Mon objectif n'est pas de peupler
la France de centenaires en maisons de retraite mais que nos
contemporains puissent continuer à vivre debout, autonomes, qu'ils puissent
continuer à créer, entreprendre et aimer, bien au-delà de cent ans.
Christophe de Jaeger, auteur de ""Nous ne sommes plus faits pour
vieillir", 2012.
Thème
du mois: Vampires, zombies et autres morts-vivants.
Jamais dans l'histoire de
l'humanité, l'arrêt des fonctions vitales des femmes et des hommes n'a été
considéré comme un point final.
Toutes les civilisations, toutes
les religions, mais aussi tous les êtres humains doués de conscience,
envisagent à un moment ou à un autre une suite matérielle ou immatérielle,
visible ou invisible, positive ou nuisible, volontaire ou involontaire, des personnes décédées.
Pour autant que l'on sache, la
perception que la dépouille n'est pas qu'un objet inanimé s'exprime aussi chez
certains animaux. Il s'agit de mammifères tels les chimpanzés, les éléphants et
les dauphins mais aussi certains oiseaux tels les corbeaux qui ont des
réactions spécifiques devant un de leurs congénères mort.
Chez les êtres humains, les
croyances en une vie après la mort sont multiples. Les trois
grandes catégories de perceptions sont les résurrections, les
réincarnations et les dématérialisations (l'âme qui s'en va). Parmi toutes les
croyances liées aux résurrections, le thème d'un retour d'abord
malfaisant apparaît assez souvent,
Dans ces cas, la conception
centrale est que le retour d'une personne morte à une activité se fait de
manière néfaste pour les êtres humains ordinaires soit parce que le
"mort-vivant" a besoin de se nourrir d'êtres humains ordinaires soit
parce que le "mort-vivant" veut les détruire par une sorte de haine
ou besoin irrépressible.
Ainsi se conçoivent les vampires
qui boivent le sang et les zombies qui veulent nous tuer. Généralement,
l'activité de ces êtres sera concentrée la nuit, symbolisant l'affrontement
entre lumière et ténèbres, la confrontation entre la vie véritable du jour et
un substitut cauchemardesque la nuit.
Le zombie
Le zombie est un être humain
passé à un état de vie très partiel. Il peut sortir de la tombe ou avoir été
contaminé par un virus. Il est dégradé et même souvent en état de
décomposition. Le but principal de son existence semble de détruire les êtres
humains ordinaires, en les dévorant ou en les tuant d'une autre manière. Le
zombie a une physiologie dégradée mais aussi des capacités psychiques à ce
point diminuées que l'on ne peut plus parler de conscience autonome. Le terme
"zombie" est d'ailleurs employé plus largement pour désigner des
personnes mais aussi des animaux qui ne décident plus de manière autonome de
leurs actes, des êtres dirigés par d'autres (des fourmis zombies dirigées par
un parasite, des ordinateurs zombies contrôlés de l'extérieur,...).
Le thème des zombies a connu un
énorme succès grâce au cinéma, notamment par le film emblématique "La nuit
des morts-vivants". Il s'inscrit dans la lignée des réalisations
artistiques qui permettent de se faire peur sans risque. Les auteurs inventent
un monde hypothétique dans lequel des catastrophes improbables font apparaître
notre sort y inclus notre mort comme un moindre mal.
Généralement, le seul moyen de
traiter un mort-vivant, c'est de le détruire, ce qui s'avère complexe puisque
l'être résiste entre autres aux armes classiques. Il n'y a pas de négociation.
Le meilleur zombie est un zombie totalement détruit. Une lueur
d'espoir apparaît cependant dans certains récits contemporains tels
le film de 2007 "Je suis une légende" dans lequel le héros cherche à
créer un médicament capable de faire revenir les zombies à l'état
d'êtres humains pleinement conscients. Dans ce film et dans quelques autres, la
dégradation n'est donc pas irréversible.
Les vampires
Les croyances religieuses liées
au sang humain ou animal et à sa consommation sont nombreuses. C'est logique
parce que la consommation de sang d'autres animaux comme élément
d'alimentation est fréquente chez les animaux mais aussi chez les humains
(boudin, steak "saignant",...). Mais ce n'est que depuis le 18ème
siècle que le personnage mythique tel que nous connaissons aujourd'hui a été
popularisé. La consommation du sang y est, pour le vampire, un moyen de survie
ou un moyen de réjuvénation.
Le thème a connu un succès
littéraire considérable grâce au roman "Dracula", écrit en 1897 et
ensuite grâce aux très nombreux films sur ce thème. Dans les récits, la peur et
l'attirance de la mort, de la nuit, du sang et de la sexualité se
rencontrent.
Le vampire se distingue du zombie
parce que l'apparence physique du vampire est très proche voire indiscernable
de l'être humain ordinaire. Le vampire sera décrit comme craignant la lumière
et étant de teint blafard mais ceci peut être perçu comme attirant. La
vie intérieure du vampire est riche, se rapprochant voire dépassant la
complexité des interrogations proprement humaines.
Selon les récits, la
représentation des vampires varie mais tend à devenir plus élaborée et plus positive
au 20ème et au 21ème siècle notamment dans les séries télévisées consacrées au
thème. Comme pour les zombies, l'espoir d'une guérison des vampires
peut apparaître. Cette guérison n'est plus miraculeuse, comme l'était le réveil
de la belle au bois dormant, mais médicale. Le vampire n'est plus un monstre
mais devient un malade, incurable dans l'état actuel de la science.
D'autres morts-vivants
Les contes, légendes et religions
envisagent encore bien des êtres à la frontière de la vie et de la mort. Il en
va ainsi des fantômes et des goules, créatures femelles
monstrueuses dévorant les cadavres. Cependant, actuellement, seuls les
zombies et les vampires sont fréquemment abordés par le grand public. En ce qui
concerne les fantômes, ce sont probablement les progressions technologiques qui
ont sévèrement limité l'impact des croyances pour les maisons hantées. Là où ni
les caméras de surveillance ni les enregistreurs ne détectent plus les
créatures que les humains pensaient percevoir, les croyances se réduisent.
Un futur des morts-vivants
plus vivant?
Parmi les évolutions artistiques
possibles relatives à ce qui suit la mort, un cheminement possible est
une vision dystopique (contre-utopique): l'homme doit mourir. Tenter
d'échapper à son sort est dangereux pour la collectivité. Une autre
vision plus positive de l'après-décès est aussi possible: la mort et ce qui
survient après le décès ne sont pas immuables.
Pour ce qui est du monde réel,
l'avenir sera probablement, une fois encore, plus surprenant que bien des
récits imaginaires.
La nouvelle du mois: la restriction
calorique à nouveau mise en cause.
Selon une large étude
transversale récemment publiée (1er janvier 2013), les personnes en léger
excédent de poids et même les personnes en légère obésité ont une espérance de
vie supérieure aux personnes ayant un poids supposé idéal (indice de masse
corporelle de 18,5 à 25). Seule une forte obésité diminuerait l'espérance de
vie. Les auteurs ne donnent pas de raison claire à cet état de fait.
Il pourrait s'agir en fait de la
conséquence du fait que les personnes maigres sont plus souvent des gens en
mauvaise santé et rarement des personnes qui choisissent de manger moins pour
rester en bonne santé mais cet élément n'est pas abordé par les auteurs.
Si la raison de la mortalité plus
élevée des personnes les plus minces est autre que l'état de santé global de
départ des personnes les plus minces, cette constatation illustre une fois de
plus que nous ne comprenons pas encore beaucoup de déterminants de la durée de
vie puisque c'est en contradiction avec ce que nous savons au niveau notamment
des maladies cardiovasculaires.
Pour
en savoir plus :
·
De manière générale: http://heales.org, http://longecity.org,
http://sens.org et http://immortalite.org
·
Au sujet des vampires et des zombies: http://fr.wikipedia.org/wiki/Vampires
et http://fr.wikipedia.org/wiki/Zombie_(mort-vivant)
·
Au sujet de l'impact de l'indice de masse
corporelle: http://jama.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=1555137#qundefined et
http://www.fightaging.org/archives/2013/01/fat-and-mortality-rates-again.php (en
anglais)
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