jeudi 3 mai 2018

Premier mai technoprogressiste pour une Intelligence Artificielle Publique au service d'une vie en bonne santé beaucoup plus longue


Depuis le 1er mai 2017, l'espérance de vie en bonne santé a augmenté de près d'un trimestre dans le monde. La durée moyenne de la vie est de plus de 80 ans en Belgique et de plus de 70 ans dans le monde. Des millions de citoyen.ne.s qui seraient morts ces douze derniers mois sans progrès coulent aujourd'hui des jours relativement paisibles. La mortalité infantile qui était une source majeure de décès poursuit sa diminution. La pauvreté multidimensionnelle décroît.
Jusqu'à la première moitié du 20è siècle au moins, le désir de progrès technique et le désir d'égalité sociale étaient liés. La gauche et les mouvements réclamant plus de solidarité et d'égalité rêvaient de lendemains qui chantent. Ces lendemains étaient faits de plus d'égalité, de plus de biens et d'un monde plus facile à vivre matériellement et technologiquement.
Aujourd'hui, malheureusement, les progressistes ne rêvent plus guère de progrès technique, même pour les énergies renouvelables. Le développement des pollutions et le réchauffement climatique ont mené beaucoup de progressistes à vouloir "renverser la vapeur" là où il fallait plutôt la purifier et donc l'orienter autrement. Il y a aussi la peur que les progrès n'augmentent les inégalités. Pourtant, contrairement à ce que beaucoup pensent, l'accélération du bien-être est plus grande dans les pays du Sud qu'au Nord. Le téléphone mobile est passé en moins d'une génération du statut de bien de luxe à celui d'outil utilisé par la majorité des citoyen.ne.s du monde. De même pour l'accès à internet. Une part énorme des connaissances collectives universelles est de plus en plus accessible.

Les (techno)progressistes pourraient exiger que chaque citoyen dans le monde ait un droit inconditionnel à un téléphone dit intelligent. Ils pourraient ne pas se contenter de s'opposer aux dérives des multinationales du numérique, mais exiger que Google et Facebook fonctionnent comme des services publics collectifs de plus en plus développés.

Ces derniers mois, tout le monde parle de l'intelligence artificielle, d'utilisation de données et beaucoup ont peur, pas toujours à tort, mais souvent sans faire de proposition. Il est temps d'exiger:
= La mise à disposition pour et par tous des données avec anonymisation
= L'utilisation en priorité absolue de l'intelligence artificielle pour les progrès de santé, d'environnement durables, de solidarité et d'éthique Un projet de longévité de type Manhattan ou Apollo, mais mondial et avec une gouvernance collective est envisageable. Il viserait à permettre à des volontaires (très) âgé.e.s et fragiles de tester des thérapies de réjuvénation qui seront à terme utiles à tous.
Si les résultats des recherches nouvelles ne sont pas publics, les progrès seront probablement d'abord réservés aux plus aisés. Chaque centime de financement public utilisé avec succès pour des progrès médicaux contre les maladies liées au vieillissement peut bénéficier un jour à toute personne âgée. C'est un bénéfice potentiel pour des milliards d'êtres humains sans distinction de nationalité, d'origine, de capacité financière,... Que ceux et celles que lutter contre la sénescence n'intéressent pas n'empêchent pas les pauvres vieux qui le souhaitent d'en bénéficier.
Il est vrai que ces progressions gigantesques ne résolvent pas (encore?) tous les problèmes de bien-être. L'abondance ne suffit pas au bonheur de tous. De plus, au-delà d'un certain niveau de confort matériel, la perception du bien-être se fait surtout par comparaison avec le niveau matériel des autres, lequel progresse aussi. Il restera donc un jour à la gauche (et pas qu'à elle) à découvrir comment augmenter le bonheur dans une économie d'abondance.
Le technoprogressisme, c'est développer l'égalité (radicale) du futur dans un monde où le travail tel que nous le connaissons sera de moins en moins nécessaire. C'est aussi savoir que les progressions technologiques comprennent des risques immenses aujourd'hui (pollutions, effets de serre, risques pour la vie privée,...) mais aussi à plus long terme. Ces risques à moyen terme sont liés à la maîtrise de plus en plus absolue de la structure du vivant, de la matière et à une intelligence artificielle incontrôlée. Le principe de précaution dans une société évoluant, ce n'est pas toujours arrêter les modifications technologiques, cela peut être, au contraire, les accélérer pour sauver des vies et diminuer des risques.
Pour que le progrès technique ait le plus de chances d'être aussi un progrès tout court, pour que les lendemains extraordinaires soient aussi des lendemains qui chantent, un des éléments favorables est une gauche proactive, capable de faire primer paix, égalité, justice et souci du bien commun sur les intérêts financiers et matériels à court terme.
Penser globalement pour agir localement. Penser à long terme pour agir à court terme. La question n'est plus de savoir si les progressions technologiques vont permettre une vie beaucoup plus longue en bonne santé et comprennent des risques, mais de réfléchir collectivement aux conséquences de ces évolution. La science-fiction d'aujourd'hui, rêve ou cauchemar, voire plus probablement rêve et cauchemar, ne sera pas seulement la réalité de nos enfants, c'est aussi la nôtre.


Pour en savoir plus:


Réactions: didier.coeurnelle@gmail.com

Aucun commentaire: