d'une circonscription fédérale désignant par exemple 15 ou 20 élus au Sénat et couvrant l'ensemble de la Belgique. Cela permettrait aux paysans flamands de Wallonie qui n'ont jamais eu la possibilité de voter pour un néerlandophone de commencer à le faire. Cela permettrait aussi aux francophones de Gand, Anvers, Overijse et Linkebeek de continuer ou recommencer à le faire.

Une fois la scission décidée, les questions de solidarité et les questions économiques et sociales - y compris les questions liées à des réorganisations institutionnelles de compétence- pourraient enfin être abordées plus sereinement. Il s'agit notamment des questions de solidarité Nord-Sud pour lesquelles de nombreux flamands souhaitent de manière compréhensible mais peu solidaire continuer à bénéficier d'un niveau de vie supérieur à celui du reste de la Belgique. Bien sûr, les solutions dans ce domaine ne seront pas simples. Mais atteindre un accord est quand même beaucoup plus simple que pour la question administrative qui fait le débat principal.

A noter en passant que pour d’autres questions de solidarité, ce sont les citoyens belges francophones aussi bien que néerlandophones qui souhaitent de manière compréhensible mais peu solidaire continuer à bénéficier d'un niveau de vie très largement supérieur à celui du reste du monde.

Des mesures d'apaisement communautaire pourraient aussi être envisagées tenant compte notamment des progrès techniques. Ainsi, tout document administratif officiel envoyé aux administrés dans la langue d'une région, pourrait être complété par une traduction mise à disposition sur un site internet (avec possibilité d'envoi papier pour les personnes sans accès internet). Evidemment cela ne plairait ni à certains francophones rabiques de la périphérie qui devraient renoncer à leurs sacro-saints documents papier en français ni à certains néerlandophones rabiques soucieux d'uniformité linguistique.

Il va sans dire que les représentants politiques et les citoyens néerlandophones ne sont ni meilleurs ni pires que les francophones. Les tentations d'écraser la minorité notamment sous forme de revanche sont et seront présentes avec d'autant plus d'intensité que le refus de scinder persistera. A défaut de sens de la solidarité suffisant de la part des représentants des francophones de Belgique, l'intelligence de le comprendre serait déjà une avancée.

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Pour plus d'informations à propos de:

- La proposition de loi du 12 juillet 2007 modifiant les lois électorales, en vue de scinder la circonscription électorale de Bruxelles-Hal-Vilvorde: http://www.lachambre.be/FLWB/PDF/52/0037/52K0037001.pdf (en néerlandais et en français)

- La problématique de la scission de l'arrondissement électoral de Bruxelles-Hal-Vilvorde: voir les pages http://nl.wikipedia.org/wiki/Brussel-Halle-Vilvoorde (en néerlandais) et http://fr.wikipedia.org/wiki/Arrondissement_judiciaire_de_Bruxelles (en français)

- La proposition d'une circonscription fédérale du groupe Pavia (en néerlandais et en français): http://www.paviagroup.be

- Source de l'image: http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/31/Belgique_r%C3%A9gionale.png

dimanche 20 juillet 2008

3.500 logements sociaux bruxellois en 1.750 jours: lettre bimestrielle (numéro 20). Juillet 2008. Chronique d'un échec annoncé.

Les accords gouvernementaux régionaux bruxellois de l'été 2004 prévoyaient la création de 3.500 logements sociaux durant cette législature (et 1500 logements moyens). Il s'agissait là de la mesure sociale la plus ambitieuse du gouvernement "Olivier" bruxellois.

Il s'agissait aussi d'une mesure que des dizaines de milliers de personnes attendaient (et attendent toujours) avec impatience dans une ville où il peut faire bon vivre lorsque le logement n'est pas un problème mais où ledit logement engouffre la majorité du budget des plus démunis. Dans cette ville, des milliers de logements neufs devraient stabiliser des loyers qui grimpent.

Ces logements inexistants, ce sont les villages Potemkine de la secrétaire d'Etat "compétente" et du gouvernement bruxellois. Peu importe qu'ils n'existent pas pourvu que cela ne se sache pas trop.

Au rythme actuel de construction, il faudra des siècles pour achever le plan qui était prévu pour se réaliser en 5 ans.

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Etat d'avancement de la construction des 5.000 logements (connu au 20 juillet 2008):

- 0 : Nombre de logements réellement construits (0 % de l'objectif de départ)
- 346 : Nombre de logements en construction (7 % de l'objectif de départ)


- 4.100 : Nombre approximatif de logements qui devraient être actuellement construits (au prorata) (*)
- 12.500 : Nombre approximatif de personnes qui seraient actuellement logées dans des logements sociaux et moyens si les accords gouvernementaux bruxellois de 2004 étaient appliqués (au prorata)(*)


- Temps écoulé : 48 mois depuis les accords politiques (49 mois depuis le début de la législature) - Temps restant pour achever la mise à disposition des logements : 11 mois (9 mois avant le début de la campagne électorale)

(*) Pour les logements sociaux uniquement (sans logements moyens), il s'agit de 2.800 logements et 8.000 personnes.

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Remarques complémentaires :

- Alors que madame Dupuis annonçait le 12 septembre 2007, "j'espère inaugurer un nouveau chantier chaque mois" (http://www.planlogement.be/fr_BE/news/new/id/12.html), un seul chantier de 32 logements a été entamé depuis décembre 2007.

- Un site http://www.planlogement.be a été réalisé par le Secrétariat d'Etat bruxellois au Logement et à l'Urbanisme. Vous n'y trouverez (bien sûr) pas les chiffres récapitulatifs produits dans la présente lettre.

- Par "logement social" ci-dessus, il faut entendre "nouveau logement social en région bruxelloise tel que prévu dans les accords bruxellois" (http://portail.irisnet.be/cmsmedia/fr/2004_acgouv.pdf?uri=43742a96072f96dd010732949354014a). 1.500 logements pour les revenus moyens sont également prévus.

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Si vous communiquez des informations pertinentes, elles seront diffusées dans la prochaine lettre.

Didier Coeurnelle, conseiller communal à Molenbeek-Saint-Jean