lundi 28 décembre 2015

La mort de la mort. Lettre de décembre 2015. Numéro 81.



Actuellement, nous dépensons 50 fois plus d’argent pour guérir les malades que nous n’en investissons dans la recherche qui nous empêchera de tomber malades. La médecine est devenue une vraie science depuis à peine 100 ans, et nous avons déjà pu vaincre certaines maladies et faire des progrès importants pour d’autres. Alors que la technologie s’accélère, nous devons avoir comme objectif de prévenir et guérir toutes – ou presque toutes - les autres maladies, dans les 100 ans à venir. (...) Notre génération pourra-t-elle guérir les maladies pour que vous viviez beaucoup plus longtemps et en meilleure santé ? Lettre de Mark Zuckerberg (et de son épouse) à sa fille, le 1er décembre 2015 (traduction).   


Thème du mois:
La mort ne recule pas que sur le front du vieillissement




Nous savons que l'espérance de vie progresse en Europe et partout dans le monde.  C'est dû, bien sûr aux progrès de l'hygiène et de la médecine. Ce dont nous nous apercevons moins, c'est combien la plupart des sources de mortalité d'hier sont devenues aujourd'hui exceptionnelles, surtout dans les pays les plus riches. De manière inhabituelle, la présente lettre n'aborde donc pas la sénescence, mais bien les causes de mortalité qui ne sont pas dues directement aux maladies liées au vieillissement. Pour cette lettre, sauf mention contraire, ce seront des chiffres concernant la France qui seront cités.


La violence volontaire


Nous ne nous en rendons généralement pas compte, mais en France comme dans le reste de l'Union européenne, les décès causés par la violence sont devenus exceptionnels. La tragique tuerie par des terroristes islamistes du 13 novembre 2015 est une exception actuellement dans toutes les mémoires mais, en moyenne, chaque année, de moins en moins de citoyens sont tués par d'autres citoyens. Ainsi, il y avait 3.060 homicides en 1888, il y en a eu 745 en 2013 (pour une population bien plus élevée). En Europe, les États montrent l'exemple de la non-violence puisque la peine de mort ainsi que toute forme de violence physique comme sanctions pénales, ont été totalement abolies dans l'Union européenne il y a plusieurs décennies.


Cependant, la violence volontaire la plus destructrice se produit lors des guerres. Dans ce qui est aujourd'hui l'Union européenne, nous avons le bonheur d'échapper aux conflits armés depuis plus de 70 ans. Dans le monde, le nombre de décès lors de guerres est globalement en diminution depuis des décennies. Cependant, il a malheureusement cru en 2013 et 2014 suite aux conflits dans le monde arabo-musulman, particulièrement en Syrie.


Les décès accidentels


Lorsque nous pensons à un décès accidentel, nous pensons d'abord à un accident de transport. C'est probablement le domaine de la mortalité où les progrès ont été les plus extraordinaires. Extérieurement, une voiture des années 2010 ressemble assez nettement à une voiture des années 1970. Il en va de même d'un avion ou d'un train des deux époques. Mais ce qui a merveilleusement progressé, c'est le degré de sécurité des usages de ces véhicules. En ce qui concerne la circulation routière, il y a eu 18.000 morts sur les routes françaises en 1973. Quarante ans plus tard, il n'y en a plus eu que 3.000 alors que le nombre de véhicules a plus que doublé durant cette période.


En ce qui concerne les autres accidents, les progrès sont considérables également. Ainsi, les décès suite à des accidents du travail étaient au nombre de 2.383 en 1971. Ils n'étaient plus que 541 en 2014. La plupart de ces accidents ont également lieu sur la route, mais les décès suite à des incendies, électrocutions, noyades diminuent également. Ceci s'explique bien sûr parce que les soins en cas de blessure sont plus efficaces, mais d'abord parce que des législations plus nombreuses, des mesures de prévention plus strictes, des connaissances plus étendues permettent une diminution du nombre et de la gravité des accidents.


