vendredi 15 août 2008

Donnez, donnez, il en restera toujours quelque chose (au moins pour votre bonheur)

Nous vivons une société d'abondance dans laquelle la souffrance vient notamment de ce que nous absorbons trop.

Cette réflexion est à prendre littéralement parce que, en Europe occidentale et en Amérique du Nord, la première source aisément évitable d'aggravation de notre état de santé est l'excès de nourriture. Le lait et le miel des temps bibliques nous sont accessibles à volonté et quasiment plus personne ne perçoit une orange ou un hamburger comme un produit de luxe. Et souvent notre corps ne s'habitue pas à l'opulence.

Mais ceci est aussi à prendre au sens imagé car notre esprit aussi a parfois des difficultés à s'adapter à la profusion. Il semble bien que la société de consommation ne suffise plus à augmenter notre bonheur voire qu'elle soit parfois néfaste pour le bonheur. En effet, depuis la fin des années 70, bon an, mal an, et malgré toutes les crises, nous disposons de plus en plus de biens de consommation mais le niveau de bonheur mesuré n'augmente plus guère.

Une des raisons en est, probablement, qu'au-delà d'une certaine limite, qui peut être fixée très approximativement aux alentours de 1.500 à 2.000 € par mois et par adulte, la grande majorité de nos besoins et désirs nécessaires au bien être matériel peuvent être satisfaits. Avec cette somme, chaque famille (sauf cas spécifiques par exemple d'accident de santé ou d'endettement) peut s'acheter sa petite voiture, sa petite maison, passer des vacances, manger, se vêtir,...

Bien sûr, encore plus d'argent permet encore plus de dépenses. Cela rend possible l'achat d'une plus grosse voiture, de plus lointaines vacances et une certaine ascension dans l'échelle sociale visible. Mais l'augmentation de bien-être que cela produit est courte. Après quelque temps, le niveau de bonheur "retombe" à un niveau guère plus élevé que celui d'avant la consommation nouvelle.

Et, par ailleurs, l'augmentation rapide du choix des produits consommables disponibles sur le marché et la visibilité de ces choix notamment grâce aux progrès techniques crée des sentiments de frustration croissants. Par exemple, avant l'existence d'internet, vous étiez rarement frustré par un achat d'occasion d'un magnifique objet dont vous rêviez manqué à quelques heures près. En effet, avant, vous ne saviez pas que cet objet existait.

Heureusement, il reste une solution pour augmenter notre bonheur: donner notre argent à une cause que nous estimons utile. Evidemment, tous ceux qui donnent ne nagent - malheureusement - pas dans un bonheur infini car les causes du bien-être psychologique sont multiples. Mais il n'en reste pas moins que, d'après une étude comparative parue dans le célèbre périodique scientifique Science, lorsque des citoyens donnent de l'argent pour un but socialement utile, leur niveau de bien-être augmente plus que lorsqu'ils consacrent la même somme à eux-mêmes. Et surtout, l'augmentation de bonheur est plus durable.

Si vous gagnez plus de 2.000 € par mois, vous savez donc ce qu'il vous reste à faire pour augmenter votre bonheur. Il s'agira d'une véritable opération Win-Win. Et si votre intervention est financière, n'oubliez pas qu'aider augmente surtout le niveau de bien-être de ceux à qui vous donnez s'ils gagnent moins de 1.500 € par mois. Un jour, dans un avenir peut-être pas si lointain, presque tout le monde aura atteint la société d'abondance et la question du bonheur se posera différemment même chez ceux qui sont actuellement les plus pauvres.

D'ici là, donnez, donnez, il vous en restera toujours quelque chose!

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