lundi 27 août 2012

La mort de la mort. Numéro 41. Août 2012.



"Évidemment nous devons notre survie sur la planète au fait que ceux qui nous précèdent ont accepté de mourir sinon il y a une surpopulation et un problème d'égoïsme à penser à soi et pas à laisser les générations futures prendre le relais." Pierre Le Coz, vice-président du Comité consultatif national d'éthique, président du comité de déontologie et prévention du conflit d’intérêt. Une déclaration anti-longévité pour le moins étrange qui semble postuler que les générations précédentes se sont systématiquement suicidées en fin de vie.



Thème du mois : Les maladies neurodégénératives



Les maladies liées aux dégradations progressives du système neuronal sont, de toutes les maladies liées au vieillissement, celles pour lesquelles les progrès de nos connaissances scientifiques et thérapeutiques sont les plus lentes. Suite notamment à cela, le nombre de victimes croît partout dans le monde particulièrement là où la moyenne d'âge de la population croît le plus vite.

Sous le terme "maladies neurodégénératives", on regroupe diverses affections. Les plus connues sont la maladie d'Alzheimer et la maladie de Parkinson. La maladie d'Alzheimer est en fait, de très loin, le mal qui touche le plus de personnes âgées. C'est pourquoi dans la présente lettre, c'est principalement elle qui sera abordée.

Ce qui est le plus connu du grand public, ce sont les conséquences de la pathologie. Au fur et à mesure de l'avancée en âge, la personne atteinte perd ses capacités cognitives. L'évolution est très progressive débutant généralement par une perte de mémoire des évènements les plus récents, se poursuivant par une diminution des capacités à effectuer les actes de la vie quotidienne et se terminant par une impossibilité pour le cerveau d'assurer les fonctions vitales et donc par la mort. La période de vie après la constatation de la maladie varie mais dépasse rarement dix ans.

La maladie d'Alzheimer et d'autres formes de démence ont un aspect particulièrement déroutant et angoissant. Ce que  souhaite peut-être le plus l'être humain, c'est le maintien de la  conscience. En quelque sorte, nous habitons notre corps. Dans la maladie d'Alzheimer, ce n'est pas le corps qui semble renoncer à se conserver, c'est d'abord la conscience qui s'efface lentement mais inexorablement.

La maladie d'Alzheimer est liée à une dégradation physique du cerveau. C'est la présence excessive et la dégradation de certaines protéines qui provoquent la maladie. Il y a deux aspects principaux: la formation d’agrégats de protéines appelés plaques séniles ou plaques amyloïdes et la dégénérescence de cellules nerveuses dans certaines zones du cerveau. Aux stades avancés de la maladie, le cerveau se contracte considérablement.  L'évolution physique de la maladie est assez bien connue et étudiée pour ce qui concerne les animaux. En effet, des souris atteintes d'une affection génétique proche de la maladie d'Alzheimer humaine sont étudiées en laboratoire. Chez ces animaux, des troubles cognitifs sont aussi observés par exemple une moindre capacité à la mémorisation.  

Pour les êtres humains, l'évolution physique de la maladie est moins bien connue que pour les souris. Ce paradoxe est dû au fait que les souris peuvent être sacrifiées avant que la maladie ait atteint un stade avancé alors que pour les hommes, ce n'est évidemment pas possible. Les cerveaux humains observés sont donc ceux de personnes gravement atteintes sauf lorsque les patients sont décédés d'une cause autre que la maladie d'Alzheimer.

Aurons-nous tous une maladie neurodégénérative si nous vivons suffisamment longtemps (en l'absence de progrès médicaux) ?

Il est certain que la prévalence de la maladie augmente rapidement avec l'âge. Elle touche environ 5 % de la population à partir de 65 ans et au moins 30 % des personnes âgées de 85 ans et plus, Pour les centenaires, au moins la moitié des personnes souffrent d'une maladie neurodégénérative mais il n'est pas établi que le pourcentage continue à croître pour les personnes les plus âgées. Cependant, même à supposer que le pourcentage se stabilise pour les plus âgés, il est en tout cas certain qu'en l'absence de progrès thérapeutiques, vu l'allongement de la durée de la vie, la probabilité d'en être atteint croit inexorablement.

De plus, il faut remarquer que le nombre de personnes atteintes de la maladie de Parkinson et, dans une moindre mesure, d'autres maladies neurodégénératives augmente également avec l'âge.