Les suicides


En ce qui concerne ce domaine, il n’y a pas  d'évolution positive. Le nombre de décès par suicide reste relativement stable ces vingt dernières années après avoir été en croissance durant la fin du 20e siècle. Les statistiques dans ce domaine sont cependant complexes, notamment parce que le choix de mettre fin à sa vie est souvent dissimulé ou non répertorié.


Les décès dus à la nature


Les loups ne sont pas entrés à Paris et les risques d'être tué par un animal sont faibles, même s'il y a chaque année des décès suite à des piqûres d'insectes ou des morsures et blessures causée par certains animaux (bétail, chiens, ...). Aujourd'hui, lorsque la nature "se révolte", nous sommes devenus bien mieux organisés qu'avant pour en diminuer l'impact. Ainsi, alors qu'en 1930, des inondations dans le Tarn tuaient encore des centaines de personnes, les inondations les plus meurtrières des dernières décennies, en juin 2010 dans le Var, n'ont fait "que" 27 morts. Les tempêtes, elles, ne font plus que de rares victimes surtout en mer.


Et si l'espérance de vie ne dépendait que d'une source, combien de temps vivrions-nous aujourd'hui ?


Pour visualiser l'ampleur des progrès accomplis, imaginons que les meurtres soient la seule cause de décès en France.  Si nous ne mourions qu’en tant que victimes de meurtriers, notre durée de vie aurait quadruplé depuis 1888 (quatre fois moins de "chance" d'être victime d'un meurtre). En 1888, nous vivions en moyenne moins de 50 ans. Nous vivrions aujourd'hui plus de 200 ans.


Imaginons maintenant que les accidents de voiture soient la cause unique de la mort. Notre durée de vie aurait sextuplé depuis les années 1970. Nous vivions à l'époque environ 70 ans. Nous vivrions donc en 2015 plus de 400 ans.

Autrement dit, la médecine de la longévité progresse, mais il y a probablement beaucoup à apprendre des progrès réalisés dans d'autres domaines où, proportionnellement, plus encore de vies sont sauvées.




Les bonnes nouvelles du mois : Metformine, Zuckerberg et les citoyens britanniques en route vers de nouvelles aventures de longévité (communiqué de presse de Heales, décembre 2015)




Le 2 décembre, la Food and Drug Administration des États-Unis a autorisé un essai de cinq ans de la metformine sur 3000 personnes âgées de 60 ans et plus. La metformine permet déjà un allongement spectaculaire de la vie pour les patients diabétiques. L'objectif de cette recherche révolutionnaire est de vérifier si le vieillissement chez les personnes âgées "ordinaires" est ralenti avec ce produit (comme il l’est chez la souris). En d'autres termes, l'objectif est de traiter le vieillissement comme une maladie.


La veille, le 1er décembre, Mark Zuckerberg, célébrant la naissance de sa fille, a décidé de consacrer l'essentiel de sa fortune, soit 43 milliards de dollars pour créer (avec son épouse), une société dont l'un des objectifs sera de lutter contre les maladies qui subsistent aujourd'hui. (...)


Mark, tu n'es pas tout seul. Selon un sondage, 87 % des lecteurs du journal britannique Daily Telegraph choisiraient de ”prendre une pilule anti-âge pour vivre jusqu'à 120 ans" s'ils le pouvaient. Donc déjà 87 % de technoprogressistes et plus que 13 % de bioconservateurs parmi les 20.000 répondants.


Nous changeons de paradigme médical. C'est un changement révolutionnaire que nous souhaitons en tant que longévitistes. Les maladies dues à la vieillesse ne doivent pas être combattues uniquement dans quelques endroits prometteurs des États-Unis. Nous invitons les autorités publiques et les entreprises privées à faire de même partout dans le monde. Une recherche publique intense permettra un développement plus rapide, ce qui garantira une plus grande accessibilité et le partage de l'information médicale au profit de nouvelles thérapies pour tous. De nouvelles entreprises privées peuvent accélérer le rythme des découvertes. Des milliers de scientifiques et des milliards de citoyens bénéficieraient d'une nouvelle volonté politique pour veiller à ce que tous, en commençant par les plus pauvres, puissent jouir d'une vie beaucoup plus longue et beaucoup plus saine.


