samedi 11 décembre 2010

25.000 logements publics bruxellois en 3.600 jours (Numéro 9). Novembre 2010.

Les accords gouvernementaux régionaux bruxellois de l'été 2009 semblent ambitieux. Ils prévoient, en une période de 10 années, une augmentation radicale du nombre de logements publics par une norme à atteindre dans les 10 années à venir de 15% de logements de qualité à gestion publique et à finalité sociale.

La présente lettre bimestrielle a pour objectif d'être un aiguillon pour favoriser la réalisation même partielle des objectifs.

Au rythme actuel, selon les calculs retenus jusqu'ici, il faudra extrêmement longtemps pour réaliser l'objectif décennal de création de logements sociaux.

Cependant, calculer exactement le nombre de logements concernés apparait aujourd’hui fort compliqué. Ainsi:

- La région bruxelloise compte actuellement un parc total de logements d'environ 550.000 logements. Mais la population bruxelloise est en croissance rapide(actuellement de l'ordre de 1,5 % par an). Cette croissance est accompagnée d'une croissance du nombre de logements (actuellement de l'ordre de 5.000 logements par an). Si la tendance se poursuit pendant 10 ans, à l'horizon 2020, il y aura plus de 600.000 logements. Il faudra donc créer environ 7.500 logements à vocation sociale en plus pour simplement maintenir constant le pourcentage de logements à vocation sociale.

- Selon certaines interventions du secrétaire d'État compétent pour le logement, Christos Doulkeridis, l'objectif de 15 % ne se base plus uniquement sur les logements publics à vocation sociale. Il inclut, les logements mis en location par les Agences immobilières sociales (AIS) à un prix inférieur à celui du marché et les logements acquis grâce aux 900 prêts hypothécaires octroyés chaque année à des taux avantageux par le Fonds du logement.

- L'objectif à atteindre est un objectif de 15 % pour chaque commune. Théoriquement, cela pourrait signifier un total final à atteindre au niveau bruxellois supérieur à 15 % (puisque certaines communes comme Watermael-Boitsfort ont déjà plus de 15 % de logements public à vocation sociale sur leur territoire).

- Enfin les dix années prévues pour arriver à l'objectif pourraient s'allonger un peu: par exemple de 2009 à 2020.

En tenant compte des éléments qui précèdent, le calcul du nombre de logements à créer varie énormément de quelques milliers de logements en 11 ans à environ 40.000 logements en 10 ans.

Ce qui semble malheureusement certain quelle que soit le mode de calcul et quelle que soit la bonne volonté des uns et des autres, c'est que le nombre de logements à vocation sociale créés est très inférieur à la demande.

La synthèse des résultats ci-dessous indique l'état d'avancement par rapport à un objectif moyen de 25.000 logements. Il y a été tenu compte des logements mis à disposition par les agences immobilières sociales (A.IS.) même s'il ne s'agit pas au sens strict de logements à gestion publique mais il n'a pas été tenu compte des prêts du logement car ils concernent des immeubles à gestion totalement privée.

Seuls les logements effectivement mis à disposition sont comptabilisés: les chantiers, projets en cours de marché public,... ne sont pas repris. Ils seront mentionnés dans une prochaine lettre.


État de la réalisation des 25.000 logements en 3.600 jours (connu au 30 novembre 2010)(ce mode de calcul ne prend pas en compte les prêts sociaux):

  • Nombre de logements publics nouveaux construits dans le cadre du plan dit des 5000 logements: 68

  • Nombre de logements publics créés à partir de bureaux transformés: 0

  • Nombre de logements publics créés à partir de logements et autres immeubles abandonnés: 0

  • Nombre de logements publics créés par d'autres moyens (acquisitions, locations, contrats de quartier...): non connu avec précision, peut-être aux alentours de 300

  • Nombre de logements privés mis à disposition par les A.I.S.: non connu avec précision, probablement aux alentours de 400

  • (-) Suppressions de logements publics (acquisition par les locataires, destructions,...): non connu avec précision, probablement aux alentours de 0

  • Nombre total de logements publics nouveaux réellement créés: aux alentours de 800

  • Temps écoulé : 16 mois depuis les accords politiques (17 mois depuis le début de la législature)

  • Temps restant pour achever la mise à disposition des logements : 105 mois

  • Nombre total de logements publics qui auraient dû être créés durant le temps écoulé (sur la base de 200 logements par mois): 3.400

  • Somme minimale économisée par les autorités régionales ou locales bruxelloises aux dépens des personnes qui occuperaient les logements (sur base d'un coût de 100.000 € par logement): 260.000.000 €


Informations complémentaires:

- Le texte de l'accord de gouvernement 2009-2014 du 12 juillet 2009 est accessible à la page
http://www.parlbruparl.irisnet.be/images/imgparl/accords2009/accordsfr.pdf.

- Un site http://www.planlogement.be avait été réalisé par le Secrétariat d'Etat bruxellois au Logement et à l'Urbanisme de la législature précédente. Seule la page d'accueil du site est encore accessible, mais le contenu a été supprimé.


Si vous communiquez des informations pertinentes, elles seront diffusées dans la prochaine lettre.

Didier Coeurnelle, conseiller communal à Molenbeek-Saint-Jean

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vendredi 3 décembre 2010

La mort de la mort. Numéro 20. Novembre 2010.


Pour sauver une vie, pour guérir quelqu'un, beaucoup doit être possible. Si je devais être amené à choisir entre une personne avec un passé et une conscience et un embryon, mon choix serait vite fait (Rik Torfs. Professeur de droit canon, sénateur belge, dans De Standaard, samedi 6 novembre 2010, traduction)




Thème du mois: "Un siècle d'évolution de l'espérance de vie".




La vie d'un être humain est son bien le plus précieux. Depuis quelques siècles, certains s'aventurent à en mesurer sa longueur moyenne. Bien sûr, la précision des chiffres diffusés ici et ailleurs est en partie une illusion. D'une source à l'autre, les statistiques peuvent être très différentes suite à des erreurs, à des différences de calcul ou à des différences "créées" pour cacher des évolutions négatives. Néanmoins, l'exactitude s'améliore constamment et les grandes tendances sont peu contestées.

