jeudi 10 juin 2010

Lettre aux électeurs pour le 13 juin 2010

Dans quelques dizaines d'heures, vous pourrez voter pour les élections fédérales belges. L'enjeu, dès le 13 juin au soir, sera notamment de redéfinir comment tenter de vivre ensemble entre néerlandophones et francophones. A quelque niveau que ce soit, je pense que la vie en société se passe mieux lorsque nous arrivons à vivre avec plus de solidarité, plus d'attention pour le long terme et plus de respect mutuel.

J'ai choisi, il y a bien des années, de militer pour Ecolo et pour Groen!, les composantes belges du parti vert européen, parce que, à mon avis, les Verts sont le mouvement qui peut le mieux promouvoir l'intérêt de tous, aujourd'hui et demain, au Nord et au Sud, sans distinction de race, de naissance, de sexe ou d’origine. Vivre ensemble, c'est difficile, mais passionnant.

C'est pour ces raisons que, cette fois comme pour des élections précédentes, je vous propose de voter pour les partis les plus à gauche et les plus éthiques présents dans les parlements de notre petit pays fédéral. Je vous invite aussi, si vous avez un peu de temps, à consulter les programmes d'Ecolo http://web4.ecolo.be/?-Le-programme-complet- et de Groen! http://www.groen.be/ideen/programma_16.aspx.

Je connais de nombreux très bons candidats verts sur les listes partout en Belgique. Personnellement, habitant Bruxelles, je voterai à la Chambre notamment pour les candidats d'Ecolo Zoé Genot (2ème), Sarah Turine (22 ème) et Eric Remacle (11ème suppléant) et au Sénat je voterai pour Wouter Van Besien, président de Groen! et dernier candidat de cette liste.

Choisir, c'est renoncer. J'aurais pu aussi "panacher" dans l'autre sens en votant Groen! à la Chambre et Ecolo au Sénat. J'aurais alors voté, comme choix d'apaisement linguistique, pour une citoyenne francophone (et multilingue) de la périphérie, Fatima Boudjaoui 3ème candidate sur la liste Groen! à la Chambre et pour Zakia Khattabi, candidate multiculturelle et féministe, 12ème sur la liste Ecolo au Sénat.

Les verts au gouvernement sont loin d'être parfaits notamment malheureusement au niveau de la politique bruxelloise de logement social et de mobilité bruxelloise. Mais ils sont plus que jamais ancrés à gauche réinvestissant notamment plus que tous les autres partis parlementaires dans la réduction généralisée du temps de travail et dans une solidarité accrue de la part des revenus les plus élevés.

Je vous invite aussi dès le 14 juin à être exigeant vis-à-vis des partis et des élus. Et ceci en ne demandant pas seulement ce que les politiques peuvent faire pour vous mais aussi ce que vous pouvez faire pour que les élus participent à un monde plus solidaire.

Didier Coeurnelle
Citoyen du monde, (techno)progressiste et conseiller communal à Molenbeek.

Source de l'image: http://www.flickr.com/photos/kallisys/466922372/

dimanche 6 juin 2010

La mort de la mort. Numéro 15. Mai 2010.

La racine du mal causé par les êtres humains n'est pas la nature animale de l'homme, ou l'agression territoriale ou encore l'égoïsme. La racine du mal, c'est notre besoin d'acquérir l'estime de soi, de refuser notre mortalité et de réaliser une image de soi héroïque. Notre désir du meilleur est la cause du pire. Sam Keen, philosophe et psychologue américain (traduction).

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Thème du mois: La peur inconsciente et inextinguible de la mort. La gestion de la terreur.

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L'être humain est probablement le seul être vivant qui sait qu'il va mourir et certainement le seul à connaître l'inéluctabilité de sa fin. Cette réalité est tellement insoutenable qu'elle exige des réactions à plusieurs niveaux.

La première réponse est l'oubli: plus les personnes sont âgées, plus la mort s'approche. Et plus notre conscience réprime l'idée de la mort. Ainsi, si durant un test psychologique, l'expérimentateur projette des images qui évoquent des décès et d'autres images, les personnes les plus âgées se rappelleront moins les images évoquant la mort que les autres.