Agissons !





Pour en savoir plus :

lundi 30 novembre 2015

La mort de la mort. Lettre de novembre 2015. Numéro 80.


Je pense que l'important, c'est de vieillir jeune, pas de vivre vieux. (...). J'ai 79 ans. Je pratique des sports extrêmes. (...) Je compte bien continuer jusque 120 ans si possible. Je vais essayer de faire tout ce qu'il faut pour cela parce que je crois savoir le faire. Joël de Rosnay, scientifique, prospectiviste et écrivain, intervention durant une conférence tenue dans le locaux de l'Assemblée nationale française, 20 octobre 2015.



Thème du mois: L'intelligence artificielle au service de la longévité





Qu'est ce que l'intelligence artificielle?


Nous ne savons pas exactement ce que c'est que l'intelligence. Nous ne savons a fortiori pas exactement ce qu'est l'intelligence artificielle (IA). C'est en tout cas une notion évolutive. Ainsi, les réalisations dont sont aujourd'hui capables les applications informatiques, du jeu d'échec à la traduction en passant par la conduite automatique auraient été qualifiées comme de l'intelligence artificielle puissante il y a cinquante ans. Aujourd'hui, nous considérons généralement cela comme une simple automatisation logicielle. Pour beaucoup, l'IA c'est toujours ce que la machine ne sait pas encore faire.


Ce qui n'existe certainement pas encore, c'est une intelligence générale qui serait similaire à la nôtre par sa diversité, ce qui est généralement appelé intelligence artificielle forte. Par ailleurs, ce qui n'existe pas non plus, c'est une intelligence artificielle qui dispose d'une conscience que nous pouvons détecter. Il  est vrai que nous savons encore moins ce qu'est la conscience que ce que c'est que l'intelligence.


Cependant, en rassemblant tous les composants aujourd'hui disponibles de raisonnement informatique, nous ne sommes peut-être pas si loin de l'IA forte. C'est à la fois enthousiasmant et inquiétant. Nous savons que l'intelligence de l'être humain le rend capable du meilleur comme du pire. Mais dans le pire, comme dans le meilleur, il reste limité par des barrières techniques et physiques. Il n'est pas certain qu'une intelligence artificielle aurait les mêmes barrières.


C'est notamment en fonction de cette hypothèse, que certains, bien que tout à fait en faveur des développements de l'intelligence artificielle, estiment qu’il faut procéder avec conviction, mais aussi avec une extrême prudence. Un des aspects de cette stratégie peut être de réfléchir en termes de développements informatiques en donnant une priorité aux développements de la santé et à tous les développements qui protègent l'humain plutôt qu’à tout ce qui peut le menacer (développements militaires par exemple) ou ne lui est pas directement utile.


Les développements de l'intelligence artificielle pour la longévité


En ce qui concerne les aspects statistiques et factuels de la longévité et, plus largement, de l'état de santé, nous disposons d'une quantité d'informations absolument gigantesque et en croissance rapide. Les dates de naissance et de décès des citoyens ainsi que certaines autres données de base (sexe, lieu de résidence, profession,...) sont des données connues précisément pour des centaines de millions d'individus. De nombreux éléments complémentaires utiles en matière de santé sont enregistrés, pour un nombre de citoyens croissant rapidement et qui se compte probablement déjà en dizaines de millions: taux d'activité physique, rythme de sommeil, milieu social, nombre et type de visites médicales, consommation de médicaments,...


L'utilisation informatique de ces données pourrait présenter de nombreux avantages:


  • Détermination de liens entre une longévité accrue, ou au contraire une longévité réduite,  et certaines caractéristiques: alimentation, durée de vie des autres membres de la famille, consommation de médicaments déterminés, poids, activités sportives et sociales,...
  • Élimination de nombreuses hypothèses relatives à la longévité accrue (ou réduite) par la détection des erreurs de perception statistique (par exemple la surestimation de l'âge de décès de certains peut être détecté par la comparaison de cohortes d'individus d'une période à l'autre ou d'un pays à l'autre).
  • En terme de vie privée, l'utilisation de l'intelligence artificielle peut garantir qu'aucun être humain, même le médecin traitant, n'ait connaissance d'une maladie ou d'une affection. Cela exige bien sûr l'établissement de barrières juridiques, informatiques et éthiques strictes empêchant l'accès humain aux données non anonymisées.