L'évolution générale largement positive de l'espérance de vie durant la période 1910 - 2010 est connue de la plupart d'entre nous. Mais bien des aspects spécifiques sont beaucoup moins perçus. En voici quelques uns:

1910 - 2010. Une évolution positive sans aucune exception.

Quel que soit le pays, du Swaziland où l'espérance de vie est actuellement la plus basse au monde jusqu'à Andorre où la durée de vie est la plus longue, partout l'évolution a été positive si l'on compare la situation contemporaine à la situation d'il y a un siècle. Le bébé que tient dans ses bras un centenaire africain presque un miraculé - comme le bébé que tient dans ses bras un centenaire japonaise - une situation devenue relativement banale - a l'espoir de vivre plus longtemps que son aïeul. Mais il est vrai que, pour certaines naissances en Afrique subsaharienne, le gain global n'est que de quelques années alors que pour l'immense majorité des autres nations, il se compte en décennies.

L'évolution positive sur un siècle peut être interprétée de manière plus large encore. En 1910, l'espérance de vie n'atteignait les 60 ans dans aucun pays au monde et seuls quelques pays scandinaves dépassaient les 55 ans. En 2010, la durée de vie moyenne n'est inférieure à 60 ans que dans quelques dizaines de pays et, selon l'ONU, elle n'est inférieure à 55 ans que dans certains pays d'Afrique subsaharienne. Autrement dit, de ce point de vue en tout cas, il vaut mieux naître dans un pays pauvre aujourd'hui que dans un pays riche il y a 100 ans.

1910 - 1960. Les grandes tendances.

De la veille de la première guerre mondiale à l'aube des Golden Sixties, le monde change radicalement et des centaines de millions de citoyens découvrent une société où les enfants meurent de plus en plus rarement. Le droit à la pension, ou en tout cas à une vieillesse, sans être encore la règle générale, devient une probabilité forte. Malgré les deux guerres mondiales, l'Europe et l'Amérique du Nord font des bonds de géant. En Russie, les citoyens soviétiques passent d'une vie moyenne de 35 à 69 ans, les citoyens français de 51 à 70 ans et les Américains de 51 à 70.

En 1960, pour les Européens, tant à l'Est qu'à l'Ouest du rideau de fer et pour les Américains, les décès "prématurés" avant l'âge de la pension sont donc déjà devenus rares.

Dans les pays du Sud, l'augmentation est aussi spectaculaire mais elle part de bien plus bas. Un citoyen indien vit en moyenne 42 ans en 1960 contre seulement 23 en 1910 et un brésilien 55 années au lieu de 32.

1960 - 2010. Globalement les progrès se poursuivent.

Durant les cinq dernières décennies quatre grands ensembles socio-politiques aux évolutions contrastées peuvent être distingués: les pays occidentaux les plus avancés économiquement, les pays de l'Europe orientale anciennement "communiste", les pays du Sud en recul et les pays du Sud en développement rapide .

Les pays occidentaux les plus avancés

Dans ces pays, Japon, États-Unis, États de l'Union européenne, ..., en une cinquantaine d'années, l'avancée aura été de plus de 10 ans. Le rythme moyen est de deux à trois mois de gain annuel. Contrairement à ce que l'on pense et annonce souvent, il n'y a pas encore de signe d'arrêt de la progression même là où la durée de vie est la plus élevée (Japon, pays scandinaves,...). Par exemple, durant la décennie fantastique de la conquête de la lune, du développement de la société de consommation et de la voiture pour presque chaque famille, durant ces années d'abondance, en France, en Belgique et en Italie de 1960 à 1970, l'espérance de vie croît d'environ vingt mois alors qu'elle grandit d'une trentaine de mois durant des années supposées moins fastes de1995 à 2005.

Les pays de l'Europe orientale ex "communiste"

L'écroulement des régimes inspirés de communisme a eu des nombreuses causes. Une des causes était le mécontentement des citoyens par rapport aux conditions socio-économiques. Et, en ce qui concerne la durée de vie, le mécontentement était justifié. A partir des années 60, l'espérance de vie stagne ou décroit dans les pays de l'est de l'Europe. Les raisons sont probablement multiples: pollution, alcoolisme, dégradation des conditions sociales et des conditions de santé,... Cette dégradation s'est aujourd'hui généralement interrompue sauf en Russie où la situation des habitants, particulièrement des hommes, est aujourd'hui bien moins bonne que dans bien des États au niveau de développement économique moindre.

Les pays du Sud en recul

L'après-indépendance dans les nations décolonisées a été d'abord presque partout une période positive. Mais, particulièrement durant les 15 ou 20 dernières années du 20ème siècle, de nombreux pays de l'Afrique subsaharienne ont subi les ravages conjugués de l'épidémie du Sida, d'une situation économique dramatique et de guerres civiles. Ainsi entre 1985 et 2005, en 20 années, la durée de vie moyenne d'un citoyen congolais (ex-Zaïre) s'est réduite de sept années (de 60 à 53 ans) et celle d'un Sud-Africain de huit années (de presque 60 ans à moins de 52 ans).

Heureusement, cette évolution n'a pas concerné tous les États de l'Afrique noire. Durant cette même période de 1985 à 2005 citée, les citoyens maliens ont bénéficié d'une longévité accrue de six années et les citoyens malgaches de neuf années. Et surtout, depuis quelques années, l'évolution est redevenue positive ou, au pire stable, presque partout en Afrique. Mais les ravages des décennies précédentes sont encore loin d'être effacés. Des 43 pays du monde où l'espérance de vie est inférieure à 60 ans, seuls quatre sont extérieurs à l'Afrique subsaharienne.

Les pays du Sud en progression rapide

Mais, à côté du drame d'une grande partie de l'Afrique subsaharienne, il y a le miracle des pays qui étaient encore appelés sous-développés il y a 20 ans et qui rejoignent, voire dépassent, le Nord. Globalement, c'est quatre à sept mois de vie qui sont gagnés chaque année. En Chine, l'espérance de vie dans la capitale Pékin dépasse l'espérance de vie à Washington, capitale des États-Unis. Dans le sous-continent indien, la progression a été de 10 années en 30 ans. Et le cas le plus extraordinaire mais aussi le plus méconnu est celui du Bangladesh, un des pays les plus pauvres du monde. L'espérance de vie y a cru de plus de15 ans ces 25 dernières années, dépassant maintenant les 65 ans.

