jeudi 14 avril 2011

25.000 logements publics bruxellois en 3.600 jours (Lettre bimestrielle, numéro 10). Mars 2011.

Les accords gouvernementaux régionaux bruxellois de l'été 2009 sont ambitieux. Ils prévoient, en une période de 10 années, une augmentation radicale du nombre de logements publics par une norme à atteindre dans les 10 années à venir de 15% de logements de qualité à gestion publique et à finalité sociale.

Le calcul du nombre réel de logements à créer varie énormément selon les estimations (voir l
ettre de novembre 2010). Cette lettre se base sur un nombre de 25.000 logements. Dans ce nombre, il a été tenu compte des logements mis à disposition par les agences immobilières sociales (A.I.S.) même s'il ne s'agit pas au sens strict de logements à gestion publique mais il n'a pas été tenu compte des prêts du logement car ils concernent des immeubles à gestion totalement privée.

Dans ce cadre, au rythme actuel, il est plus clair chaque mois que l'objectif décennal ne sera pas atteint à moins d'une modification radicale du rythme des réalisations. L'objectif est d'autant plus difficile à atteindre que, vu la croissance rapide de la population bruxelloise, les constructions privées nouvelles sont nombreuses. Et donc, l'objectif de 15 % de logements publics suppose un nombre absolu de logements à créer de plus en plus élevé.

La présente lettre bimestrielle a pour objectif d'être un aiguillon pour favoriser néanmoins une réalisation partielle des objectifs.

Le nombre total de logements en projet est aux alentours de 4.500. Mais parmi ceux-ci seuls environ 900 sont en construction. Et, malheureusement, tant qu'une construction n'est pas démarrée, la réalisation effective d'un projet reste (très) aléatoire. Un récapitulatif un peu plus détaillé des projets en cours est disponible sur le site du Secrétaire d'Etat compétent, Christos Doulkeridis.

Au cours des deux mois écoulés, 80 logements sociaux ont été inaugurés à Jette. D'autres inaugurations sont annoncées pour la fin de l'année et des nouveaux projets ont été annoncés. C'est mieux que les mois précédents, mais cela reste largement insuffisant pour atteindre l'objectif.

Ci-dessous, seuls les logements effectivement mis à disposition sont comptabilisés: les chantiers, projets en cours de marché public,... ne sont pas repris.


État de la réalisation des 25.000 logements en 3.600 jours (connu au 30 mars 2011)(ce mode de calcul ne prend pas en compte les prêts sociaux):

  • Nombre de logements publics nouveaux construits depuis le début de la législature dans le cadre du plan dit des 5000 logements: 250

  • Nombre de logements publics créés à partir de bureaux transformés: 0

  • Nombre de logements publics créés à partir de logements et autres immeubles abandonnés: 0

  • Nombre de logements publics créés par d'autres moyens (acquisitions, locations, contrats de quartier...): non connu avec précision, peut-être aux alentours de 400

  • Nombre de logements privés mis à disposition par les A.I.S.: non connu avec précision, probablement aux alentours de 500

  • (-) Suppressions de logements publics (acquisition par les locataires, destructions,...): non connu avec précision, probablement aux alentours de 0

  • Nombre total de logements publics nouveaux réellement créés: aux alentours de 1.150

  • Temps écoulé : 20 mois depuis les accords politiques (21 mois depuis le début de la législature)

  • Temps restant pour achever la mise à disposition des logements : 99 mois

  • Nombre total de logements publics qui auraient dû être créés durant le temps écoulé (sur la base de 200 logements par mois): 4.200

  • Somme minimale économisée par les autorités régionales ou locales bruxelloises aux dépens des personnes qui occuperaient les logements (sur base d'un coût de 100.000 € par logement): un peu plus de 300 millions d'euros


Informations complémentaires:

- Le texte de l'accord de gouvernement 2009-2014 du 12 juillet 2009 est accessible à la page
http://www.parlbruparl.irisnet.be/images/imgparl/accords2009/accordsfr.pdf.

- Un site
http://www.planlogement.be avait été réalisé par le Secrétariat d'Etat bruxellois au Logement et à l'Urbanisme durant la législature précédente. Le contenu de ce site a été supprimé depuis longtemps et depuis quelques semaines, même la page d'accueil du site n'est plus accessible.


Si vous communiquez des informations pertinentes, elles seront diffusées dans la prochaine lettre.

Didier Coeurnelle, conseiller communal à Molenbeek-Saint-Jean

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mercredi 13 avril 2011

La mort de la mort. Numéro 24. Mars 2011.

Mettre fin au vieillissement ne va pas plus mettre fin à l'humanité que le contrôle des naissances, l'hygiène ou l'agriculture. Le changement (radical) n'est pas la destruction. Luke Parrish, lecteur du site www.fightaging.org (traduction)

Cryogénisation: rêves et cauchemars sortis du congélateur


En 1962, un professeur de physique et de mathématiques d'une petite université du Michigan, Robert Ettinger, écrit un livre "The prospect of immortality". Ce livre est devenu le texte fondateur de ceux qui veulent échapper provisoirement à la mort en attendant le futur. L'idée de l'auteur est assez simple et caractéristique de cette période d'optimisme presque débridé : comme la médecine du futur permettra de vaincre les maladies qui nous minent actuellement, congelons ceux qui meurent pour attendre patiemment la possibilité d'un réveil et d'une guérison future lorsque la science aura vaincu les maladies

Cinquante ans plus tard, monsieur Ettinger a atteint l'âge respectable de 93 ans. Les deux femmes qu'il avait épousées et sa mère sont décédées et leurs corps sont conservées à -192 degrés. Mais les progrès technologiques et le degré d'acceptation des idées dans ces domaines ont été nettement moindres que ce que l'intéressé espérait.

Les progrès les plus importants ont été faits pour ce qui concerne la conservation du corps à basse température. Aujourd'hui, grâce à l'apport de certaines substances, la cryogénisation, qui ne peut bien sûr se faire qu'après le décès (sauf à commettre ce qui est en droit un assassinat), garde le corps du défunt dans un bon état de conservation.

Par contre, les progrès sont beaucoup plus lents pour ce qui concerne le réveil. Alors que de nombreux êtres vivants de petite taille peuvent être conservés congelés puis ramenés à un état d'activité normal si nécessaire après des années et que la conservation d'embryons est possible depuis des décennies, aujourd'hui encore, aucun mammifère et a fortiori aucun être humain n'a jamais survécu à la congélation. Et les progrès technologiques envisageables à court et moyen terme n'annoncent pas de percée dans ces domaines. La science-fiction des années 60 et 70 avait popularisé l'idée notamment via les films "2001, l'odyssée de l'espace" et "Woody et les robots" mais la réalité n'a pas dépassé la fiction.

C'est probablement dans le domaine culturel que l'évolution a été la plus "conservatrice". Un demi-siècle après que l'idée d'attendre des jours meilleurs sous forme glacée ait été popularisée et alors que cette méthode est en fait à la portée de centaines de millions de personnes de par le monde (pour environ 80.000 dollars plus cher qu'une belle voiture mais moins coûteux qu'un petit appartement), le nombre de personnes cryogénisées dans le monde ne se compte qu'en centaines et le nombre de citoyens ayant conclu un contrat pour être conservés en cas de décès se compte à peine en milliers.

Ceci s'explique peut-être par un phénomène paradoxal de peur inextinguible de la mort. La moins mauvaise manière de gérer cette peur est d'éviter d'y penser, de s'en soucier. Selon toute vraisemblance, pour encore bien des années, des milliards de citoyens du monde, riches ou pauvres, investiront
des dizaines de milliards de dollars en € et dollars, en crèmes et en pilules (chiffre d'affaires de 200 milliards d'euros par année) pour tenter (avec une efficacité très réduite) d'échapper aux signes de vieillissement. Mais ils resteront beaucoup plus économes en ce qui concerne des investissements pour permettre de lutter collectivement pour une vie plus longue.


La bonne nouvelle du mois: Un livre intitulé "La mort de la mort"


Un ouvrage portant le titre de la présente lettre écrit par par le docteur Laurent Alexandre, fondateur du site internet Doctissimo, vient d'être publié. Le sous-titre de l'ouvrage est "Comment la technomédecine va bouleverser l'humanité". L'association Heales n'est pas liée à l'auteur de cet ouvrage mais elle se réjouit de la proximité des idées et donc de la contagion culturelle rapide dans ce domaine.