Toutes ces études devraient permettre de mieux déterminer comment "mettre toutes les chances de notre côté" pour une vie en bonne santé plus longue.


Mais nous pouvons aussi utiliser l'IA pour tenter d'aller beaucoup plus loin, pour la lutte pour une vie en bonne santé presque sans limite de durée.


L'utilisation d'applications nouvelles pourrait être utile pour:
  • Remplacer des expérimentations animales et sur des êtres humains par des analyses sur des modélisations informatiques de ces expérimentations. Outre les avantages éthiques (pas de mauvais traitement, pas de risque de santé) ainsi que financiers (un test en laboratoire est généralement coûteux), il y a un avantage en matière de temps disponible. Ce qui aurait pris au grand minimum deux ans avec des souris et jusqu'à une décennie avec des hommes, est réalisé par des machines fonctionnant quelques heures. Aujourd'hui, en l'état actuel des connaissances biologiques et informatiques, ce n'est encore possible que dans des cadres limités.
  • Créer systématiquement des modèles informatiques de molécules proches de celles qui semblent présenter un effet en matière de longévité et des modèles de séquences génétiques qui semblent avoir un effet en matière de longévité. Dans les deux cas, examiner ensuite les conséquences possibles sur le modèle informatique d'abord, avant d'aborder le modèle biologique.
  • Plus largement, les mécanismes relatifs au vieillissement sont d'une extraordinaire complexité. Des moyens qui apparaissent a priori tout à fait fantaisistes peuvent avoir un impact non négligeable. Qui penserait par exemple, s'il n'avait pas lu des informations scientifiques à ce sujet, que donner moins de nourriture à des souris les feraient vivre plus longtemps, que l'on meurt moins les jours de fête ou encore que d'avaler un produit que l'on pense nocif fait réellement vivre moins bien (effet nocebo). Il est probablement possible de "mimer la sérendipidité" par des recherches informatiques. La sérendipité est la découverte de quelque chose qui n'est pas spécifiquement recherché. Ici, il s'agirait de découvrir un effet en matière de longévité à partir de données qui ont été rassemblées dans un but autre.


Les sociétés actives dans le domaine des "big data" sont nombreuses. À côté d'IBM Watson, de Google Calico, de Google Genomics, de Human Longevity inc., il yexiste des milliers d'entreprises et d'institutions publiques qui disposent d'informations sur la santé. La prise de conscience globale de la possibilité de progresser plus rapidement s'étend, elle aussi, rapidement. C'est une bonne chose dans un monde où le vieillissement est de plus en plus la première source de décès et où, plus que jamais, il est important que la vie humaine soit de plus en plus précieuse.




La bonne nouvelle du mois: la première personne au monde à suivre une thérapie génétique pour rajeunir



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A 44 ans, Liz Parrish, dirigeante de la société BioViva, a annoncé qu'elle s'était soumise à un traitement de thérapie génique pour lutter contre le vieillissement. Il s'agit notamment de freiner le raccourcissement des télomères. Ce traitement sera insuffisant, même en cas de succès, en tant que preuve scientifique (par exemple, il n'est pas en aveugle) mais il montre le courage, la conviction et l'engagement de certains.


Le traitement s'inscrit en outre dans un ensemble d'avancées en matière de thérapies géniques qui soulève un intérêt qui dépasse le cercle des "longévitistes" parce qu'améliorer le patrimoine génétique devient de plus en plus aisé.




Pour en savoir plus:

lundi 2 novembre 2015

La mort de la mort. Lettre d'octobre 2015. Numéro 79.

N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit. Mais rage, rage encore lorsque meurt la lumière.


Dylan Thomas, 1952 (traduction).





