dimanche 31 janvier 2010

Dix pronostics pour les années dix


Je me souviens de ces films de science-fiction du vingtième siècle où des technologies extraordinaires côtoyaient une misère qui n'avait guère changé depuis des siècles. Ce temps est venu.

Il y a une décennie Wikipédia n'existait pas, neuf citoyens du monde sur dix n'avaient pas de téléphone mobile, nous comptions encore en francs et l'espérance de vie était de plus de deux années inférieure à la nôtre.

Mais il y a dix ans, le rêve de disparition de la souffrance et de la faim concernait un futur à peine plus lointain qu'aujourd'hui.

Voici un petit exercice de prospective (en ce dernier jour pour présenter les Voeux de Nouvel An). Pour paraphraser un humoriste, c'est dangereux de faire des pronostics, surtout quand il s'agit du futur. Mais voici quand même un essai.

Pronostics pour les années 10 (émis en janvier 2010, à vérifier en janvier 2020, largement inspiré par Ray Kurzweil sauf le pronostic 1... et sauf catastrophe évidemment)

1. Enfin la scission de l'arrondissement électoral de Bruxelles - Hal - Vilvorde. Positif sauf pour les extrémistes de tous bords.

2 Pour les années 10 (ou 20 au plus tard): accès internet dans la tête (télépathie!): positif ou négatif? Les deux probablement!

3 L'équivalent d'un PC de 2010 pèsera moins de 100 grammes et coûtera moins de 20 €.

4. Chacun pourra connaitre pour quelques € suffisamment de son patrimoine génétique pour comprendre notamment ses origines et ses caractéristiques héréditaires principales. Et les cellules souches seront utilisées pour certains processus de lutte contre le vieillissement.

5. Tout pourra techniquement être filmé, enregistré, mémorisé quasiment gratuitement et partout.

6. Les premiers appareils seront utilisés pour amplifier les capacités humaines. Au moins par des lunettes-caméras-ordinateur personnel. Nous communiquerons avec les PC (ou ce qui les remplacera) de moins en moins avec les doigts.

7. Le niveau de vie augmentera encore considérablement au Nord et au Sud (espérance de vie: au moins deux ans, production de biens de consommation: au moins 10 % par habitant, qualité des produits,...).

8. L'immense majorité des êtres humains aura accès à internet.

9. Il sera impossible de se perdre sauf à le vouloir (GPS).

10. La démocratie directe mondiale sera possible (par un vote en ligne) mais pas encore utilisée.

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mercredi 27 janvier 2010

25.000 logements publics bruxellois en 3.600 jours? Numéro 4. Janvier 2010.

Les accords gouvernementaux régionaux bruxellois de l'été 2009 sont ambitieux. Ils prévoient, d'ici à 2019, une augmentation radicale du nombre de logements publics par une norme à atteindre dans les 10 années à venir de 15% de logements de qualité à gestion publique et à finalité sociale.

Il semble que le pourcentage actuel de logements publics soit de 10 % mais les chiffres exacts ne sont pas connus. Concrètement, pour que la norme soit atteinte, environ 25.000 logements publics devraient donc être créés en deux législatures ou encore plus de 200 logements par mois.

Il s'agit d'une mesure extrêmement volontariste que des dizaines de milliers de personnes attendent avec impatience dans une ville où il peut faire bon vivre lorsque le logement n'est pas un problème, mais où ledit logement engouffre la majorité du budget des plus démunis.

Sept mois après les élections régionales et cinq mois après la création du nouveau gouvernement, les premiers signes incitent au pessimisme quelle que soit la bonne volonté des uns et des autres.

L'objectif nouveau ne concerne plus seulement la construction ab nihilo de logements, mais aussi la transformation de bureaux et de biens à l'abandon en logements ainsi que la poursuite de constructions déjà entamées. Et les accords concernent des constructions et des transformations sur le court, moyen et long terme, c'est-à-dire, logiquement, à terme long de 10 ans, moyen de quelques années et court de quelques mois.

Or, jusqu'ici, rien de concret n'est annoncé dans ces domaines. Par contre, un projet de la législature précédente a été abandonné et d'autres projets semblent revus à la baisse.

