Thème du mois:
les impôts et la mort, les impôts contre la mort?
L'année de la révolution française, Benjamin Franklin, génie polyvalent qui
allait mourir l'année suivante, écrivait Dans ce monde, il n'y a que deux
choses certaines dans la vie: les impôts et la mort (taxes and death).
Six ans plus tard, en 1795, dans la toute jeune République française, le marquis de Condorcet s'interrogeait: Serait-il absurde, maintenant, de supposer que ce perfectionnement de l'espèce humaine doit être regardé comme susceptible d'un progrès indéfini, qu'il doit arriver un temps où la mort ne serait plus que l'effet, ou d'accidents extraordinaires, ou de la destruction de plus en plus lente des forces vitales, et qu'enfin la durée de l'intervalle moyen entre la naissance et cette destruction n'a, elle-même, aucun terme assignable?
Plus de deux siècles plus tard, les impôts et la mort ont bien résisté. Les impôts ont même progressé, au grand regret de nombreux citoyens. Ces hommes et ces femmes qui oublient les avantages liés aux financements collectifs d'innombrables biens et services qui protègent et servent les citoyens depuis les prestations de la sécurité sociale au réseau internet qui leur permet de lire ces lignes.
A première vue, la mort a beaucoup reculé. L'espérancede vie a fait des bonds de
géant faisant plus que doubler. La mortalité infantile a pratiquement disparu
en Europe. Même dans les pays les plus pauvres d'Afrique, seule une minorité
d'enfants n'atteint plus l'âge adulte. Au cours d'une semaine, nous gagnons
environ un week-end d'espérance de vie. Au Bangladesh, un des pays les plus
pauvres du monde, l'espérance de
vie a cru de plus de 10 ans les 25 dernières années.
Six ans plus tard, en 1795, dans la toute jeune République française, le marquis de Condorcet s'interrogeait: Serait-il absurde, maintenant, de supposer que ce perfectionnement de l'espèce humaine doit être regardé comme susceptible d'un progrès indéfini, qu'il doit arriver un temps où la mort ne serait plus que l'effet, ou d'accidents extraordinaires, ou de la destruction de plus en plus lente des forces vitales, et qu'enfin la durée de l'intervalle moyen entre la naissance et cette destruction n'a, elle-même, aucun terme assignable?
Plus de deux siècles plus tard, les impôts et la mort ont bien résisté. Les impôts ont même progressé, au grand regret de nombreux citoyens. Ces hommes et ces femmes qui oublient les avantages liés aux financements collectifs d'innombrables biens et services qui protègent et servent les citoyens depuis les prestations de la sécurité sociale au réseau internet qui leur permet de lire ces lignes.
A première vue, la mort a beaucoup reculé. L'espérance
Mais la limite extrême de la durée de la vie humaine, elle, n'a pas tellement
changé. Le premier être humain qui a atteint l'âge d'un siècle est probablement
né il y a près de trois millénaires en Chine, des philosophes grecs ont vécu
presque centenaires. Trente siècles plus tard, la personne la plus âgée au
monde n'a que 115 ans et l'expression "resplendissante de santé" ne
la concerne pas.
La mort et les impôts subsistent donc.
Une part très importante des impôts sert d'ailleurs à retarder la mort. Il en va ainsi, bien sûr, des dépenses en soins de santé ou pour les maisons de repos. Mais il en va également de nombreux investissements dans des domaines variés comme la sécurité routière, les services d'urgence, les forces de police, la lutte contre les pollutions,... En réalité, dans de très nombreux domaines de la vie sociale et politique, un des objectifs fondamentaux, explicites ou implicites, est de permettre une vie en bonne santé plus longue.
Une part très importante des impôts sert d'ailleurs à retarder la mort. Il en va ainsi, bien sûr, des dépenses en soins de santé ou pour les maisons de repos. Mais il en va également de nombreux investissements dans des domaines variés comme la sécurité routière, les services d'urgence, les forces de police, la lutte contre les pollutions,... En réalité, dans de très nombreux domaines de la vie sociale et politique, un des objectifs fondamentaux, explicites ou implicites, est de permettre une vie en bonne santé plus longue.
Il y a notamment un domaine où des impôts sont payés pour retarder la mort,
mais en quantité relativement limitée, c'est la recherche scientifique dans le
domaine de la santé. Ce
type de dépense se différencie de nombreux autres investissements socialement
utiles en ce que la recherche profite potentiellement non pas aux citoyens
d'une région ou d'un pays mais à tous les êtres humains. Paradoxalement, un
intérêt aussi large que toute la population humaine peut apparaître comme moins
porteur que des intérêts catégoriels.
