Les accords gouvernementaux régionaux bruxellois de l'été 2009 sont ambitieux. Ils prévoient, d'ici à 2019, une augmentation radicale du nombre de logements publics par une norme à atteindre dans les 10 années à venir de 15% de logements de qualité à gestion publique et à finalité sociale.
Il semble que le pourcentage actuel de logements publics soit de 10 % mais les chiffres exacts ne sont pas connus. Concrètement, pour que la norme soit atteinte, environ 25.000 logements publics devraient donc être créés en deux législatures ou encore plus de 200 logements par mois.
Il s'agit d'une mesure extrêmement volontariste que des dizaines de milliers de personnes attendent avec impatience dans une ville où il peut faire bon vivre lorsque le logement n'est pas un problème, mais où ledit logement engouffre la majorité du budget des plus démunis.
Sept mois après les élections régionales et cinq mois après la création du nouveau gouvernement, les premiers signes incitent au pessimisme quelle que soit la bonne volonté des uns et des autres.
L'objectif nouveau ne concerne plus seulement la construction ab nihilo de logements, mais aussi la transformation de bureaux et de biens à l'abandon en logements ainsi que la poursuite de constructions déjà entamées. Et les accords concernent des constructions et des transformations sur le court, moyen et long terme, c'est-à-dire, logiquement, à terme long de 10 ans, moyen de quelques années et court de quelques mois.
Or, jusqu'ici, rien de concret n'est annoncé dans ces domaines. Par contre, un projet de la législature précédente a été abandonné et d'autres projets semblent revus à la baisse.
Il est à noter que le malheur des uns diminue le malheur des autres. Si l'objectif gouvernemental était rempli, il faudrait construire, rénover et transformer. Un logement construit coûte en moyenne au moins 300.000 € tout compris (terrain, construction, ...). Une rénovation ou une transformation, parfaitement économe et efficace, pourrait coûter aux alentours de 50.000 € tout compris par habitation. Le strict minimum imaginable en moyenne par habitation réalisée peut donc être estimé à 100.000 € par logement concerné. En ce sens, comme quasiment aucun logement n'est encore créé, les autorités régionales et locales épargnent actuellement au moins 20 millions d'€ par mois.
La présente lettre bimestrielle a pour objectif d'être un modeste aiguillon pour qu'une partie même minime des objectifs soit réalisée.
Etat de la réalisation des 25.000 logements en 3.600 jours (connu au 25 janvier 2010):
- nombre de logements publics nouveaux construits: 58
- nombre de logements publics créés à partir de bureaux transformés: 0
- nombre de logements publics créés à partir de logements et autres immeubles abandonnés: 0
- nombre de logements publics créés par d'autres moyens (acquisitions, locations,...): 0
- (-) Suppressions de logements publics (acquisition par les locataires, destructions,...): 0
- Nombre total de logements publics nouveaux réellement créés: 58
- Temps écoulé : 6 mois depuis les accords politiques (7 mois depuis le début de la législature)
- Temps restant pour achever la mise à disposition des logements : 113 mois
- Nombre total de logements publics qui devraient en principe être créés durant le temps écoulé (sur base de 200 logements par mois): 1.400
- Somme minimale économisée par les autorités régionales ou locales bruxelloises aux dépens des personnes qui occuperaient les logements: 140.000.000 €
Informations complémentaires:
- Un site http://www.planlogement.be avait été réalisé par le Secrétariat d'Etat bruxellois au Logement et à l'Urbanisme de la législature précédente. Seule la page d'accueil du site est encore accessible mais le contenu en a été supprimé il y a trois mois. Aucun site nouveau n'est disponible et aucune explication n'est fournie à la fermeture du site.
- Le texte de l'accord de gouvernement 2009-2014 est accessible à la page
http://www.parlbruparl.irisnet.be/images/imgparl/accords2009/accordsfr.pdf.
- Dans la revue électronique scientifique "Brussels Studies". http://www.brusselsstudies.be/PDF/FR_121_BruS34FR.pdf, l'auteure Alice Romainville déclare: Les objectifs assignés à la politique de l'habitat et la priorité donnée, au niveau politique, à ces objectifs, posent question , et en particulier l'attribution d'une part conséquente de l'étroit budget régional à des politiques de logement moyen, sur la base d'un hypothétique « retour en ville » des classes moyennes et supérieures – alors que dans le secteur du logement social qui fait face à une demande colossale et autrement urgente, on produit laborieusement une trentaine de logements par an.
Si vous communiquez des informations pertinentes, elles seront diffusées dans la prochaine lettre.
Didier Coeurnelle, conseiller communal à Molenbeek-Saint-Jean
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