Des causes multiples

L'origine de la maladie n'est pas réellement connue. En dehors de l'âge, de nombreux autres éléments semblent entrer en ligne de compte mais aucun ne joue un rôle important indiscutable.
  •  Sexe. Les femmes sont plus souvent atteintes que les hommes mais cela pourrait être lié exclusivement à leur plus longue espérance de vie.
  •  Héritabilité. Le risque est accru pour les personnes ayant des parents qui ont été atteints. Certains gènes indiquent une prédisposition à la maladie. Mais, dans la majorité des cas, la cause génétique n'est qu'un élément parmi d'autres.
  • Activités intellectuelles et physiques, état psychologique. Il semble établi que l'exercice d'activités et, une fois le début des signes de la maladie, le maintien, autant que possible de ces activités, a un rôle au moins retardateur de la maladie. Il en irait de même pour l'éducation et le bien-être psychologique. Cependant, en ce qui concerne les études statistiques à ce sujet, il y a toujours un risque de constater ce qui n'est qu'une corrélation pas une cause. Il se pourrait par exemple en l'espèce que les personnes qui souffrent ou souffriront de la maladie d'Alzheimer aient moins tendance à être physiquement et intellectuellement actives et soient moins heureuses.
  • Effets de l'environnement. Selon certains, la pollution notamment les particules fines, l'aluminium et le mercure, pourraient joue un rôle. Ceci pourrait expliquer que les pourcentages de personnes atteintes sont  très différents selon le lieu de résidence. Il faut par contre être circonspect en ce qui concerne l'augmentation de cas mesurée dans le temps à âge égal. Hier, on parlait  de la "grand-mère qui est distraite" et de "la vielle tante qui n'a plus toute sa tête". Aujourd'hui on diagnostiquera la maladie d'Alzheimer à un stade précoce pour la grand-mère et à un stade avancé pour la vieille tante.
Pour certains, les facteurs cités ne sont en fait que des facteurs accélérants ou retardateurs. Dans cette analyse, tout être humain vivant suffisamment longtemps finira par développer la maladie. Selon d'autres, une partie de la population ne développe pas de pathologie. En tout cas, un certain nombre de supercentenaires (personnes ayant atteint plus de 110 ans) vivent sans Alzheimer.

Dans un certain nombre de cas encore peu compris, il a été constaté après le décès que le cerveau présentait les signes de la maladie d'Alzheimer alors que la personne ne souffrait pas ou peu de troubles cognitifs. Le cas contraire s'est aussi présenté à savoir des patients souffrant apparemment de la maladie mais ayant un cerveau n'en présentant pas les signes physiologiques. Ceci illustre la complexité de la maladie mais aussi les extraordinaires capacités de résilience du cerveau lors de certaines lésions.

Des pistes de traitement

Malgré des recherches nombreuses, la ou les raisons du déclenchement de la maladie ne sont pas connues. A ce jour, aucun médicament n'est disponible qui puisse réduire de manière importante l'effet de la maladie pour les sujets déjà atteints. Les produits actuellement déjà utilisés ne font que palier aux conséquences du mal, par exemple des antidépresseurs.

Les pistes à l'étude pour venir à bout de la maladie sont:
  • L'utilisation de certaines substances. Des tests portant sur d'innombrables substances sont en cours. Malheureusement à ce jour, certains résultats prometteurs chez les souris n'ont pas été confirmés chez l'homme.
  • La vaccination et l'injection d'anticorps ayant pour effet de lutter contre les protéines néfastes avait donné des résultats prometteurs sur les souris mais a donné peu ou pas de résultats pour des patients humains.
  • La création d'inhibiteurs de la dégradation des protéines a aussi été tentée. Les tests sur les êtres humains ont permis quelques résultats mais seulement dans le cadre d'une stabilisation temporaire de la maladie.
  • En ce qui concerne les thérapies génétiques et l'utilisation de cellules souches, les avancées ne sont pas importantes actuellement. Les expériences déjà effectuées pour ce qui concerne la thérapie génique ont été des échecs.
Les maladies neurodégénératives en général et la maladie d'Alzheimer en particulier illustrent combien la lutte contre le vieillissement est un domaine complexe. A ce jour, des centaines d'essais cliniques sont en cours dont des dizaines sur des êtres humains. Le traitement n'est ni pour demain ni pour après-demain. Il faudra la combinaison de sommes considérables et d'une imagination extraordinaire à moins que la maladie soit attaquée indirectement suite à d'autres progrès ayant des implications médicales (nanorobots capables de détruire des protéines nuisibles par exemple).

La valeur ajoutée en termes de relations humaines, de bonheur et de progrès dans ce domaine serait cependant encore bien plus gigantesque que les sommes investies.