Il est à noter que le malheur des uns diminue le malheur des autres. Si l'objectif gouvernemental était rempli, il faudrait construire, rénover et transformer. Un logement construit coûte en moyenne au moins 300.000 € tout compris (terrain, construction, ...). Une rénovation ou une transformation, parfaitement économe et efficace, pourrait coûter aux alentours de 50.000 € tout compris par habitation. Le strict minimum imaginable en moyenne par habitation réalisée peut donc être estimé à 100.000 € par logement concerné. En ce sens, comme quasiment aucun logement n'est encore créé, les autorités régionales et locales épargnent actuellement au moins 20 millions d'€ par mois.

La présente lettre bimestrielle a pour objectif d'être un modeste aiguillon pour qu'une partie même minime des objectifs soit réalisée.


Etat de la réalisation des 25.000 logements en 3.600 jours (connu au 25 janvier 2010):

  • nombre de logements publics nouveaux construits: 58
  • nombre de logements publics créés à partir de bureaux transformés: 0
  • nombre de logements publics créés à partir de logements et autres immeubles abandonnés: 0
  • nombre de logements publics créés par d'autres moyens (acquisitions, locations,...): 0
  • (-) Suppressions de logements publics (acquisition par les locataires, destructions,...): 0

  • Nombre total de logements publics nouveaux réellement créés: 58
  • Temps écoulé : 6 mois depuis les accords politiques (7 mois depuis le début de la législature)
  • Temps restant pour achever la mise à disposition des logements : 113 mois
  • Nombre total de logements publics qui devraient en principe être créés durant le temps écoulé (sur base de 200 logements par mois): 1.400
  • Somme minimale économisée par les autorités régionales ou locales bruxelloises aux dépens des personnes qui occuperaient les logements: 140.000.000 €


Informations complémentaires:

- Un site http://www.planlogement.be avait été réalisé par le Secrétariat d'Etat bruxellois au Logement et à l'Urbanisme de la législature précédente. Seule la page d'accueil du site est encore accessible mais le contenu en a été supprimé il y a trois mois. Aucun site nouveau n'est disponible et aucune explication n'est fournie à la fermeture du site.

- Le texte de l'accord de gouvernement 2009-2014 est accessible à la page
http://www.parlbruparl.irisnet.be/images/imgparl/accords2009/accordsfr.pdf.

- Dans la revue électronique scientifique "Brussels Studies". http://www.brusselsstudies.be/PDF/FR_121_BruS34FR.pdf, l'auteure Alice Romainville déclare: Les objectifs assignés à la politique de l'habitat et la priorité donnée, au niveau politique, à ces objectifs, posent question , et en particulier l'attribution d'une part conséquente de l'étroit budget régional à des politiques de logement moyen, sur la base d'un hypothétique « retour en ville » des classes moyennes et supérieures – alors que dans le secteur du logement social qui fait face à une demande colossale et autrement urgente, on produit laborieusement une trentaine de logements par an.


Si vous communiquez des informations pertinentes, elles seront diffusées dans la prochaine lettre.

Didier Coeurnelle, conseiller communal à Molenbeek-Saint-Jean


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dimanche 24 janvier 2010

Défense civile non-violente et technoprogressisme

Ecolo a adopté le 15 janvier 2010 en conseil de fédération (le "parlement" du parti) un texte intitulé De l’OTAN à une politique de sécurité et de défense européenne ?.

Voici ci-dessous l'amendement que j'ai introduit et qui a été adopté avec l'ensemble du texte ainsi que l'explication que j'ai lue avant le vote.

Il s'agit pour moi d'une problématique existentielle. Les progrès techniques que nous vivons sont extraordinaires et il convient de les aborder dans une optique technoprogressiste (terme que je n'ai pas employé le 15 janvier) mais en étant conscients des dangers. Un des moyens de limiter les risques est de rendre chaque jour la vie humaine encore plus précieuse et l'usage de la violence encore plus inacceptable.

Didier Coeurnelle


Défense civile non violente

Les évolutions technologiques font de notre planète un ensemble de plus en plus complexe et fragile. Les connaissances scientifiques progressent rapidement. Ceci s'exprime déjà dans le domaine des armes nucléaires, entre autres par les possibilités de miniaturisation ("mini-nukes") mais aussi potentiellement dans le domaine des armes biologiques, chimiques, nanotechnologiques. Les développements complémentaires des connaissances dans le domaine de l'automatisation et de l'intelligence artificielle rendent les armes de destruction massive, d'année en année, plus faciles à réaliser.