Et le futur ?

Nul ne sait quelle sera l'évolution des prochaines décennies et encore moins du prochain siècle. Une chose est cependant presque certaine. Dans quelques dizaines de mois, voire moins, il y aura un million de centenaires peuplant la planète alors qu'il y en avait probablement moins de 100.000 en 1980. Et les centenaires d'aujourd'hui sont - un peu - en meilleure santé que les centenaires d'hier.


La bonne nouvelle du mois



Dans le cadre du "Partenariat européen pour l'Innovation" (European Innovation Partnership), l'Union européenne va organiser, jusqu'au 28 janvier 2011, une consultation à propos des actions innovantes possibles dans les domaines d'une avancée en âge active et en bonne santé. Les suggestions peuvent concerner notamment les diagnostics et traitements pour les maladies en rapport avec l'âge et des applications et services applicables aux personnes âgées.

Des propositions innovantes pour lutter contre la cause de l'immense majorité des décès dans l'Union européenne sont donc attendues.

Bien sûr, une procédure de consultation et ses suites ne valent pas une percée scientifique majeure. Mais, l'Europe et ses citoyens peuvent contribuer énormément à financer, soutenir et orienter les progrès utiles aux habitants les plus fragiles, c'est-à-dire souvent les plus âgés.



Source de l'image: http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Life_expectancy_1950-2005.png

mercredi 3 novembre 2010

La mort de la mort. Numéro 19. Octobre 2010.

Seuls ceux qui sont totalement ennuyeux risquent d'être totalement ennuyés par une extension radicale de la durée de la vie (John Harris, bioéthicien britannique, à prendre -un peu- au second degré, traduction).



Thème du mois: Deux conférences européennes à la recherche d'une vie plus longue


Les 8 et 9 octobre à Bruxelles s'est tenu la conférence Imminst 2010. Des dizaines de scientifiques se sont rassemblés afin d'échanger leurs idées, leurs projets, leurs inquiétudes et leurs espoirs à propos des méthodes scientifiques qui permettront un jour, si les progrès de la médecine ne s'interrompent pas, à la vieillesse de rejoindre la peste et la famine au panthéon des cauchemars vaincus de l'humanité.

Évidemment, cette perspective est encore assez lointaine même pour les plus optimistes. Actuellement, les spécialistes se contentent d'arracher petit à petit quelques parcelles de longévité à la complexité génétique, à tout ce qui fait du règne animal - y inclus le membre de l'espèce humaine qui lit ces lignes - un océan de surprises parfois bonnes mais souvent incompréhensibles.

S'il ne fallait retenir qu'un des exposés organisés par "l'Immortality Institute", celui de Michael Rose est probablement le plus intéressant. Selon lui, la mortalité due au vieillissement augmente avec l'âge, mais atteint un plateau lorsque les individus atteignent un certain âge. Et ceci est valable tant pour les drosophiles que pour les êtres humains. A partir d'un moment, dans l'avancée en âge, il n'y a donc plus d'aggravation de l'état de santé mais une stabilisation de l'état physiologique. Selon ce biologiste évolutionniste, un objectif pourrait être que cet âge auquel les dommages dus à l'âge ne croissent plus soit progressivement abaissé. L'objectif théorique ultime pourrait être que la mortalité n'augmente plus avant la vieillesse, par exemple à partir de 50 ans. Même si des résultats concrets ne sortiront probablement pas à court terme de ces études, il est fascinant de voir combien la connaissance scientifique dans ce domaine progresse grâce à des idées et expériences novatrices.

Dix jours après cette conférence dans la capitale de l'Europe, du 22 au 24 octobre, c'est à Milan qu'une petite centaine de futuristes se sont rassemblés pour un évènement appelé "Transvision 2010". Les exposés étaient de qualité variable mais une idée simple qui faisait largement consensus peut être soulignée: les limites naturelles de l'être humain ne sont pas nécessairement des limites morales. Autrement dit, les limites de l'être humain pour sa vitesse, son intelligence et sa longévité ne sont pas nécessairement des limites fixées par l'éthique. Ce n'est pas parce que l'homme naturellement vit 70 ans, court à maximum 40 à l'heure et a une capacité de mémorisation limitée que de vivre 130 ans, courir à 80 à l'heure et avoir une meilleure mémoire est immoral. Nous avons déjà dépassé depuis longtemps la limite "naturelle" de la vie humaine et, pour ceux qui souhaitent vivre plus longtemps, les progrès technologiques ouvrent des perspectives fascinantes à une vitesse qui va s'accélérant.

Force est cependant de constater que, alors que les articles et informations concernant une longévité accrue sont de plus en plus nombreux, le nombre de citoyens qui s'impliquent concrètement pour permettre une vie en bonne santé beaucoup plus longue reste très réduit. La majorité a peut-être raison. Peut-être que dans 30 à 50 ans, nous serons passés doucement d'une vie avec vieillissement à une vie avec un vieillissement négligeable sans même nous en rendre compte. Ainsi, la leucémie qui tuait 9 enfants sur 10 ne cause plus la mort que d'environ 10 % des enfants atteints sans que nous n'ayons remarqué cette évolution.

Mais il se peut aussi que les progrès scientifiques exigent des investissements importants et que, en l'absence de mobilisation sociale, du fait de l'indifférence de nos concitoyens, les progrès de la lutte contre le vieillissement soient lents et ne puissent bénéficier pendant longtemps qu'à une minorité riche et peu solidaire.



Pour quelques bonnes nouvelles de ces dernières années, consultez le site Gapminder.org


Contrairement à ce que ce qui est souvent affirmé et perçu, tant dans les pays riches que dans les pays pauvres, tout indique que, si les progrès humains continuent comme ils sont en cours, ceux qui naissent aujourd'hui vivront beaucoup plus longtemps que ceux qui vivaient hier. Ceci est vrai au Sud où les progrès sont foudroyants mais où le retard est encore considérable mais cela est vrai aussi au Nord, là où bien des pessimistes pensent que le plafond a été atteint et que nous régressons.