Thème du mois: Courts métrages à l'occasion de la Journée internationale de la longévité


Le 1er octobre a été décrété journée internationale des personnes âgées par l'Organisation des Nations Unies. Pour ceux qui souhaitent une progression de la durée de vie de ces personnes, le 1er octobre est aussi la journée internationale de la longévité.


En 2015, comme presque chaque année depuis plus d'un siècle, la durée de vie moyenne a encore progressé mondialement dépassant maintenant les 71 ans. Mais cela n'est pas suffisant, loin de là. Nous sommes de plus en plus nombreux à espérer des progrès plus importants et plus rapides.


Comment faire percevoir ces perspectives positives par l'ensemble de l'opinion publique? Cette année, l'association Heales et l'international Longevity Alliance (ILA) ont organisé un concours du meilleur (très) court métrage de promotion de la longévité. Il s'agissait de montrer en une à dix minutes en quoi les progrès médicaux en matière de longévité peuvent être utiles à tous les citoyens avançant en âge. Trois prix devaient être octroyés.


Les participants potentiels avaient peu de temps pour réaliser ce travail, moins de trois mois. Dix réalisations répondant aux conditions ont cependant été envoyées. Les cinq membres du jury international qui avaient à choisir ont dû effectuer un choix difficile. Finalement, il y a eu deux ex aequo et un troisième prix. Les gagnants sont:


Longevity for all (Adam Alonzi, 1er prix)
Kids and Life Extension (Tim Maupin,1er prix ex-aequo)
It's all about dreams (Tom Pasek, troisième prix)


Adam Alonzi est un jeune longévitiste américain, auteur de "Longevity for all". Il nous emmène dans un voyage à travers l'histoire des rêves et des conquêtes scientifiques pour une vie en bonne santé beaucoup plus longue. Il aborde également les raisons qui nous poussent à ce combat et les objections possibles.


Tim Maupin, réalisateur de "Kids and Life extension" est un cinéaste professionnel habitant à Chicago. Il est déjà auteur d'un court métrage concernant la longévité "The last generation to die". En 160 secondes, il montre les espoirs et les interrogations concernant une vie très longue vue par de jeunes enfants de diverses origines.


Enfin, l'auteur de "Its' all about dreams", Tom Pasek est un jeune longévitiste polonais. Il a réalisé un joli petit film montrant des espoirs personnels de citoyens américains. Ces espoirs seraient réalisables bien plus facilement si beaucoup de leurs auteurs n'avaient pas atteint un âge déjà avancé. Voici un extrait du beau texte qui apparaît à la fin du film (traduction)


Les rêves


Débutent simplement
Sont proches de la Terre
Ils nous rendent heureux
Ils grandissent avec nous
Ils nous suivent dans nos vies
Ils ne vieillissent pas.


Les corps


Ils débutent également simplement
Ils nous rendent également heureux
Et ils grandissent également avec nous
Et ils nous suivent dans notre vie
Mais ils deviennent vieux
Beaucoup trop tôt


Mais!


Cela ne doit pas être ainsi (pour toujours)
Grâce à la science de la longévité (...)


Les rêves


Et bien d'autres rêveurs plus jeunes et plus vieux pourraient devenir capables de transformer leurs rêves en réalité, quel que soit leur âge.


Chaque jour, des scientifiques tentent de mieux comprendre pourquoi et comment nous avançons en âge, pourquoi nous devenons plus facilement malades à un âge avancé, pourquoi nous sommes de moins en moins forts pour un meilleur futur de la société et pour accomplir nos rêves.


Plus nous savons, plus nous pouvons agir (...)


Ces courts métrages sont en anglais, encore en cours de sous-titrage. Ils peuvent être diffusés sans limitation.


L'année prochaine, pour le 1er octobre 2016, une autre compétition sera organisée. Elle permettra probablement à nouveau l'expression par le film, mais aussi d'autres moyens artistiques: dessin, sculpture, danse,....


D'ici ce 1er octobre 2016, l'espérance de vie dans le monde aura encore progressé d'environ trois mois, mais environ quarante millions de femmes et d'hommes seront morts de maladies liées au vieillissement.


La bonne nouvelle du mois: L'Organisation Mondiale de la Santé se mobilise pour les personnes âgées.


