La mort de la mort. Lettre de juillet 2015. Numéro 76.
Lors d'une séance de questions-réponses, le cosmologiste britannique Stephen
Hawking demanda à Mark Zuckerberg, dirigeant-fondateur de Facebook quels
étaient les plus grands mystères scientifiques pour lesquelles il souhaitait
une réponse. Parmi les questions que se pose le fondateur du plus grand réseau
social de l'histoire de l'humanité, il y avait "Comment guérir toutes les maladies ?" et "Qu'est-ce qui pourrait nous permettre de
vivre toujours?"
Thème du mois: Nématodes et drosophiles,
les champions de
la longévité élastique.
Le nématode Caenorhabditis elegans, généralement désigné par l'abréviation
C. Elegans, est un ver minuscule, d'un millimètre de long, abondamment
étudié en laboratoire depuis une cinquantaine d'années. C'est probablement
l'être vivant dont la physiologie et les caractéristiques sont le mieux compris
au monde, grâce à sa simplicité et grâce au nombre énorme d'études à son sujet.
Nous savons par exemple que le nombre de noyaux cellulaires et le nombre de
neurones sont fixes. Un ver adulte est composé de 959 cellules dont 302
neurones. Malgré la taille minuscule du système nerveux, 300 millions de fois
plus réduit que le nôtre, l'animal est capable d'apprendre et donc de
mémoriser. Il s'agit de la mémorisation de choix simples (par exemple aller à
droite ou à gauche pour éviter un choc électrique).
C. Elegans, dont la durée de vie normale, n'est que de trois semaines
environ, est également l'animal dont la durée de vie a pu (proportionnellement)
le plus être modifiée par des interventions humaines. Bien des moyens ont été
testés: la température, la restriction calorique, l'injection de produits, la
sélection et les modifications génétique, ...
Les drosophiles, aussi appelées familièrement mouches du vinaigre, sont
des petits insectes présents dans presque toutes les régions de la planète. Il
existe de nombreuses espèces et la plus étudiée est la
drosophile melanogaster. Comme C. Elegans, sa durée de vie est très
courte (30 jours), sa taille est très petite (environ trois
millimètres de long) et son élevage en laboratoire est d'une grande simplicité.
Comme pour C. Elegans, un des sujets d'étude concerne les méthodes pour
allonger "artificiellement" la durée de sa vie.
Un autre point commun de C. Elegans et de la drosophile melanogaster est
que leurs génomes ont été séquencés avant celui de l'être humain, respectivement
en 1998 et en 2000. Les deux génomes sont fort éloignés du génome humain,
mais le génome de la drosophile a quand même plus de 50 % en commun avec celui
de l'auteur de ces lignes.
Une différence entre les deux espèces est l'ampleur de l'allongement de
la durée de vie suite à une intervention humaine. Pour C. Elegans, la
combinaison de divers traitements a permis d'obtenir jusqu'à une durée de vie au
moins sept fois plus longue que la durée naturelle. Pour les drosophiles, les traitements
aboutissent à une augmentation moindre de leur brève existence.
Lors d'une expérience, la durée de vie des vers était même prolongée en
ne les nourrissant pas du tout! Il va de soi que cette restriction calorique
extrême n'est efficace que pour des êtres vivants très éloignés de l'espèce
humaine. Cela ne fonctionne d'ailleurs pas pour les drosophiles.
Les recherches en matière de longévité pour ces deux espèces illustrent
un point qui rend la recherche en matière de longévité accrue particulièrement
complexe chez l'être humain. Apparemment, plus un animal est complexe, plus il
est difficile d'influer sur sa durée de vie.
Les recherches sur les vers et les drosophiles sont donc utiles pour
ouvrir des pistes, réaliser des expérimentations rapides, comprendre mieux des
mécanismes de sénescence. Par contre, pour progresser fortement pour la
longévité humaine, il faudra continuer poursuivre les recherches sur les
mammifères et sur nous-mêmes que ce soit en laboratoire, par l'observation
statistique et, de plus en plus, par des modèles informatiques mimant les
réalités biologiques.
La bonne nouvelle
du mois : Organisation d'un concours pour le meilleur court-métrage en faveur
de la longévité
Heales (Healthy Life extension Society) et
l'International Longevity Alliance (ILA) organisent un concours. Les artistes,
citoyens, promoteurs de la longévité sont invités à réaliser une vidéo d'une
durée minimale de 60 secondes et maximale de 10 minutes. Il peut s'agir d'une
animation, d'un film, d'une succession de photos sous forme d'une histoire,
d'un récit, de science, de fiction ou de science-fiction,...
Voulez-vous atteindre l'immortalité en devenant
célèbre ou en évitant la mort ? En prenant part à cette compétition, vous aurez
une petite chance de contribuer aux deux!
Vous avez jusqu'au 21 septembre 2015 pour
concourir. Un jury international désignera les trois lauréats. Le premier prix
est de 3.000 euros.
Pour en savoir plus:
· A propos du prix pour le meilleur court-métrage de
promotion de la longévité (en anglais): www.heales.org/nhs/images/ShortMovie2015Compet.pdf
· A propos de
la déclaration de Mark Zuckerberg (en anglais): www.fightaging.org/archives/2015/07/the-wealthy-are-just-like-the-rest-of-us-in-that-many-want-to-do-good-in-the-world.php