Les statistiques de l'ONU magnifiquement présentées sur le site Gapminder.org permettent de vérifier que les optimistes ont raison. Cette vérification peut se faire en regardant l'évolution de l'espérance de vie qui a encore augmenté dans les pays de l'OCDE de plus de deux ans durant la première décennie du 21ème siècle. Mais ceci peut aussi être vérifié, toujours pour les pays de l'OCDE en constatant que la mortalité infantile a également remarquablement diminué durant cette même décennie.

L'augmentation de l'espérance de vie est une bonne nouvelle. Mais la diminution de la mortalité infantile dans les pays de l'OCDE est une nouvelle encore meilleure. Elle prouve que, même si les problèmes de pollution sont réels, les progrès de l'hygiène, de la médecine, les améliorations économiques et les efforts législatifs et pratiques pour diminuer les substances nocives sont tellement efficaces que le risque de mourir prématurément des enfants des pays "riches" chute encore jusqu'à des planchers qui auraient paru inimaginables il y a à peine 20 ans. Par exemple, aux Etats-Unis, en retard sur l'Europe, la mortalité des enfants de moins de 5 ans est passée de 9,1 pour 1000 en 1999 à 7,8.pour 1000 en 2009, en Allemagne, elle est passée de 6,1 à 4,6 pour 1000 durant la même période. Et au Japon elle est passée de 5,3 à 3,2, réduisant la mortalité infantile à un évènement rarissime, 100 fois plus rare qu'il y a un siècle!

Pour en savoir plus de manière générale: http://sens.org/, http://imminst.org/, http://heales.org/ et http://immortalite.org/
Pour voir la conférence de Michael Rose: http://telexlr8.blip.tv/file/4225188/
Pour consulter les statistiques de Gapminder: http://www.gapminder.org/
Pour réagir ou recevoir la lettre d'information: info@heales.org
Source de l'image: http://www.flickr.com/photos/limbic/902885616/ (graphique issu de Gapminder)

dimanche 3 octobre 2010

25.000 logements publics bruxellois en 3.600 jours (Numéro 8). Septembre 2010. Nouveaux modes de calcul: 25.000 ou 10.000 logements?

Les accords gouvernementaux régionaux bruxellois de l'été 2009 semblaient ambitieux. Ils prévoient, d'ici à 2019, une augmentation radicale du nombre de logements publics par une norme à atteindre dans les 10 années à venir de 15% de logements de qualité à gestion publique et à finalité sociale.

Cela apparait comme une mesure extrêmement volontariste que des dizaines de milliers de personnes attendent avec impatience dans une ville où il peut faire bon vivre lorsque le logement est assuré, mais où ledit logement engouffre la majorité du budget des plus démunis.

Au rythme actuel, selon les calculs retenus jusqu'ici, il faudra extrêmement longtemps pour réaliser l'objectif décennal de création de logements sociaux.

Cependant, récemment (Le Soir, mercredi 22 septembre 2010), le secrétaire d'Etat, compétent pour le logement, Christos Doulkeridis, a communiqué à propos de cet objectif. Il estime qu'il convient de comptabiliser, parmi les logements publics, les logements mis en location par les Agences immobilières sociales (AIS) à un prix inférieur à celui du marché et les logements acquis grâce aux 900 prêts hypothécaires octroyés chaque année à des taux avantageux par le Fonds du logement.

En tenant compte de ce tout nouveau mode de calcul, l'objectif de création de logements publics tombe alors brutalement aux environs de 10 à 15.000 logements en 10 ans. En effet, avec ce calcul nouveau, il y a dorénavant 12,84 % de logements sociaux à Bruxelles et non plus 10,80 %. Un pas de géant, d'un trait de plume, vers l'objectif de 15 %.

La prochaine lettre bimestrielle tentera de préciser les divers éléments nouveaux. Mais en attendant, selon les éléments apportés avec ce nouveau calcul, l'objectif semble atteint voire dépassé sans qu'il soit nécessaire de construire, rénover ou transformer!

La présente lettre bimestrielle a pour objectif d'être un aiguillon pour favoriser la réalisation même partielle des objectifs tels que décrits jusqu'ici. La synthèse des résultats ci-dessous indique l'état d'avancement par rapport à l'objectif nouveau, très modeste, et l'état "d'avancement" par rapport à l'objectif ancien et ambitieux.


Etat de la réalisation de 10.000 logements en 3.600 jours (connu au 30 septembre 2010)(mode de calcul du secrétaire d'Etat):

  • Nombre de logements publics construits, créés à partir de bureaux transformés, de logements, d'immeubles abandonnés,...: 68
  • Nombre de logements privés mis à disposition par les A.I.S.: chiffre non connu
  • Nombre de logements privés ayant bénéficié de prêts publics: 1.200 environ
  • Nombre total de logements concernés par l'objectif: au moins 1.300
  • Temps écoulé : 14 mois depuis les accords politiques (15 mois depuis le début de la législature)
  • Temps restant pour achever la mise à disposition des logements : 107 mois
  • Nombre total de logements publics qui auraient dû être créés durant le temps écoulé (sur la base de 1.000 logements par an): 1.250


Etat de la réalisation des 25.000 logements en 3.600 jours (connu au 30 septembre 2010)(mode de calcul ne prenant en compte que les logements publics):

  • Nombre de logements publics nouveaux construits: 68
  • Nombre de logements publics créés à partir de bureaux transformés: 0
  • Nombre de logements publics créés à partir de logements et autres immeubles abandonnés: 0
  • Nombre de logements publics créés par d'autres moyens (acquisitions, locations,...): 0
  • (-) Suppressions de logements publics (acquisition par les locataires, destructions,...): 0
  • Nombre total de logements publics nouveaux réellement créés: 68
  • Temps écoulé : 14 mois depuis les accords politiques (15 mois depuis le début de la législature)
  • Temps restant pour achever la mise à disposition des logements : 107 mois
  • Nombre total de logements publics qui auraient dû être créés durant le temps écoulé (sur la base de 200 logements par mois): 3.000
  • Somme minimale économisée par les autorités régionales ou locales bruxelloises aux dépens des personnes qui occuperaient les logements (sur base d'un coût de 100.000 € par logement): 294.000.000 €


Informations complémentaires:

- Le texte de l'accord de gouvernement 2009-2014 du 12 juillet 2009 est accessible à la page
http://www.parlbruparl.irisnet.be/images/imgparl/accords2009/accordsfr.pdf.

- Un site http://www.planlogement.be avait été réalisé par le Secrétariat d'Etat bruxellois au Logement et à l'Urbanisme de la législature précédente. Seule la page d'accueil du site est encore accessible, mais le contenu a été supprimé.


Si vous communiquez des informations pertinentes, elles seront diffusées dans la prochaine lettre.

Didier Coeurnelle, conseiller communal à Molenbeek-Saint-Jean

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jeudi 30 septembre 2010

La mort de la mort. Numéro 18. août et septembre 2010.

C'est tout de même étrange. Si vous participez à la recherche contre le cancer et que vous dites que vous ne voulez pas trouver un traitement à cette maladie, alors tout le monde dira que vous êtes fou. Mais si vous dites que vous voulez trouver un traitement au vieillissement, alors, vous êtes rapidement traité de charlatan (Jan Vijg, professeur au département de génétique, Albert Einstein College of Medicine, New York, 2009, traduction)



Thème du mois: Conférence internationale à Bruxelles



C'est les samedi 9 et dimanche 10 octobre que se déroulera la conférence internationale de l'Immortality Institute à Bruxelles. C'est la première fois qu'un évènement de ce type est organisé sur le "vieux" continent. De nombreux orateurs sont attendus dont le spécialiste incontesté du domaine, le biogérontologue Aubrey de Grey mais aussi d'éminents chercheurs belges parmi lesquels le professeur Bart Braeckman qui suit les secrets du vieillissement du nématode C. Elegans.

Et pendant que les spécialistes s'interrogent, les statistiques démontrent que, même en l'absence d'une politique ciblée pour une vie plus longue, la situation s'améliore constamment. Par exemple, chaque jour, si vous êtes une femme de 45 ans vivant en région flamande,
vous gagnez plus de 5 heures de vie. Et plus de 7 heures si vous êtes un homme.

Mais par contre pendant que les spécialistes s'interrogent et que les statistiques s'améliorent, bien des philosophes et bien des politiques continuent envers et contre tout à voir l'avancée en âge comme une dégradation inexorable. Et ils ne prônent aucunement une attitude proactive

La vérité est que la vie en bonne santé est de plus en plus longue. Et la vérité est aussi que la dégradation -ou en tout cas le rythme de dégradation- n'est inexorable qu'en l'absence de progrès scientifique.

Vous, lecteur de ces lignes, vous avez déjà, sans vous en rendre compte, gagné des années d'espérance de vie depuis votre naissance. A votre, âge d'aujourd'hui, vos parents étaient probablement un petit peu plus âgés physiquement et dans un état de santé un peu moins bon. C'est votre comportement, les aléas de la vie, l'environnement dans lequel vous vivez qui déterminera ce que sera votre vie future. Mais c'est aussi grâce au rythme des progrès médicaux et des avancées en matière de santé de ces dernières décennies.

Aujourd'hui est le premier jour du reste de votre vie. Mais vous êtes mieux parti que tous ceux qui vous ont précédé dans l'histoire de l'humanité.


La bonne nouvelle du mois: Des chercheurs biomédicaux ont créé des cellules souches adultes qui peuvent croitre continuellement


Des chercheurs de l'université de Buffalo (Etats-Unis) ont découvert que des cellules souches adultes transformées peuvent croître et se multiplier continuellement en culture,

Cette découverte pourrait accélérer le développement des traitements de très nombreuses affections liées au vieillissement parmi lesquelles les maladies cardiaques et les maladies neuro-dégénératives, deux des principales causes de décès liées au vieillissement.

Les chercheurs ont créé de nouvelles lignées de cellules en modifiant génétiquement des cellules souches dites "mesenchymales" provenant de la moelle osseuse.

Actuellement, les cellules souches mesenchymales ont une durée de vie limitée en laboratoire et doivent donc être renouvelées à partir de donneurs. Cette découverte si elle est confirmée ouvre de grandes perspectives dans le domaine de la régénération par les cellules-souches adultes car cela signifie que des donneurs ne sont plus nécessaires et que la "matière première" pour la régénération d'organes est aisément disponible.



  • Pour en savoir plus à propos des cellules souches mesenchymales: http://www.buffalo.edu/news/11785

  • A propos de l'espérance de vie en Flandre (en néerlandais): http://www.standaard.be/artikel/detail.aspx?artikelid=DMF20100917_099

  • Source de l'image: logo de l'"Immortality Institute"

samedi 31 juillet 2010

La mort de la mort. Numéro 17. Juillet 2010.

Nous pourrions être la dernière génération de l'histoire de l'humanité à avoir une durée de vie normale. Nous n'avons pas besoin de connaître la cause du vieillissement pour le ralentir. (David Sinclair, biologiste, lors d'une conférence médicale Tedmed -Technology Entertainment Design- en 2009).

Thème du mois: L'âge extrême et la science-fiction



Une vie sans vieillissement semble un thème de prédilection de la science-fiction. Dans un autre monde ou dans un futur éloigné, les êtres humains du futur ou d'autres êtres intelligents vivraient sans que le simple écoulement du temps soit un facteur de décrépitude.

Et pourtant.

Pourtant, dans l'abondante littérature d'anticipation ou d'imagination, les récits décrivant une vie sans contrainte de l'âge sont quasiment absents. Et lorsque des hommes, des femmes ou d'autres êtres ne vieillissent pas, c'est au prix de souffrances majeures pour eux ou pour d'autres.

Voici les quatre catégories de fictions que vous pourrez rencontrer.

La prospective modérée. Ce sont probablement les récits les plus nombreux. La science-fiction explore les frontières du contemporain mais s'en éloigne en fait assez peu. Le monde est égalitaire mais les femmes y restent quand même à l'arrière plan. Ou bien les femmes sont devenues les égales des hommes, mais ils et elles sont restés de peau bien blanche. Avec la même modération, la science-fiction voit la médecine progresser et les êtres humains vivre un peu plus longtemps. Ils dépassent parfois le siècle mais rarement plus. Ainsi l'extraordinaire technologie médicale dans Star Trek n'empêche pas les héros de vieillir. Ou encore, comme dans les ouvrages récents Globalia ou La déclaration, les progrès de la médecine permettent d'atteindre un âge plus élevé mais limité et au prix de souffrances nombreuses, d'une dégradation progressive et d'injustices sociales.

Les univers dystopiques (anti-utopiques). Ils décrivent des environnements différents mais pire que le nôtre. Les hommes vivent sans mourir de vieillesse mais ils meurent d'autre chose. Le film (et le roman) L'âge de cristal où les hommes ne vieillissent pas mais sont mis à mort lorsqu'ils atteignent une trentaine d'années illustre ce thème. Il se peut également que les immortels souffrent atrocement comme dans le film Zardoz où un groupe d'humains accueille la possibilité de mourir comme une délivrance.

Les environnements artificiels. C'est un autre thème fréquent de science-fiction. Autrefois, il y avait des hommes et des robots. Les hommes sont partis, seules les machines subsistent affrontant l'éternité. Ou pire encore, par exemple dans Terminator, les robots sont immortels mais ils veulent détruire les humains. Parfois, comme dans le film A.I. Artificial Intelligence, le robot accédera à l'humanité. Mais cet accès se fera au prix de ce qui dans ces récits semble être la dernière spécificité de l'humain face aux machines douées de raison: la mort.

Les mutants. Enfin, la dernière catégorie concerne les environnements qui relèvent plus du fantastique que de la science-fiction. L'immortalité existe mais, pour une raison généralement inexpliquée, elle ne concerne que certains êtes différents. Et presque toujours, ces immortels subissent une sorte de malédiction: ils souffrent et font souffrir. Ainsi, les héros (presque) immortels de Highlander doivent s'entretuer. Les récits de vampires et de zombies quasiment indestructible forment en soi un genre entier de littérature et de cinématographie. Et dans lequel le sort tant des consommés que des consommateurs est rarement très enviable.


Pourquoi si peu de récits optimistes? Évidemment, les histoires où les gens sont heureux sont moins passionnantes. Mais il y a aussi une explication psychologique. Si nous commencions à espérer ne plus vieillir et mourir, cela rendrait par contraste la vie contemporaine difficilement supportable. Le conscient et l'inconscient peuvent pousser à éviter le sujet. L'espoir est un poison que même un écrivain se voulant détaché du réel hésite à infliger.

Mais les progrès de la recherche rendent l'exploration littéraire de ces perspectives plus aisées et plus proches. Le film récent Mr Nobody est la première œuvre d'anticipation à diffusion large dans laquelle les êtres humains "normaux" sont ceux qui vivent sans vieillir. Même si ce film aborde aussi d’autres questions et qu’il est encore assez pessimiste, le réalisateur belge Jaco Van Dormael franchit là une frontière.



La bonne nouvelle du mois: Le taux de cancer continue à diminuer régulièrement


Contrairement à ce que ce qui est souvent affirmé et perçu, la mortalité par cancer diminue régulièrement parmi les hommes, les femmes et les enfants. Trop de femmes meurent du cancer du sein mais elles sont moins nombreuses qu'auparavant. Trop d'enfants meurent de leucémie mais ils sont de moins en moins nombreux.

Ainsi aux États-Unis, selon des statistiques récemment publiées par l'American cancer society, la mortalité par cancer diminue continuellement depuis 20 ans. Par exemple:
- le taux total de mortalité par cancer était de 178.4 par 100,000 en 2007 alors qu'il était de 180.7 par 100,000 en 2006;

- le nombre de décès des suites du cancer a diminué de 2 % par année pour les hommes de 2001 à 2006 et d'1,5 % par année pour les femmes de 2002 à 2006.

La non-perception de cette nouvelle positive a plusieurs causes dont la principale est une autre bonne nouvelle. Imaginons des arbres perdant progressivement leurs feuilles mais certains beaucoup plus lentement que les autres. Après quelques semaines, l'impression sera que les arbres qui restent les plus fournis ont plus de feuilles qu'auparavant alors qu'ils sont seulement beaucoup moins dégarnis. Il en va de même avec les morts par cancer:comme les autres causes de mortalité diminuent rapidement, la diminution moins rapide des décès liés aux cancers apparait comme une progression.


dimanche 4 juillet 2010

25.000 logements publics bruxellois en 3.600 jours (Numéro 7). Juillet 2010. 3600 jours ou 383 ans?

Les accords gouvernementaux régionaux bruxellois de l'été 2009 sont ambitieux. Ils prévoient, d'ici à 2019, une augmentation radicale du nombre de logements publics par une norme à atteindre dans les 10 années à venir de 15% de logements de qualité à gestion publique et à finalité sociale.

C'est une mesure extrêmement volontariste que des dizaines de milliers de personnes attendent avec impatience dans une ville où il peut faire bon vivre lorsque le logement est assuré, mais où ledit logement engouffre la majorité du budget des plus démunis.

Plus d'un an après les élections régionales, les signes concrets incitent au pessimisme quelle que soit la bonne volonté des uns et des autres. La préoccupation affichée, réelle et théoriquement louable de concertation préalable s'accompagne d'une douloureuse absence d'avancées concrètes. Et des observateurs attentifs s'inquiètent de l'absence (quasi?) totale de projets nouveaux.

Or, l'objectif nouveau ne concerne plus seulement la construction ab nihilo de logements, mais aussi la transformation de bureaux et de biens à l'abandon en logements ainsi que la poursuite de constructions déjà entamées. Et les accords concernent des constructions et des transformations sur le court, moyen et long terme, c'est-à-dire, logiquement, à terme long de 10 ans, moyen de quelques années et court de quelques mois.

Pour les objectifs à terme de quelques mois, on peut déjà affirmer la certitude de l'échec. Alors que par contre, durant cette même période, un projet (il est vrai probablement mauvais) de la législature précédente a été abandonné et d'autres projets ont été revus à la baisse.