Les 29 et 30 octobre, à l'issue d'un processus public de consultation, des représentants de pays membres et de la société civile se rencontraient à Genève, en Suisse. Il s'agissait d'étudier la stratégie globale et le plan d'action relatif au vieillissement et à la Santé de l'OMS.


Le projet de texte mentionnait déjà, notamment dans son objectif 5 (améliorer les systèmes d’évaluation, de surveillance et la compréhension du vieillissement), qu'est nécessaire un consensus sur les biomarqueurs pour les concepts clés relatifs au vieillissement en bonne santé. Mais l'accent sur la recherche médicale contre le vieillissement n'était pas présent.


Cependant, nombre de personnes et d'organisations ont mis l'accent sur cet aspect, pour des raisons éthiques mais aussi parfois plus prosaïquement pour des raisons économiques. Les personnes âgées qui souffrent moins, vivent mieux et sont en bonne santé plus longtemps sont plus utiles et moins coûteuses pour les autorités publiques qui doivent veiller à leur bien-être.


Le texte définitif suivant la consultation doit encore être rédigé. Il est à espérer qu'il tiendra compte, de manière importante, des perspectives de recherches médicales et des démarches nécessaires pour les encourager. C'est un pas dans une direction qui permettrait aux autorités du monde entier de présenter des projets et objectifs similaires à ceux exprimés par des sociétés comme Google mais portés par une volonté collective et non plus seulement par des intérêts privés.




Pour en savoir plus:


samedi 10 octobre 2015

La mort de la mort. Lettre de septembre 2015. Numéro 78.

Notre espoir d'immortalité ne provient d'aucune religion, mais presque toutes les religions proviennent de cet espoir. Robert Green Ingersoll,  Views on Politics and Religion. Chicago Times, 1879 (traduction)



Thème du mois: Vivre beaucoup plus longtemps, plus d'ennui ou moins de stress ?



Parmi les paradoxes de la société contemporaine, il y a celui du temps disponible: à la fois rare et abondant. Jamais, dans l'histoire de l'humanité, nous n'avons eu autant de temps libre. Cependant, beaucoup d'hommes et de femmes ressentent la vie contemporaine comme stressante et obligeant à se hâter.

Nous avons beaucoup plus de temps pour nous détendre parce que la durée du travail est plus courte et parce que les tâches ménagères sont beaucoup plus faciles à accomplir. Nous avons plus de temps également parce que la durée de notre vie est beaucoup plus longue.

Nous ressentons cependant une pression forte parce que l'éventail des activités que nous choisissons, des actes non nécessaires à notre survie, s'est élargi d'une manière qui était inimaginable il y a à peine un siècle.

Pour la majorité des citoyens de la planète, l'accès internet offre un choix de jeux, de films, de lectures, de musiques, d'activités virtuelles collectives ou individuelles qui est tellement large et rapidement renouvelé que nous n'en connaîtrons jamais qu'une partie négligeable Nos "amis" virtuels se multiplient et nous pouvons nous intégrer dans des communautés innombrables. D'autres loisirs sont plus accessibles qu'auparavant. En outre, pour environ deux milliards de citoyens (relativement) aisés, le monde est réellement accessible et il est possible financièrement de se déplacer physiquement presque d'un bout à l'autre des terres émergées.

Nous vivons donc plus la "civilisation des loisirs" que celle des "vacances" (issu du latin vacuum: vide). Les longues soirées d'hiver, d'ennui et d'uniformité, dans de froides chaumières ne sont plus qu'un souvenir qui devrait être assez désagréable, si notre mémoire n'était pas sélective.