Il appert dès lors que le développement des moyens de résolution non violente des conflits est encore plus important aujourd'hui qu'hier. Non pas parce que les hommes et les femmes sont plus violents aujourd'hui qu'hier. Mais parce que l'usage de la violence avec des conséquences létales massives est de plus en plus aisé. Tout ce qui rend cet usage plus difficile, matériellement, psychologiquement et moralement est une garantie pour aujourd'hui et plus encore pour demain.

L'UE est le lieu privilégié qui doit servir d'exemple et de moteur de ces stratégies. Ceci suppose que les armées de l'Union respectent de manière absolue les critères les plus stricts en cas d'utilisation de l'outil militaire. Et cela nécessite également une prise de conscience de ces enjeux futurs chez les décideurs politiques et militaires.


Explication de l'amendement

Le sujet intéresse beaucoup moins à Ecolo aujourd'hui qu'hier. Pourquoi?

Entre autres, c'est suite à une bonne nouvelle. Même si nous ne nous en rendons pas compte, la résolution des conflits par la violence est de plus en plus rare sur le théâtre européen et, dans une moindre mesure, dans le monde. Que ce soit à l'échelle des millénaires, celle des siècles et même celle des décennies, l'évolution globale est très positive.

Nous utilisons de moins en moins la violence dans le cadre privé. Même si les hommes ont à ce niveau des décennies de retard sur les femmes, tuer son prochain ou même le blesser devient un acte de plus en plus rare. Nous avons en Europe un niveau de violence très inférieur à celui des autres continents.

La violence institutionnelle est aussi de moins en moins répandue. En Europe, la peine de mort est dorénavant bannie partout du Code pénal alors que des Etats démocratiques tels que les Etats-Unis et le Japon l'appliquent encore.

Enfin, la violence interétatique diminue. L'Union européenne est une entité qui a su éviter depuis sa création tout conflit armé entre ses membres alors qu'il y a à peine un siècle, les haines par exemple entre anglais, français et prussiens semblaient absolument inextinguibles.

Ces évolutions positives font partie d'un cadre global. Nous vivons de plus en plus longtemps dans une abondance matérielle croissante dans des sociétés où la connaissance de soi mais aussi des autres grandit constamment. Ceci s'explique notamment par des progrès technologiques gigantesques.

Mais malheureusement, les progressions techniques ne concernent pas que des évolutions favorables. C'est en 1945 qu'il a été pour la première fois possible de tuer en un instant des populations civiles par centaines de milliers avec une seule arme, l'arme nucléaire. Durant les années 50, la puissance nucléaire est devenue telle que quelques personnes pouvaient dorénavant détruire si pas l'espèce humaine en tout cas, la civilisation que nous connaissons actuellement.

Nous ne le percevons pas mais, comme le disait un humoriste un peu cynique, chaque année, le quotient intellectuel nécessaire pour détruire la planète diminue d'au moins 1 %. Dans les décennies qui viennent, les progressions en matière de nanotechnologies, de génie génétique, de compréhension et de maîtrise des mécanismes du vivant et les développements informatiques notamment dans le domaine de l'intelligence artificielle vont faire croître les risques massifs pour les populations civiles et même existentiels pour l'espèce humaine. Les risques liés aux armes nucléaires ont globalement diminué pour ce qui est des risques de destructions globales. Mais ces risques se sont diversifiés et ont augmenté par la multiplication des entités disposant de l'arme nucléaires, par les possibilités de miniaturisation. Et surtout le risque nucléaire n'est potentiellement plus le seul risque existentiel.

Les risques que nous n'apercevons pas encore sont donc, chaque année, plus angoissants. Pour limier les risques d'utilisation, la vie humaine doit devenir aujourd'hui plus qu'hier et demain beaucoup plus qu'aujourd'hui l
e bien le plus précieux. Il est indispensable de rendre tout usage de la violence vis-à-vis de populations civiles non envisageables.

Le lieu du monde qui peut le plus donner l'exemple à ce sujet est l'Union européenne. Mais une union européenne plus exigeante encore vis-à-vis d'elle-même au point de vue de la non-violence qu'envers les autres. Parce qu'il en va de notre honneur à court terme. Parce qu'il en va de notre intérêt à moyen terme. Et parce qu'il pourrait y aller de notre survie à long terme.


Source de l'image: http://www.flickr.com/photos/mikelehen/3165111964/