Si l'objectif gouvernemental était rempli, il faudrait construire, rénover et transformer. Un logement construit coûte en moyenne au moins 300.000 € tout compris (terrain, construction, ...). Une rénovation ou une transformation, parfaitement économe et efficace, pourrait coûter aux alentours de 50.000 € tout compris par habitation. Le strict minimum imaginable en moyenne par habitation réalisée peut donc être estimé à 100.000 € par logement concerné. En ce sens, comme quasiment aucun logement n'est encore créé, les autorités régionales et locales épargnent actuellement au moins 20 millions d'€ par mois.

Outre cette épargne au détriment des plus démunis, il faut rappeler que les propriétaires privés ne sont pas aussi lents. La ville s'agrandit d'environ 3.000 logements chers ou très chers par an Et, bien sût, tout comme quand on ajoute de l'eau salée à de l'eau déjà de moins en moins douce, la solution est de plus en plus saumâtre, en tout cas pour ceux qui se préoccupent de ceux qui n'ont pas les moyens de s'acheter de beaux logements neufs.

Au rythme actuel, il faudra 383 années pour réaliser l'objectif décennal de création de logements sociaux (sur base d'une hypothèse basse du nombre de logements à créer).

La présente lettre bimestrielle a pour objectif d'être un aiguillon pour favoriser la réalisation même partielle des objectifs.


Etat de la réalisation des 25.000 logements en 3.600 jours (connu au 10 juillet 2010):

  • nombre de logements publics nouveaux construits: 68
  • nombre de logements publics créés à partir de bureaux transformés: 0
  • nombre de logements publics créés à partir de logements et autres immeubles abandonnés: 0
  • nombre de logements publics créés par d'autres moyens (acquisitions, locations,...): 0
  • (-) Suppressions de logements publics (acquisition par les locataires, destructions,...): 0
  • Nombre total de logements publics nouveaux réellement créés: 68
  • Temps écoulé : 12 mois depuis les accords politiques (13 mois depuis le début de la législature)
  • Temps restant pour achever la mise à disposition des logements : 109 mois
  • Temps qui sera nécessaire au rythme actuel de réalisation pour achever la mise à disposition des 25.000 logements : 383 ans
  • Nombre total de logements publics qui devraient en principe être créés durant le temps écoulé (sur la base de 200 logements par mois): 2.600
  • Somme minimale économisée par les autorités régionales ou locales bruxelloises aux dépens des personnes qui occuperaient les logements: 254.000.000 €


Informations complémentaires:

- Le texte de l'accord de gouvernement 2009-2014 du 12 juillet 2009 est accessible à la page
http://www.parlbruparl.irisnet.be/images/imgparl/accords2009/accordsfr.pdf.

-
Le Rassemblement bruxellois pour le droit à l'habitat analysant les réalisations en matière de logement de la première année de politique gouvernementale bruxelloise (et octroyant un cote de 1/20) annonce: Quant au logement social, il semble que ce Gouvernement entreprenne surtout des actions dans le but d’optimaliser l’utilisation du parc existant. Pour la création de logements sociaux supplémentaires, le Gouvernement entend réaliser une grande partie du Plan Logement adopté en 2004, en construisant des logements verts et adaptés, mais il n’est pour le moment pas question d’un nouveau plan qui prévoirait les milliers de logements sociaux nécessaires.

- Un site http://www.planlogement.be avait été réalisé par le Secrétariat d'Etat bruxellois au Logement et à l'Urbanisme de la législature précédente. Seule la page d'accueil du site est encore accessible, mais le contenu a été supprimé. il y a quelques mois.


Si vous me communiquez des informations pertinentes, elles seront diffusées dans la prochaine lettre.

Didier Coeurnelle, conseiller communal à Molenbeek-Saint-Jean

Source de l'image

La mort de la mort. Numéro 16. Juin 2010.

Je n'ai pas peur de mourir, j'ai peur de ne pas avoir assez vécu (Némo Nobody, le héros du film "Mister Nobody", le dernier être humain à mourir de vieillesse en 2092)



Thème du mois: Courte approche internationale de la lutte pour une vie plus longue.



Les Etats-Unis ont toujours une génération d'avance dit-on parfois. C'est en tous cas au coeur de l'Amérique du Nord que le premier ouvrage à vocation scientifique et à forte diffusion sur ce thème fut écrit "The Prospect of Immortality" par Robert Ettinger, dès l'année 1962. Et Bill Clinton déclarait à la maison blanche, en octobre 1999, We want to live forever, and we're getting there (Nous voulons vivre pour toujours et nous y arriverons).

Des millénaires auparavant, le premier écrivain (ou plus probablement les premiers écrivains) qui s'attaqua littérairement à la grande faucheuse était un des tous premiers auteurs de l'histoire littéraire de l'humanité. Son nom s'est perdu dans la nuit des temps. Mais l'épopée de Gilgamesh, son œuvre, est un récit de lutte sans succès pour l'immortalité qui se déroulait dans les plaines de la Mésopotamie à une époque où l'écriture venait à peine d'être inventée.

Bien plus tard, un des premiers philosophes connus qui envisagea que la science permette une vie presque sans limitation vécut en France au 18ème siècle. Il s'agissait du marquis de Condorcet qui écrivit "Serait-il absurde, maintenant, de supposer que ce perfectionnement de l'espèce humaine doit être regardé comme susceptible d'un progrès indéfini, qu'il doit arriver un temps où (...) la durée de l'intervalle moyen entre la naissance et cette destruction n'a elle-même aucun terme assignable? . Et c'est en France aussi, à Arles, que vécut jusqu'à 122 ans, Jeanne Calment, la femme qui atteint l'âge le plus élevé de l'histoire de l'humanité.

Pour des raisons de niveau économique, de traditions alimentaires mais aussi probablement de patrimoine génétique, c'est au Japon et à Hong-Kong que l'espérance de vie est actuellement la plus haute au monde. C'est aussi en Asie que les technologies progressent le plus rapidement dans les domaines de la robotique. Il s'agit d'aider les personnes âgées à pouvoir être autonomes grâce à des moyens technologiques qui n'existent pas encore.