La bonne nouvelle du mois : création d'un parti pour la longévité en Russie


Le premier parti politique en faveur de l'augmentation de la longévité grâce aux progrès médicaux est en cours de création en Russie. Dans ce pays immense où l'espérance de vie a chuté de manière énorme, particulièrement pour les hommes durant les années 80, 90 et le début des années 2000, un mouvement a pris le nom de parti de la longévité (Партия продления жизни).

Bien sûr, la question de la durée de vie en bonne santé n'est pas la seule question importante dans la société russe ou mondiale. Mais que des citoyens se mobilisent pour sensibiliser l'ensemble de l'opinion publique sur ce thème est positif. C'est d'autant plus positif que l'accent est notamment souvent mis sur l'accessibilité pour tous des progrès médicaux.

Pour en savoir plus :

jeudi 9 août 2012

25.000 logements publics bruxellois en 3.600 jours (lettre bimestrielle, numéro 17). Mai - Juin 2012.


Les accords  gouvernementaux régionaux bruxellois du 12 juillet 2009 prévoient une augmentation radicale du nombre de logements publics par "une norme à atteindre dans les 10 années à venir de 15% de logements de qualité à gestion publique et à finalité sociale".

Cette lettre bimestrielle (qui parait cette fois avec un mois de retard) a pour objectif d'être un aiguillon pour favoriser une réalisation optimale de ces objectifs. Actuellement, environ 39.000 ménages sont sur les listes d'attente des sociétés de logement social bruxellois.

Logements publics à finalité sociale
Estimation de l’état des créations de logements connu au 1er juillet 2012

7.200
Nombre total de logements publics qui, logiquement, auraient dû être créés durant le temps écoulé (estimation sur la base de la mise à disposition de 200 logements par mois)
2.250
Nombre total de nouveaux logements publics à finalité sociale réellement créés (estimation). A décomposer comme suit:
966
Logements construits depuis le début de la législature dans le cadre du plan dit des 5000 logements
0
Logements créés à partir de bureaux transformés
0
Logements créés à partir de logements et autres immeubles abandonnés
600
Logements créés par d'autres moyens (acquisitions, locations, contrats de quartier…) (chiffre approximatif)
850
Logements privés mis à disposition par les A.I.S. (chiffre approximatif)
- 150
Logements publics supprimés (destruction, transformation-rénovation de petits logements en logements plus grands mais moins nombreux,…) (chiffre approximatif)
35
Nombre de mois écoulés depuis les accords politiques (36 mois depuis le début de la législature)
84
Nombre de mois restants pour achever la mise à disposition des logements

Depuis le début 2012, peu de constructions s'achèvent : durant les mois de mai et juin seuls 39 logements locatifs ont été inaugurés dans le cadre du plan logement à Ixelles et à Auderghem. Cela malgré la bonne volonté et l'énergie de beaucoup d'acteurs notamment au cabinet du Secrétaire d'Etat compétent.

En ce qui concerne les logements en chantier, leur nombre est malheureusement également faible. D'après le site de la SLRB, dans le cadre du plan logement, il y a actuellement six chantiers en cours, ce qui représente environ 400 logements. Durant les mois de mai et de juin, la construction de seulement 38 logements nouveaux a été entamée.

Par ailleurs, un objectif important est la rénovation de constructions abandonnées et la transformation de bureaux inutilisés en logement.

Pour ce qui concerne la conversion de bureaux en logements, un processus de primes suite à un appel à projets pour la conversion de bureaux obsolètes ou inoccupés en logements est en cours. C'est un enjeu non négligeable dans une cité qui compte au moins 1,4 million de mètres carrés de bureaux inoccupés. Actuellement le nombre de bureaux convertis en logements à vocation sociale est toujours égal à zéro de même que le nombre de conversions en chantier. Un permis d'urbanisme a cependant été délivré en juin délivré en juin pour 122 logements.

Le calcul du nombre réel de logements à créer varie énormément selon les estimations (voir lettre de novembre 2010). La présente lettre se base sur un nombre de 25.000 logements. Dans ce nombre, il a été tenu compte des logements mis à disposition par les agences immobilières sociales (A.I.S.) même s'il ne s'agit pas au sens strict de logements à gestion publique. Par contre, il n'a pas été tenu compte des prêts octroyés par le Fonds du logement car ils concernent des immeubles à gestion totalement privée.

Dans le tableau, seuls les logements effectivement mis à disposition sont comptabilisés. Ils sont pris en compte dès qu'ils sont réalisés même s'ils ne sont pas occupés. Les chantiers, projets en cours de marché public,... ne sont pas repris. 

