Voici ci-dessous l'amendement que j'ai introduit et qui a été adopté avec l'ensemble du texte ainsi que l'explication que j'ai lue avant le vote.
Il s'agit pour moi d'une problématique existentielle. Les progrès techniques que nous vivons sont extraordinaires et il convient de les aborder dans une optique technoprogressiste (terme que je n'ai pas employé le 15 janvier) mais en étant conscients des dangers. Un des moyens de limiter les risques est de rendre chaque jour la vie humaine encore plus précieuse et l'usage de la violence encore plus inacceptable.
Didier Coeurnelle
Défense civile non violente
Les évolutions technologiques font de notre planète un ensemble de plus en plus complexe et fragile. Les connaissances scientifiques progressent rapidement. Ceci s'exprime déjà dans le domaine des armes nucléaires, entre autres par les possibilités de miniaturisation ("mini-nukes") mais aussi potentiellement dans le domaine des armes biologiques, chimiques, nanotechnologiques. Les développements complémentaires des connaissances dans le domaine de l'automatisation et de l'intelligence artificielle rendent les armes de destruction massive, d'année en année, plus faciles à réaliser.
Il appert dès lors que le développement des moyens de résolution non violente des conflits est encore plus important aujourd'hui qu'hier. Non pas parce que les hommes et les femmes sont plus violents aujourd'hui qu'hier. Mais parce que l'usage de la violence avec des conséquences létales massives est de plus en plus aisé. Tout ce qui rend cet usage plus difficile, matériellement, psychologiquement et moralement est une garantie pour aujourd'hui et plus encore pour demain.
L'UE est le lieu privilégié qui doit servir d'exemple et de moteur de ces stratégies. Ceci suppose que les armées de l'Union respectent de manière absolue les critères les plus stricts en cas d'utilisation de l'outil militaire. Et cela nécessite également une prise de conscience de ces enjeux futurs chez les décideurs politiques et militaires.
Explication de l'amendement
Le sujet intéresse beaucoup moins à Ecolo aujourd'hui qu'hier. Pourquoi?
Entre autres, c'est suite à une bonne nouvelle. Même si nous ne nous en rendons pas compte, la résolution des conflits par la violence est de plus en plus rare sur le théâtre européen et, dans une moindre mesure, dans le monde. Que ce soit à l'échelle des millénaires, celle des siècles et même celle des décennies, l'évolution globale est très positive.
Nous utilisons de moins en moins la violence dans le cadre privé. Même si les hommes ont à ce niveau des décennies de retard sur les femmes, tuer son prochain ou même le blesser devient un acte de plus en plus rare. Nous avons en Europe un niveau de violence très inférieur à celui des autres continents.
La violence institutionnelle est aussi de moins en moins répandue. En Europe, la peine de mort est dorénavant bannie partout du Code pénal alors que des Etats démocratiques tels que les Etats-Unis et le Japon l'appliquent encore.
Enfin, la violence interétatique diminue. L'Union européenne est une entité qui a su éviter depuis sa création tout conflit armé entre ses membres alors qu'il y a à peine un siècle, les haines par exemple entre anglais, français et prussiens semblaient absolument inextinguibles.
Ces évolutions positives font partie d'un cadre global. Nous vivons de plus en plus longtemps dans une abondance matérielle croissante dans des sociétés où la connaissance de soi mais aussi des autres grandit constamment. Ceci s'explique notamment par des progrès technologiques gigantesques.
Mais malheureusement, les progressions techniques ne concernent pas que des évolutions favorables. C'est en 1945 qu'il a été pour la première fois possible de tuer en un instant des populations civiles par centaines de milliers avec une seule arme, l'arme nucléaire. Durant les années 50, la puissance nucléaire est devenue telle que quelques personnes pouvaient dorénavant détruire si pas l'espèce humaine en tout cas, la civilisation que nous connaissons actuellement.
Nous ne le percevons pas mais, comme le disait un humoriste un peu cynique, chaque année, le quotient intellectuel nécessaire pour détruire la planète diminue d'au moins 1 %. Dans les décennies qui viennent, les progressions en matière de nanotechnologies, de génie génétique, de compréhension et de maîtrise des mécanismes du vivant et les développements informatiques notamment dans le domaine de l'intelligence artificielle vont faire croître les risques massifs pour les populations civiles et même existentiels pour l'espèce humaine. Les risques liés aux armes nucléaires ont globalement diminué pour ce qui est des risques de destructions globales. Mais ces risques se sont diversifiés et ont augmenté par la multiplication des entités disposant de l'arme nucléaires, par les possibilités de miniaturisation. Et surtout le risque nucléaire n'est potentiellement plus le seul risque existentiel.
Les risques que nous n'apercevons pas encore sont donc, chaque année, plus angoissants. Pour limier les risques d'utilisation, la vie humaine doit devenir aujourd'hui plus qu'hier et demain beaucoup plus qu'aujourd'hui le bien le plus précieux. Il est indispensable de rendre tout usage de la violence vis-à-vis de populations civiles non envisageables.
Le lieu du monde qui peut le plus donner l'exemple à ce sujet est l'Union européenne. Mais une union européenne plus exigeante encore vis-à-vis d'elle-même au point de vue de la non-violence qu'envers les autres. Parce qu'il en va de notre honneur à court terme. Parce qu'il en va de notre intérêt à moyen terme. Et parce qu'il pourrait y aller de notre survie à long terme.
Source de l'image: http://www.flickr.com/photos/mikelehen/3165111964/
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