Dans la Russie présoviétique est né un mouvement philosophique, d'inspiration partiellement chrétienne orthodoxe, le cosmisme. Un de ses plus célèbre propagateurs, Nikolaj Fedorov estimait que l'immortalité des êtres humains, d'un point de vue éthique mais même d'un point de vue scientifique (!) devait concerner non seulement les générations qui nous succéderont mais même devrait un jour permettre de faire revenir à la vie ceux déjà décédés.

C'est en Chine que les efforts les plus gigantesques ont été effectués il y a déjà des millénaires pour permettre une vie sans vieillissement. Il y a 2220 ans, Qin Shihuangd, le premier empereur mourait, probablement notamment suite à l'ingestion de mercure qui était censé lui permettre d'accéder à l'immortalité. Ce fut une tradition millénaire des alchimistes de l'empire du milieu de chercher le secret d'une vie sans limites. Et des recherches intenses se poursuivent également, notamment pas très loin en Corée afin de mieux comprendre et maîtriser les cellules-souches qui pourraient un jour diminuer considérablement les mécanismes du vieillissement.

Enfin, une des plus belles raisons d'agir pour une vie en bonne santé beaucoup plus longue a été décrite par le sénégalais Amadou Hampaté Bâ "Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle".

Mais le futur d'une vie avec un vieillissement négligeable est peut-être ailleurs. Peut-être dans la mer des Caraïbes d'où provient une étrange méduse qui se répand de par le monde. Turritopsis nutricula a un cycle de vie qui comprend une phase d'avancée en âge jusqu'à la maturité sexuelle et puis une phase de rajeunissement qui fait que cet étrange invertébré de petite taille semble ne jamais mourir de vieillesse. Peut-être, faut-il chercher dans les déserts de l'est africain où e rat-taupe-nu est un rongeur qui vit une trentaine d'années, bien plus longtemps que les rongeurs ordinaires ou encore près des côtes islandaises ou a été découvert un "quahog nordique", petit mollusque venu du froid et ayant atteint l'âge de 400 ans.

Encore que le futur d'une vie beaucoup plus longue en bonne santé se trouve le plus probablement dans ce qui n'est pas un lieu géographique mais virtuel, le lieu de la rencontre d'idées et de techniques venus de laboratoires d'origines multiples et qui n'existait pas pour la plupart d'entre nous il y a moins de 15 ans. C'est-à-dire une éternité en terme de progression technologique.



La bonne nouvelle du mois: Premiers poumons "régénérés" chez les rats.



Dans un laboratoire du Connecticut, dans l'Université de Yale, des scientifiques ont "décellularisé" des poumons de rats, c'est-à-dire qu'ils n'ont gardé des poumons que la structure. Ils ont ensuite "recellularisé" ces poumons avec des cellules souches et puis réalisé une greffe de ces organes sur d'autres rats. Les poumons ont permis aux animaux de respirer pendant quelques heures.

Cette expérience illustre la progression constante en matière de régénération cellulaire. Les greffes de poumons ont actuellement un taux d'échec très important. Il reste encore cependant bien des étapes avant une greffe similaire chez l'être humain notamment vu la différence de taille de l'organe respiratoire. Et plus de chemin encore pour d'autres organes.


jeudi 10 juin 2010

Lettre aux électeurs pour le 13 juin 2010

Dans quelques dizaines d'heures, vous pourrez voter pour les élections fédérales belges. L'enjeu, dès le 13 juin au soir, sera notamment de redéfinir comment tenter de vivre ensemble entre néerlandophones et francophones. A quelque niveau que ce soit, je pense que la vie en société se passe mieux lorsque nous arrivons à vivre avec plus de solidarité, plus d'attention pour le long terme et plus de respect mutuel.

J'ai choisi, il y a bien des années, de militer pour Ecolo et pour Groen!, les composantes belges du parti vert européen, parce que, à mon avis, les Verts sont le mouvement qui peut le mieux promouvoir l'intérêt de tous, aujourd'hui et demain, au Nord et au Sud, sans distinction de race, de naissance, de sexe ou d’origine. Vivre ensemble, c'est difficile, mais passionnant.

C'est pour ces raisons que, cette fois comme pour des élections précédentes, je vous propose de voter pour les partis les plus à gauche et les plus éthiques présents dans les parlements de notre petit pays fédéral. Je vous invite aussi, si vous avez un peu de temps, à consulter les programmes d'Ecolo http://web4.ecolo.be/?-Le-programme-complet- et de Groen! http://www.groen.be/ideen/programma_16.aspx.

Je connais de nombreux très bons candidats verts sur les listes partout en Belgique. Personnellement, habitant Bruxelles, je voterai à la Chambre notamment pour les candidats d'Ecolo Zoé Genot (2ème), Sarah Turine (22 ème) et Eric Remacle (11ème suppléant) et au Sénat je voterai pour Wouter Van Besien, président de Groen! et dernier candidat de cette liste.

Choisir, c'est renoncer. J'aurais pu aussi "panacher" dans l'autre sens en votant Groen! à la Chambre et Ecolo au Sénat. J'aurais alors voté, comme choix d'apaisement linguistique, pour une citoyenne francophone (et multilingue) de la périphérie, Fatima Boudjaoui 3ème candidate sur la liste Groen! à la Chambre et pour Zakia Khattabi, candidate multiculturelle et féministe, 12ème sur la liste Ecolo au Sénat.

Les verts au gouvernement sont loin d'être parfaits notamment malheureusement au niveau de la politique bruxelloise de logement social et de mobilité bruxelloise. Mais ils sont plus que jamais ancrés à gauche réinvestissant notamment plus que tous les autres partis parlementaires dans la réduction généralisée du temps de travail et dans une solidarité accrue de la part des revenus les plus élevés.

Je vous invite aussi dès le 14 juin à être exigeant vis-à-vis des partis et des élus. Et ceci en ne demandant pas seulement ce que les politiques peuvent faire pour vous mais aussi ce que vous pouvez faire pour que les élus participent à un monde plus solidaire.

Didier Coeurnelle
Citoyen du monde, (techno)progressiste et conseiller communal à Molenbeek.

Source de l'image: http://www.flickr.com/photos/kallisys/466922372/