Si les logements avaient été créés comme prévus, cela aurait eu un coût. A défaut, actuellement, on peut considérer que les autorités régionales ou locales bruxelloises ont économisé environ 550 millions d'euros (sur la base d'un coût de 110.000 € par logement) aux dépens des personnes qui auraient occupé les logements. 


Informations complémentaires


Si vous communiquez des informations pertinentes, elles seront diffusées dans la prochaine lettre.

Didier Coeurnelle, conseiller communal à Molenbeek-Saint-Jean
Source de l'image. Ravalement d'un hôtel à Paris, le Bristol.

mardi 7 août 2012

La mort de la mort. Numéro 40. Juillet 2012.


Il faut exiger une mobilisation totale de l'humanité pour la prolongation de la vie. Décréter la biologie, science prioritaire. Former des biologistes en masse, édifier des laboratoires, déclarer la guerre à la mort. François Cavanna, 1976, écrivain et dessinateur humoristique (mais la citation est au 1er degré).




Thème du mois : Les durées fictives extrêmes de vie chez les êtres humains



 
Depuis des millénaires, l’homme croit à la possibilité de vivre très longtemps, du moins pour certains.

L'âge le plus spectaculaire jamais affirmé dans la littérature concerne les sumériens.  Deux rois Alalngar et En-men-dur-ana auraient vécu 72.000 ans chacun. Ces âges gigantesques étaient recensés dans une liste royale sumérienne écrite il y a environ 5.000 ans.

Dans l'empire persan, ce sont aussi des souverains qui sont supposés avoir vécu extrêmement longtemps. Les records sont tout de même plus modestes. Les shahs Zahhak et Jamshid auraient vécu respectivement 1000 et 700 ans.

Les prétentions à la longévité les plus connues viennent de la Bible. Nous parlons encore aujourd'hui d'âge canonique. C'est le célèbre Mathusalem qui aurait atteint l'âge de 969 ans. D'autres personnages bibliques sont censés être décédés à un âge proche, Noé aurait par exemple vécu jusque 950 ans. Certains ont expliqué ces âges irréalistes par une confusion entre mois lunaires et années. Mathusalem aurait, dans cette hypothèse, vécu 78 ans.

Dans la bible, mais aussi pour les sumériens, les durées extrêmes concernent des périodes antérieures au déluge. Il y a 5.000 ans, tout comme aujourd'hui, le passé était censé avoir été un âge d'or. L'expression "âge d'or" décrit d'ailleurs, dans la mythologie grecque, une première période de l'humanité durant laquelle les hommes vivaient quasi-éternellement.

Il est probable que, dans chaque grande religion, certains saints ou sages aient été présentés comme ayant atteint des âges extrêmes. Il en va en tout cas ainsi des hindouistes, des bouddhistes comme des musulmans.

Les croyances en des vies extrêmement longues ont aussi concerné des lieux éloignés.

Comme le premier empereur de Chine voulait devenir immortel, il avait envoyé un amiral chercher sur 'l'île des immortels" la plante supposée lui permettre de ne pas mourir. Malheureusement, les navires ne revinrent jamais.

Selon une légende, l'explorateur Juan Ponce de Leon, qui découvrit la Floride en 1513, cherchait en fait la fontaine de jouvence. Mais il ne trouva ni la fontaine, ni ses utilisateurs.

Plus récemment, c'est dans la vallée des Hunzas, une région de haute montagne du Pakistan, que les habitants étaient supposés vivre très longtemps sans que des âges précis soient cités. Les âges atteints auraient varié de 120 à 140 ans. Ce cas devint célèbre suite à un article du "National Geographic" en 1973.

Dans l'ancienne Union soviétique, c'est dans une autre région montagneuse, le Caucase, que des citoyens géorgiens, arméniens et azerbaïdjanais étaient supposés atteindre un âge très avancé. En 1964, Shirali Muslimov fut fêté par les autorités soviétiques à l'occasion de son prétendu 159ème anniversaire.

Enfin, une troisième région montagneuse, les Andes équatoriennes était également supposée abriter des centenaires nombreux. Dans le village de Vilcamba, dans la "vallée de la longévité", en 1977, un homme prétendait avoir atteint l'âge de 132 ans.

Quels sont les points communs de ces lieux de grande longévité supposée et de leurs habitants?

- Les affirmations concernent plus d'hommes que de femmes alors que parmi les supercentenaires (personnes ayant atteint l'âge de 110 ans) prouvés, les femmes représentent environ 90 % des survivants.
- Les sources confirmant les naissances sont absentes ou contestables.
- Les affirmations d'âges extrêmes progressent plus rapidement que l'écoulement du temps. Autrement dit, une personne affirmant être âgée de 110 ans en 1960 prétendra par exemple être âgée de 130 ans en 1970.
- Il y a un intérêt économique et de prestige tant pour les personnes que pour la région à ce que les âges extrêmes soient élevés (rentrée de devises suite aux visites des chercheurs, mais aussi rentrées financières provenant de ceux souhaitant découvrir sur place les moyens de vivre plus longtemps).
- La frugalité et la qualité de la vie simple et sereine sont censées permettre la longévité.

D'autres aspects sont également intervenus dans certains cas: propagande politique (en Union soviétique), falsification pour éviter l'armée ou pour obtenir plus rapidement une pension, remplacement d'un membre de la famille décédé par un autre plus jeune, affirmation de produits alimentaires "miracles" (le yaourt des centenaires du Caucase),...

Au 21ème siècle, les prétentions ont beaucoup diminué. Le "Gerontology research Group" ne recense plus qu'une dizaine de personnes vivantes affirmant avoir dépassé l'âge de 122 ans et fournissant une date de naissance précise mais qui n'a pu être vérifiée. La personne donnant l'âge le plus élevé est un homme brésilien de 128 ans qui affirme être né le 10 mars 1884.

Cependant, des prétentions plus fantaisistes surgissent de temps en temps dans les médias. Ainsi, l'agence de presse belge Belga (Belgique) a récemment fait état du décès d'une congolaise, Antoinette Mbinga, morte a 130 ans. L'agence emploie bien le conditionnel dans certaines phrases du communiqué, mais sans mentionner que cette "nouvelle" est quasiment certainement fausse. 

Aujourd'hui, les affirmations les plus spectaculaires proviennent des  pays les moins développés. Ce n'est pas spécialement parce que la crédulité est moindre au Nord qu'au Sud ni parce qu'une vie frugale et naturelle permet une vie plus longue, c'est plus simplement parce qu'ici les légendes urbaines et croyances résistent très mal aux administrations qui établissent depuis suffisamment longtemps des registres d'état-civil, des cartes d'identité, des numéros de sécurité sociale et des déclarations d'impôts. 

La prochaine fois que vous lirez dans un périodique un article à propos d'un joyeux arrière-arrière-grand-père tibétain faisant son jogging au pied de l'Everest à 130 ans ou à propos d'une vieille équatorienne de 125 ans venant de se marier avec un jeune homme de 75 ans, rappelez-vous, tout est faux.

Plus exactement, la probabilité que cela soit faux est d'environ 99,999 %. En effet, partout où l'état civil existe, personne n'a jamais dépassé l'âge de Jeanne Calment. Chaque fois que des affirmations spectaculaires ont pu être confrontées à des éléments de preuve, des supercheries ou des erreurs se sont révélées.

Jusqu'à présent, c'est Jeanne Calment, une française, qui a atteint l'âge le plus élevé de l'histoire avec des preuves jugées suffisantes. Elle est décédée en 1997 à l'âge de 122 ans et 5 mois. Elle restera la personne ayant vécu le plus longtemps de manière validée pendant au moins encore pendant six années puisque, à ce jour, l'être humain à l'âge prouvé le plus âgé au monde n'a "que" 115 ans. Il s'agit de Besse Cooper, née en 1896 aux Etats-Unis.

Pour aller plus loin et en meilleure santé, les croyances, la frugalité et les montagnes ne suffiront pas, il faudra des progrès médicaux.




La bonne nouvelle du mois : thérapie génique en voie d'approbation au niveau de l'union européenne



Selon la BBC, la commission européenne va bientôt permettre pour la première fois l'utilisation d'une thérapie génique dans le cadre d'une maladie génétique rare, la déficience en lipoprotéine lipase. La thérapie utilise un virus qui "infecte" les cellules musculaires et transforme les gènes. Cette thérapie devrait permettre aux patients d'avoir une alimentation normale. Ce serait un premier pas vers une acceptation plus globale de thérapies géniques. Ces thérapies sont parmi les plus importantes méthodes envisageables pour lutter contre les maladies liées au vieillissement.



Pour en savoir plus :

Plus d'information à propos de la thérapie génique en voie d'approbation: http://www.bbc.co.uk/news/health-18926892
Supercentenaires validés actuellement en vie: http://grg.org/Adams/E.HTM
Source de l'image: http://en.wikipedia.org/wiki/File:Building_in_Karimabad.jpg (Vallée des Hunzas)