Les dépenses fiscales qui sont explicitement effectuées au bénéfice de l'ensemble de l'humanité sont extrêmement rares à ce
jour. On peut citer le financement de l'ONU et d'autres institutions à
vocation mondiale,
les subsides versés aux organismes qui tentent de réduire les risques liés aux
astéroïdes et, de manière plus conséquente, les mesures de lutte contre le
réchauffement climatique.
Enfin, les recherches dites fondamentales, dans une certaine mesure, visent l'intérêt de toute la population à progresser dans les connaissances. Mais le but affirmé est assez rarement celui-là. Ces recherches sont généralement plutôt présentées comme satisfaisant une sorte de curiosité globale de l'espèce humaine, une soif de savoir qui est une des caractéristiques qui font de nos semblables cet être étrange qui cherche constamment à se rassurer, à dépasser et à se dépasser.
Parmi les
recherches fondamentales et appliquées relatives à la vie de nos semblables,
les investigations relatives au vieillissement concernent le plus de
personnes. Et, actuellement, pour trois
décès dans le monde, deux décès sont consécutifs aux maladies et affections
relatives au vieillissement.
Notre
obsolescence à tous
est actuellement programmée par la nature. Les recherches de milliers de
scientifiques ont permis certaines "déprogrammations" par le biais de
la lutte contre les cancers, les maladies dégénératives, les affections
cardio-vasculaires,... mais bien du travail reste à
accomplir. Sauf à considérer qu'une vie humaine perd de sa valeur au fur
et à mesure de l'écoulement du temps jusqu'à devenir négligeable, toutes les
investigations permettant de prolonger la vie en bonne santé sont donc
potentiellement utiles à des milliards de personnes.
Des recherches
peuvent être accomplies par des firmes pharmaceutiques, mais ces firmes
préfèrent les résultats rapides et partiels aux recherches à long terme. Il
pourrait même être affirmé, cyniquement, que les solutions les plus globales
sont celles le moins susceptibles d'intéresser les grandes compagnies. En
effet:
- Une solution globale réclame des recherches longues;
- Une percée significative signifierait la disparition de la nécessité de nombreux traitements plus partiels;
- Des avancées globales seraient d'une telle importance pour des milliards de citoyens du monde que la pression sociale, politique et sociologique empêcherait de privatiser largement les bénéfices des traitements.
Pour toutes ces
raisons, ce sont les organismes publics qui sont les plus
susceptibles de progresser dans la recherche fondamentale et même dans
certaines recherches appliquées de lutte contre le vieillissement. Pour
financer ces recherches, les mécanismes de contribution collective sont une
solution. Et puisque ce financement permet de vivre plus longtemps en bonne
santé, il diminue à terme les soins de santé de type gériatrie, il permet donc in fine de payer moins d'impôts.
Nouvelle du mois
Un des aspects les plus angoissants du vieillissement est le déclin des
capacités cognitives avec l'âge. La diminution radicale de la mémoire et
d'autres potentialités intellectuelles pour les victimes de la maladie
d'Alzheimer est connue et étudiée. Mais une étude récente semble démontrer que,
malheureusement, les capacités diminuent chez des adultes non pas encore âgés
mais seulement d'âge mur. Selon une enquête durant 10 années, portant sur la
mémoire, le vocabulaire et la compréhension de 7.000 hommes et femmes,
fonctionnaires britanniques, dès la tranche d'âge de 45 à 49 ans, les capacités
diminuent de près de 4%.
Bien sûr, et heureusement, ces diminutions de capacités
sont compensées par l'expérience. Mais cela démontre, pour autant que les
résultats ne soient pas biaisés par d'autres éléments,
que les recherches en matière de lutte contre le vieillissement sont
potentiellement utiles non seulement pour les personnes âgées mais
également pour bien des hommes et des femmes qui sont encore bien loin du
"troisième âge".
• Pour en savoir plus de manière générale: http://sens.org/,http://imminst.org/, http://heales.org/ et http://immortalite.org/
• Pour en savoir plus à propos du déclin des capacités cognitives dès l'âge de 45 ans : http://www.bbc.co.uk/news/health-16425522 (en anglais)
• Pour réagir ou recevoir la lettre d'information: info@heales.org
• Source de l'image: statuette dans un musée symbolisant la mort - billets et pièces islandais
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