Certains affirment, malgré l'abondance de choix contemporaine qu'une vie sans limitation de durée serait ennuyeuse. Nous ne profiterions des loisirs que parce qu'ils sont limités en durée. À cette affirmation, plusieurs contre-arguments peuvent être apportés:

- L'ennui apparaît aujourd'hui déjà chez des très jeunes adultes. D'ailleurs, les personnes plus âgées s'étonnent souvent que les adolescents soient désoeuvrés alors qu'ils ont tant de choses à faire. Autrement dit, ne pas s'ennuyer, c'est un apprentissage qui demande du temps. Les personnes âgées ressentent plutôt moins l'ennui,

- Dans le même ordre d'idées, l'ennui n'est pas plus souvent exprimé chez les personnes âgées de plus de 60 ou 65 ans que chez les autres adultes. Pourtant, les pensionnés n'ont (généralement) plus d'activités rémunérées. En fait, le malaise le plus exprimé vient des personnes plus jeunes en inoccupation forcée (les chômeurs).

- L'impression de lassitude ou de "désoeuvrement" peut être renforcée (ou diminuée) en fonction de la pression sociale à exercer ou non certaines activités. Les inactifs qui se percevront comme "aux crochets de la société" ressentiront un plus grand manque d'enthousiasme pour des activités "non poductives".

L'argument le plus fréquemment entendu à propos des dangers supposés de la longévité est celui de l'ennui suite à la répétition, parce que nous aurions tout essayé... C'est certain que certaines occupations trop répétées sont lassantes. Mais il s'agit seulement de cas spécifiques. Une bonne partie de ces sentiments vient probablement de ce que nous surestimons l'importance de ce que d'autres possèdent, certains objets de luxe particulièrement. Une fois que nous en disposons à volonté, nous nous apercevons assez vite que ces biens ont surtout une plus-value symbolique et le plaisir de les posséder fait place à la lassitude.

Quant à l'idée que nous pourrons tout remettre à plus tard parce que nous aurons du temps sans limite, si c'était exact, nous devrions déjà aujourd'hui constater ce phénomène bien plus chez les jeunes que chez les personnes âgées. De plus, au fur et à mesure que la durée de vie s'allonge, le rythme de changement de la société s'accélère plutôt qu'il ne ralentit.

En fait, pour de nombreuses activités, c'est précisément une forme de répétition qui crée le plaisir. L'amitié, le sentiment de plénitude en se retrouvant chez soi après un voyage, le plaisir pris à participer à des jeux de société, l'attente agréable du début d'un feuilleton télévisé, naissent d'un mélange d'uniformité et de nouveauté. Nous n'allons pas dans notre restaurant ou notre espace vert favori parce qu'il est fort différent chaque fois, mais parce que nous apprécions une certaine uniformité

Enfin et peut-être surtout, l'ennui et le stress proviennent notamment de ce que nous sommes conscients que notre temps est compté. pour paraphraser Woody Allen, l'être humain ne sera pleinement tranquille que lorsqu'il ne mourra plus (de vieillesse)

Ceci ne signifie pas, si demain nous trouvons un moyen de vivre sans limitation de durée que tout se fera naturellement. Certains pourront choisir de continuer à vieillir. Il faudra un apprentissage "de tout ce temps". Mais nous aurons le temps de nous y préparer!  

La bonne nouvelle du mois: Les Nations-Unies se prononcent en faveur d'une vie en bonne santé à tous les âges

Les 28 et 29 septembre, en prolongement des objectifs du millénaire, l'ONU a formellement adopté 17 objectifs de développement durable. Le troisième de ces objectifs est intitulé "Santé" et il mentionne:


Donner les moyens de vivre une vie saine et promouvoir le bien-être de tous à tous les âges est essentiel pour le développement durable. Des progrès sensibles ont été accomplis dans l’accroissement de l’espérance de vie et la réduction de certaines causes majeures de la mortalité infantile et maternelle. Des progrès notables ont été accomplis dans l’amélioration de l’accès à l’eau salubre et à l’assainissement, la réduction du paludisme, de la tuberculose, de la poliomyélite de la propagation du VIH/sida. Toutefois, il faut faire beaucoup plus pour éradiquer un large éventail de maladies et s’occuper de nombreuses questions de santé fort différentes, persistantes ou nouvelles.


Dans un monde où environ 70 % des décès sont dus aux maladies liées au vieillissement, c'est bien sûr en luttant contre ces affections et contre le mécanisme de vieillissement en général que les progrès les plus importants peuvent être accomplis.


Pour en savoir plus: