dimanche 31 août 2008

L'eau, la terre, l'espace et Google devraient être à tout le monde

Sans Google, la vie serait plus difficile. En l'espace de quelques années, le monde virtuel s'est structuré par lui. Il offre à des centaines de millions de personnes l'annuaire universel, la carte routière universelle, la boîte aux lettres universelle, le coffre-fort universel et bien d'autres possibilités encore que la science-fiction avait à peine envisagé il y a moins de 30 ans. Et il est fort possible que Google devienne bientôt le communicateur universel par la conjonction des outils de traduction et d'une mobilophonie combinant de manière exponentielle diminution des prix, tendance à l'ubiquité et miniaturisation.

Sans Google, internet ne serait cependant pas un chaos. D'autres prendraient la place offrant des services similaires. Peut-être que, par exemple, Wikipédia, l'encyclopédie universelle, se serait étendue dans les territoires laissés libres.

Mais aujourd'hui, au niveau virtuel, tout est dans Google et Google est dans tout. Et si Google était un être doté de raison et de mémoire, il en saurait déjà parfois plus sur vous que ce que vous en savez vous-même.

L'univers internet qui se crée sous nos yeux depuis les années 90 a de multiples aspects paradisiaques pour tout progressiste politique. Du dazibao
à la démocratie directe, de la construction de l'utopie à la déconstruction des secrets, bien des rêves les plus fous de nos parents politiques sont devenus réalisables.

Malheureusement, ces rêves se sont peu concrétisés, en particulier sur la gauche de l'échiquier politique. Les hommes et les femmes à la fibre collective des décennies précédentes faisaient des projets souvent spectaculaires dans l'austérité et la répression. Mais ils ont eu des réalisations limitées dans l'abondance. Il n'est pas exagéré d'écrire qu'à quelques exceptions près, telles les collaborations pour Wikipédia et Open Office, les enfants politiques de 68 ont très peu contribué à réaliser internet. Et même dans les secteurs précités, le travail a été teinté d'inquiétudes, particulièrement en Europe.

Dans ce domaine comme dans d'autres d'évolution récente, les citoyens qui se définissent souvent comme progressistes ont paradoxalement marqué leur perception politique de ces deux dernières décennies par:
  • de la méfiance;
  • un souhait d'égalité louable mais qui se concrétise souvent par le gel des innovations;
  • une vision de l'avenir conçu uniquement comme une projection paroxystique du présent.
Il existe d'autres moyens d'être progressistes. Et notamment, en ce qui concerne Google, plutôt que d'observer les dangers réels actuels, nous pourrions revendiquer que cette société soit étatisée et devienne le premier service public universel de la planète géré par une collectivité sur le modèle technique et idéologique des logiciels libres et sur le modèle idéaliste de la propriété collective des biens nécessaires à tous.

Google, après avoir été un instrument fondamental d'un environnement multiculturel qui concerne déjà près d'un quart des habitants de la planète, pourrait être promu comme un outil appartenant à tous. Google pourrait être une première expérience démocratique mondiale.

Mais tout cela a plus de chances de se réaliser si les courants de gauche perçoivent et imaginent non plus principalement les risques mais aussi les possibilités ouvertes par la transparence et la communication accrues. Par exemple la gauche devrait comprendre que Google du point de vue de la vie privée crée progressivement non plus seulement du "Big brother is watching you" mais aussi une société du '"Small brothers are watching you". Petit à petit, tout le monde peut ou en tout cas sait observer tout le monde. Cette transparence pour tous présente des risques mais aussi des avantages.

Bref, il est temps que la gauche s'ouvre à nouveau au progrès technique et à ses conséquences de manière prospective et suffisamment positive. Le communisme, ce n'était pas le socialisme plus l'électricité, mais le progressisme politique des prochaines décennies, cela pourrait être notamment l'internationalisme plus Google transformé en bien collectif.

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Pour en savoir plus:

Sauf erreur, rien n'est disponible actuellement à ce sujet!

La page http://fr.wikipedia.org/wiki/Critique_de_Google et le site http://www.google-watch.org peuvent fournir quelques éléments de réflexion.

Source de la photo: http://www.flickr.com/photos/gaetanlee/118885175

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