Mais certains psychologues affirment avoir découvert des mécanismes plus complexes et surprenants qu'ils nomment "terror management theory" (théorie de la gestion de la terreur). Inconsciemment nous ne pouvons accepter notre mort qu'en nous intégrant dans un ensemble plus large: notre groupe social, nos enfants, ceux qui pensent comme nous. Et, toujours inconsciemment, pour lutter contre la peur de notre décès, il faut que nous renforcions cette "appartenance" collective. Ces psychologues se sont livrés à de nombreuses expériences démontrant que plus nous sommes confrontés à des idées liées aux décès, plus nous nous rapprochons du groupe et nous rejetons les différences. Ainsi, dans un test curieux et amusant, des étudiants devaient préparer à manger pour des personnes ayant des idées politiques opposées à eux. Ils pouvaient épicer à souhait la nourriture. Les étudiants confrontés à l'idée de leur mort préparaient une nourriture beaucoup plus épicée (et donc désagréable) pour leurs adversaires.

La théorie du "terror management", comme la plupart des théories psychologiques, est contestée par certains. Mais ce qui est peu contesté, c'est que les personnes âgées sont généralement plus attachées à leurs enfants, à leurs proches ainsi qu'à leurs idées et aux traditions et évitent de penser à la mort "qui est tout au bout". Et il est certain aussi que de faire d'une vie finie quelque chose de positif rend la fin plus supportable voire souhaitable.

Beaucoup se disent donc que la mort fait partie de la nature que tout est né et meurt, que c'est souhaitable. Epicure disait il y a 22 siècles:
Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons la mort n'est pas là et lorsque la mort est là nous n'existons pas.

Il y a aussi d'autres réponses possibles à l'angoisse de la mort.


Il y a d'abord le grou
pe restreint de ceux qui pensent et espèrent que le progrès technique permettra un jour d'échapper à la mort en tout cas pendant une période de plus en plus longue. Mais il s'agit d'un espoir, à moyen ou long terme et qui est encore ténu.

Il y a aussi et surtout, pour des milliards de citoyens, les convictions religieuses annonçant une survie après la disparition physique. Cependant, même chez ceux qui s'affirment les plus croyants, l'angoisse face à la mort diminue peu. La meilleure preuve en est que, lorsqu'une personne meurt, rares sont les survivants même très pieux qui ressentent une joie sincère. Une personne qui serait réellement convaincue que son enfant, son conjoint, sa mère, entre au paradis après de longues souffrances devrait être emplie de joie.

Mais, que nous le voulions ou non, sauf bouleversement économique ou politique, les progrès technologiques nous amèneront à réfléchir autrement. Nous ou les générations qui nous suivront. Il va de soi que les mécanismes psychologiques qui nous permettent de faire face à la mort depuis des millénaires ne changeront pas du jour au lendemain. Ceux qui roulent en voiture sur une route glissante serrent le volant plus fort que si la route est sèche sans que cela modifie la tenue de route de la voiture. Notre cerveau nous maintient éveillé trop tard le soir parce que la lumière artificielle surtout de forte intensité n'existe que depuis quelques générations. Nous trouvons la nourriture sucrée ou riche en calories, délicieuse et agréable, alors qu'elle est trop abondante et nuit à notre santé. Vivre dans un monde meilleur, c'est aussi vivre dans un monde changeant où les signaux que nous donne le "bon sens" sont parfois erronés. C'est parfois difficile à gérer mais c'est passionnant!

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Les bonnes nouvelles du mois: Le bébé qui ne voulait pas vieillir et la création d'une bactérie "artificielle"

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Brooke Greenberg a 17 ans mais elle a le corps (et l'esprit) d'un bébé de 15 mois. L'affection dont elle souffre est inconnue mais il est probable qu'elle est génétique et liée aux mécanismes du vieillissement. Des chercheurs américains examinent les causes génétiques possibles. L'objectif est de déterminer quels gènes sont responsables du retard du vieillissement.

Un succès possible dans ce domaine ne signifiera pas -bien sûr- une méthode pour ne plus vieillir mais pourrait permettre de comprendre les facteurs génétiques permettant une vie (beaucoup) plus longue.

Le célèbre et controversé biologiste Craig Venter et son équipe ont réussi à remplacer l'ADN d'une bactérie par de l'ADN d'origine totalement artificielle. La presse a parlé de "vie artificielle" alors qu'en fait il ne s'agit que d'un pas dans cette direction. En effet, seul l'ADN est artificiel pas le reste de la cellule et il s'agit principalement d'une simple copie de l'ADN naturel, pas d'une création d'un être vivant nouveau. Il n'empêche, ce pas scientifique est un des pas de géants qui permettent un peu plus chaque jour de comprendre et maîtriser "l'alphabet" du vivant qu'est l'ADN.
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Source de l'image: http://www.flickr.com/photos/peterjr1961/2495638395/